Partie 7

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Contre ma volonté, ma tête s'incline légèrement vers lui, mes sens sont décuplés alors que ma raison est partie, me laissant seule face à mes pulsions. Je n'ai plus le contrôle de mon corps, seul son visage m'importe en ce moment même. Le couloir s'est ostensiblement réchauffé et l'air est chargé d'électricité. Je crains d'exploser d'une minute à l'autre.

- Ambre, laisse moi te raccompagner.

  D'un coup le charme se rompt. Sans me laisser le temps d'accepter (ou refuser) il prend mon sac et passe devant moi.

Mince alors c'était quoi ça ?

Je me sentais comme envoutée. Mon corps est engourdi, je reprends peu à peu conscience de ce qui nous entoure.

- Attends ! D'où connais-tu mon nom ?

- J'ai entendu ton amie t'appeler.

  Mouais. Je n'y crois pas une seule seconde.

- Mais tu ne sais même pas où j'habite.

  Il lâche de but en blanc.

- Quincieux, 27 rue du 4 septembre.

  Oh. Mon. Dieu.

- C'était toi devant ma fenêtre, hier soir ?

  Il m'ignore, continuant de marcher à un rythme effréné. Il n'est pas très grand et pourtant je suis obligée de trottiner pour rester à la même hauteur.

  Je commence sérieusement à paniquer. Je ne suis pas folle alors, j'étais certaine d'avoir vu quelqu'un.

- Hé oh je t'ai posé une question, je lui dit à bout de souffle. Je ne sais même pas comment tu t'appelles.

- Je m'appelle Asher. Mais tu peux m'appeler Ash

- Rends-moi mon sac je peux rentrer toute seule. Et qu'est ce que tu faisais devant chez moi hier soir ? Ne recommence jamais ou j'appelle les flics.

  Ash s'arrête brusquement. Il me fixe avec un air indéchiffrable. C'est comme si ses yeux fouillaient l'intérieur de mon âme. J'ai l'impression qu'il me juge. Qu'il se demande s'il ferait mieux de me découper sur place ou m'enterrer vivante. Je me sens brusquement mise à nue. Gênée, je baisse les yeux faisant craquer mes doigts. Une vielle habitude qui remonte au début du collège lorsque les oraux ont commencé à devenir une habitude. Je hais me ridiculiser en public.

- Tu as raison, me dit- il en me rendant mon sac. Tiens et attention à toi sur la route.

  Il est froid et distant, ses lèvres ne forment plus qu'une ligne, on dirait qu'il se livre à une bataille intérieure.

- T'inquiètes je connais bien les lieux ça devrait aller, merci.

  Puis il tourne derrière le grand bâtiment universitaire et disparaît dans une ruelle. Je me demande si c'est la mention des flics qui l'a fait changer d'avis. Il a quelque chose à cacher j'en suis sur. Je devrais essayer de le suivre. Ou peut-être pas, après tout c'est moi qui lui ai demandé de me laisser tranquille.

  Oh tant pis je veux savoir ce qu'il trafique.

  Je me mets à courir, j'ai déjà perdu trop de temps il aurait pu aller n'importe où. Je suis le même chemin qu'Ash, tourne dans la ruelle puis... plus rien. C'est un cul de sac ! A moins d'avoir escaladé le mur il n'a pas pu disparaître. Un clochard fouille dans une poubelle, certainement à la recherche d'un restant de diner.

- Excusez-moi, je ne veux pas vous déranger mais auriez-vous vu une personne dans cette rue ?

  Le SDF relève la tête dans un mouvement vif et pousse un grognement animal dans ma direction. Sa barbe n'a pas été rasé depuis plusieurs jours.

- Ce n'est rien je vais partir.

  Je commence par faire quelques pas en arrière puis me retourne à la vitesse de l'éclair avant de piquer un sprint. Je ne m'arrête pas avant d'être sûr qu'il ne m'a pas suivi.

Mince alors et dire que j'étais sûr de coincer Ash. C'est mieux comme ça, il ne peut m'apporter que des ennuis. En plus il est déjà 15 :30.

Merde, j'ai oublié Nathan.

~

- Je vais le dire à maman.

- Tu te tais et je te ferais un gâteau.

- D'accord.

  C'est trop facile de marchander avec un gamin de 9 ans.

- Et je t'ai déjà dit que je n'ai pas fais exprès j'ai pas vu l'heure.

- M'en fiche.

  Je pousse un soupir. Plus jamais j'irai le chercher à l'école.

  Sur le chemin je repense à notre discution avec Ash. Qu'est ce qu'il peut bien cacher ? Je pourrais sans doute l'aider à trouver la personne qu'il recherche.

  Mais qu'est ce qu'il me prend ? Je ne vais pas aider un mec qui s'amuse à m'épier sous mes fenêtres.

  Nous passons devant le bâtiment le plus lugubre jamais vu. C'est un manoir à trois étages, complètement laissé à l'abandon. Les fenêtres sont barrées à l'aide de planches de bois, la porte d'entrée est fendue en deux et enfin, la façade est presque entièrement recouverte de lierre. Le jardin n'a pas été entretenu depuis des années, l'herbe est tellement haute que mon frère pourrait se perdre dedans.

  Le bruit court que cette maison est hantée, je n'y crois pas une seule seconde. Mais tout de même, je préfère ne pas m'attarder devant. Surtout que dernièrement, des personnes (des sans abris ?) y ont élu domicile.

   Mon téléphone se met à vibrer frénétiquement, je sursaute de peur.

Lola : « Alors ??

         « Tu m'inquiètes, réponds qu'est ce qu'il s'est passé ??? »

         « Allé je suis désolée de t'avoir faussé compagnie... »

         « 😥😔🙏🏻❤ »


  Si je ne lui réponds pas elle est capable d'appeler ma mère:


         « T'inquiète tout est ok. Je t'avais dit, il est malade. Je te raconte tout ce soir. »

         « Ok. »

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