Partie 6

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Je détourne la tête en une fraction de seconde. Je ne l'avais pourtant jamais vu avant aujourd'hui.

- Tu le connais ?

- Ce matin en prenant le bus il était là. Il n'a pas arrêté de me fixer pendant tout le trajet c'était super gênant. Il me met mal à l'aise.

- Hum...Peut-être qu'il te trouve simplement jolie ? Pourquoi n'admets-tu pas au moins une fois que toi aussi tu plais aux garçons ? Ils sont toujours en train de se retourner derrière toi ! Si tu faisais attention tu le verrais toi aussi.

- Je crois que c'est plutôt sur toi qu'ils se retournent.

Je me dévisse le cou pour voir s'il s'est trouvé une autre occupation, mais à mon grand désarroi, nos regards se croisent puis il me fait de nouveau son petit sourire.

- Enfin bref j'aimerais bien qu'il arrête de me fixer.

- C'est dommage, il est plutôt canon.

Je la regarde d'un air étonné.

- Tu oublies Paul je crois.

- Mais non pas pour moi banane ! Pour toi. Il faut absolument que tu te trouves quelqu'un sinon tu vas finir vielle fille avec des dizaines de chat.

- Mais non, je trouverai quelqu'un ... Au moment voulu.

- Tu sais, le prince charmant n'existe pas.

- Sans blague.

- Allez, vas lui parler à la fin de l'heure.

Je lui lance un regard à la fois ahuri et furieux.

- Non mais t'es folle !! Je ne le connais même pas. Tu sais très bien que je déteste devoir parler devant une foule, alors aborder un inconnu ? Jamais de la vie.

Je croise les bras sur mon buste et me reconcentre sur la prof.

- T'es nulle, me chuchote Lola.

Je lui réponds en lui tirant la langue.

- C'est toi qu'est nulle!

- Mademoiselle Brizard ainsi que son amie. Avez vous quelque chose d'autre à dire au sujet de l''alphabet Grec ? Tenez, venez nous traduire les quatre premières phrases.

Je lance à ma meilleure amie un petit merci cynique en me levant.


Après une heure et demi de civilisation Grecque, Aztèque, Romaine et je ne sais quoi d'autre encore, nous nous dirigeons enfin vers la sortie, quand une main me touche l'épaule.

- Salut.

Je me tourne et tombe nez à nez avec Lui. Ses yeux rient. Ses yeux...verts? J'aurais pourtant juré qu'ils étaient noirs.

Il est appuyé sur le chambranle de la porte, ses cheveux camouflant presque ses yeux. Il ne porte plus sa veste, cette fois je peux voir ses bras musclés, l'un étendu le long de son corps et l'autre, la main dans la poche arrière de son jean. Sa peau est bronzée comme après un été à la mer. Il porte un t-shirt assorti au reste de sa tenue qui moule parfaitement son torse bien formé.

- Euh salut.

Il fait un pas vers moi, je peux sentir son odeur. Menthe poivrée avec une touche de cèdre.

- Euh je crois que je vais vous laisser.

Lola s'éclipse me laissant seule face à ce fêlé. Merci du soutient, je m'en rappellerai. Et pire encore, le couloir se vide et nous ne tardons pas à nous retrouver réellement tous les deux. Si jamais il m'agresse, j'aurais beau crier, personne ne m'entendra.

Je commence sérieusement à me sentir mal à l'aise, je ne sais pas quoi lui dire.

- Dans le bus, tes yeux n'étaient pas ... Je réfléchis avant de finir ma phrase.

C'est absurde, on ne peut pas changer de couleurs en un claquement de doigts. C'est surement le reflet de la vitre qui a dû altérer leur couleur.

- Oui ?

- Non rien oublie, ce matin j'ai cru que ... Enfin ce n'est pas grave. D'ailleurs c'était la première fois que je te voyais ce matin, tu viens d'arriver ?

- En quelque sorte.

Comment ça en quelque sorte ? C'est pourtant simple comme question...

- Je suis à la recherche de quelqu'un, je ne pense pas rester très longtemps dans le coin.

Je repense à la photo qu'il avait en main ce matin.

- Pourquoi avoir choisi d'aller à la fac pour si peu de temps alors ?

Je ne sais pas d'où me vient cet intérêt soudain pour cet inconnu. Je ne connais même pas son nom et je me surprends à vouloir apprendre à le connaître. C'est vrai qu'il n'est pas si mal. Bon d'accord, il est à tomber.

- L'histoire me passionne. J'adore étudier les évènements passés, on a comme l'impression d'y avoir réellement vécu...

Ses yeux se voilèrent légèrement comme si une vague de souvenirs douloureux le submergeaient.

- Ouais, je vois ce que tu veux dire.

Non en fait, je ne vois pas du tout.

- Bon mon frère m'attend je ferais mieux de rentrer. On se voit peut-être dans un autre cours.

Je lui adresse un sourire timide et commence à lever la main pour lui faire un signe. Puis il m'attrape le poignet d'un geste doux, ce qui n'empêche pas d'accélérer les battements de mon cœur. Son expression change totalement en une moue mi moqueuse, mi séductrice.

- Je t'ai vue ce matin dans le bus. Tu es plutôt mignonne quand tu es effrayée.

Il avance d'un pas, ses pieds collés aux miens.

- Qu'est ce que...

Ma main est appuyée contre son torse, si bien que je peux sentir sa musculature sous mes doigts. Je dois me faire violence contre l'envie de le caresser. Son visage est si près du mien, que je peux sentir son souffle comme un vent léger contre ma joue. Son haleine est fraiche et ses lèvres tendues sont un appel irrésistible.

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