Renaissance

Partie 15

Ce n'est qu'au bout de cinq cents mètres que je me rappelle de Lola. Elle va vraiment me tuer.

- Attends, il faut qu'on y retourne j'ai oublié de prévenir Lola.

J'essaye de me dégager de son emprise mais sa poigne se fait plus ferme.

- Ash tu m'as entendu ?

Il accélère le pas.

- Oui mais on n'a pas de temps à perdre. Plus vite tu seras chez toi et mieux ce sera. Tu seras en sécurité.

- Non tu ne vas pas recommencer. Je ne comprends plus rien à tes sautes d'humeur. Un moment tu me fais passer pour une folle et l'instant d'après tu me ressors tes histoires à dormir debout.

Il se retourne et me lance un regard assassin.

- Ce ne sont pas des histoires. Tu peux ne pas me croire je m'en fiche mais je veux que tu sois en sécurité. Tu n'as qu'à lui envoyer un sms à ta pote.

- Je pourrai. Si tu me lâchais la main.

Il a soudain l'air de se rendre compte qu'il ne m'a pas lâché depuis que nous sommes partis.

- Euh, ah, désolé.

Si nous n'étions pas dans la pénombre j'aurai juré qu'il eut rougit en ce moment même. Je sors mon portable de mon sac et entreprend d'envoyer un roman à ma meilleure amie pour lui expliquer la situation. Puis je me ravise en me disant qu'elle risquerait de paniquer. Au final j'opte pour un message plutôt soft en la prévenant que je préférais rentrer à cause de mon mal de tête. Mal de tête imaginaire bien évidemment. Je range mon téléphone et entreprend un interrogatoire :

- Bon et si tu me disais un peu ce qu'il se passe.

- Une fois qu'on sera chez toi. Ce n'est pas sûr ici.

Je lève les yeux au ciel. Nous sommes complètement seuls en pleine nuit.

- Ma voiture est juste à côté.

- Tu sais, j'habite à dix minutes à pieds.

- La voiture sera plus rapide.

Son ton ferme mets un terme au débat. Nous arrivons devant une Audi TT noir. La grande classe.

- Tu m'expliques comment tu peux te payer une bagnole pareille à ... quoi, 18 ans ?

- 19. Et j'ai un peu d'argent de côté.

- Un peu ?!

Il me sourit et passe du côté conducteur. Une fois bien installée, je me rends compte que les sièges sentent le neuf. Le tableau de bord est clean, pas une seule trace de poussière, pas de pièces, pas de petits bouts de papiers qui trainent. Il à l'air beaucoup trop à l'aise au volant. Une main sur le volant, l'autre sur la boite de vitesse, sa conduite est douce et souple. En fermant les yeux j'ai l'impression d'être avec mon père qui a plus de 30 ans d'expériences.

J'ai également eu mon permis il y a quelques semaines, mais ce n'est pas pour autant que ma mère m'a offert une voiture. D'accord je l'ai passé en deux fois, mais de là à être un danger public ? Je ne pense pas.

Le reste du trajet se passe dans un silence total. Ash est plongé dans ses pensées, quant à moi j'essaye de lire les siennes. J'ai un mauvais pressentiment et je crains de ne pas aimer ce que je vais entendre ce soir.

Nous arrivons devant chez moi. Ash se gare sans bruit. Le plus dur va être de passer devant la chambre de ma mère sans qu'elle ne se rende compte que j'ai ramené un garçon. Je n'imagine même pas quelle serait ma punition si jamais elle le découvrait.

- Fais le moins de bruit possible si tu tiens à rester en vie.

Le son de la serrure qui s'ouvre résonne dans toute la maison. Génial. Nous enlevons nos chaussures et montons les escaliers sur la pointe des pieds. C'est une fois parvenu devant la porte de la chambre que je me rends compte de ce que je suis en train de faire. Qu'est-ce qu'il m'a pris de le faire venir chez moi ? et s'il essayait de me tuer ? Ceci dit ça ne serait pas très intelligent, ma famille est à côté. Je ferme à clé derrière lui.

- Bon, on y est, maintenant tu m'expliques.

Il pousse un soupir.

- Tu es sûre et certaine que tu veux savoir? Il n'y aura pas de retour arrière.

- Comment ça ? Je n'en peux plus de rester dans l'ignorance, je vais devenir folle.

- Bon ... Finalement tu as le droit de savoir, mais tu dois me promettre de n'en parler à personne.

Je soutiens son regard. Lola n'est pas une « personne » c'est ma moitié. Ça ne compte pas pour elle.

- Même Lola.

C'est pas vrai, il lit dans mes pensées ou quoi ?

- Ok d'accord ...

- Alors je vais commencer par le tout début. Tu vois ton collier ? Je connais la personne à qui il appartenait.

Hein ?! C'est une blague c'est ça ?

- C'est impossible il appartenait à une arrière arrière arrière grand mère ou un truc du genre. Enfin voilà, il doit avoir au moins 200 ans.

- Oui c'est exact.