Partie 42

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 C'est une chambre d'ados. Elle est plongée dans le noir mais je peux apercevoir un lit simple ainsi que des jouets et surtout beaucoup de trophées et de médailles. Ca doit être la chambre de Tom.

- Il était champion de natation.

Sa voix me fait sursauter. Mince, prise la main dans le sac.

- Corentin était un super nageur.

Oh non, j'avais oublié qu'il avait perdu son frère.

- Je suis désolée, je pensais que c'était ta chambre. Je ne voulais pas m'immiscer.

- Ca ne fait rien. Bon, je vais te chercher des fringues.

Il entre dans une salle au fond du couloir. J'entends sa voix étouffée par les murs :

- C'est à ma mère, j'espère que ça ne te dérange pas ?

- Non c'est très bien merci.

Je trouve enfin la salle de bain. Même cette pièce est une pure merveille ! On pourrait faire rentrer au moins 15 personnes ! Je me déshabille et saute sous la douche. Miracle, de l'eau chaude et du savon. Je ne me suis pas sentie aussi propre depuis des jours. Je frotte ma peau à plusieurs reprises afin de faire partir la moindre particule de sang.

De petits coups se font entendre contre la porte.

- Tu t'es noyée ? Me demande Tom.

- Non je suis toujours là. Désolée je n'ai aucune notion de temps.

L'heure digital affiche 23 :30. Effectivement, je suis sous l'eau depuis près de trois quart d'heure.

- Prends ton temps. Je suis venue te porter un pyjama.

Je prends soin de tirer les rideaux.

- Vas y entre, ce n'est pas fermé à clefs.

Je l'entends ouvrir la porte et déposer les habits.

- Peux-tu me passer une serviette s'il te plait ?

- Oh, euh, oui tout de suite.

Je m'enroule dedans avant de sortir. Tom est déjà parti. Tant mieux. Me montrer en serviette devant des garçons ne doit pas devenir une habitude.

Tel un gentleman, il m'attend devant la salle de bain, une tasse de chocolat à la main.

- Euh, j'ai pensé que ça pouvait te faire plaisir.

Je lui dépose un baiser sur la joue.

- Tu as très bien fait.

Il se balance d'un pied sur l'autre.

- Si tu veux je te prête ma chambre, j'irai dormir sur le canapé.

- Est-ce que tu peux rester avec moi ce soir ?

Je sais, ce n'est pas bien. Mais je n'ai vraiment pas le cœur à rester seule.

Ses joues s'empourprent.

- Oui oui bien sur. Bah ... Euh... Ma chambre est juste là, installe-toi puis... euh... j'arrive.

Sa chambre est nettement moins décorée que celle de son frère. Ses murs sont couleur taupe, très simple. Très peu d'objets personnels sont exposés. Aucune photo, aucun poster. Seulement quelques livres et des vêtements soigneusement pliés. Ah si, une unique photo est encadrée et posé sur sa table de nuit, à moitié cachée par une lampe. Je la prends délicatement. Tom est beaucoup plus jeune, il doit avoir entre 10 et 12 ans. Le garçon se le tient par les épaules est plus âgé, 19 ans peut-être ? C'est la copie conforme de Tom, mais en brun. Ils ont l'air vraiment heureux sur cette photo.

J'entends les pas de Tom se rapprocher, je repose rapidement le cadre sur la table et me glisse sous les draps. Il éteint la lumière puis me rejoint. Un grand s'engouffre juste avant d'être remplacé par la chaleur de son corps. Je sens qu'il est gêné, il prend bien soin d'éviter tout contact en gardant bien ses bras près de lui.

- Comment est-ce arrivé ? Pour ton frère ?

Il soupire, parler de Corentin doit être un gros effort.

- Si tu ne veux pas en parler ça ne fait rien.

Un long silence s'ensuit. Quelle idiote ! Je n'aurai jamais dû lancer le sujet.

- Nous étions à l'une de ses compétitions. Elle était vraiment importante, il fallait qu'il en sorte vainqueur pour entrer dans la faculté de ses rêves. Trop stressé, il n'a pas pu avaler quoi que ce soit de toute la journée. Nous étions en juillet durant un été assez caniculaire, et nous avons passés une bonne partie de l'après-midi au soleil. Bien évidemment il a gagné sa course.

Sa voix est de plus en plus fébrile.

- Nous étions tous absolument heureux, trop occupé a appeler tout le monde pour annoncer la nouvelle, nous n'avons pas vérifié sa sortie. C'est au bout d'une dizaine de minutes que l'entraineur s'est inquiété. Il se trouve qu'il avait fournit un trop gros effort, il s'est évanouit et à coulé au fond de l'eau.

Cette fois je sens clairement qu'il est sur le point de craquer. Je lui agrippe la main, dans l'espoir que ce pauvre geste apaise un peu sa douleur.

- Une fois remonté à la surface c'était trop tard.

- Je suis désolée.

C'est ce qu'on dit dans ce genre de situation, non ?

- C'était il y a longtemps ! Avec le temps on apprend à vivre avec.

- Ca fait moins mal ?

- Pas vraiment.

Très rassurant. Je ne sais plus quoi dire, alors j'opte pour la première chose qui me vient à l'esprit.

- Merci de m'héberger.

- Ca me fait plaisir.

Sa respiration s'apaise. Chanceux, il a réussi à trouver le sommeil rapidement. J'ai beau essayé de le sortir de mon esprit, Ash semble y être accroché. Ce silence me tue. J'aimerais au moins savoir pourquoi.

J'attrape mon sac près de mon lit puis j'en sors mon téléphone.

Rien qu'une fois. Si personne ne répond, je tourne la page.

Tu crois vraiment à ce que tu dis ?

Je fais taire la petite voix de ma tête (nommé plus communément conscience) puis appuie sur le bouton « appeler ». Mon cœur bat la chamade, un bip. Puis un autre. Au bout du quatrième je raccroche. C'est bon je l'ai fait, maintenant il faut que ça cesse. 

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