Partie 11

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L'heure passant avec une lenteur infinie, La frustration était à son maximum. J'ai cru pleurer de joie lorsque Mme Abrielle nous a souhaité une bonne semaine. Mes affaires déjà rangées, je bondis de ma chaise pour me précipiter vers le fond de la classe.

Il m'attendait.

- Que puis-je faire pour toi, ma belle ?

Son sourire moqueur était de retour.

- Il faut qu'on parle.

Il portait des lunettes de soleil (oui, en plein février!), par conséquent je ne pouvais voir la couleur ses yeux. Apposant ses mains sur son bureau, il avance son visage près du mien et chuchote d'un air conspirateur

- Vas-y, je suis tout à toi.

- Pas ici, en privé.

- Hum dis donc c'est que tu m'intéresse. Tu as envie qu'on fasse plus ample ... connaissance ?

Son attitude est clairement différente de celle de la semaine dernière. J'ai l'impression d'être face à une autre personne et ça commence sérieusement à me taper sur les nerfs. Je serre les poings, mes yeux doivent lancer des éclairs.

- Tu sais bien de quoi je veux parler.

- Pas le moins du monde.

Pourquoi faisait-il comme s'il ne se souvenait de rien ?

- Bien sur que si. L'autre soir, dans ma chambre.

- Oh alors tu rêves de moi ? Je ne pensais pas te faire de l'effet aussi vite.

- Arrête je sais que c'était réel.

- Ça l'était ... non ?

- Et dis-moi, que faisait-on ? J'espère que ça t'as plu.

Mes phalanges sont blanches, peu importe le jeu auquel il joue, ça ne m'amuse pas du tout.

- Alors tu affirmes ne jamais avoir été dans ma chambre la semaine dernière ? Tu ne m'as jamais réveillé au milieu de la nuit pour me prévenir que j'étais en danger, que je devais m'éloigner de toi ? Alors j'aurai tout inventé, c'est ça ?

Il enlève ses lunettes, pas trop tôt. Ses yeux sont de nouveau verts presque fluorescents, inhumains. Il se lève, contourne le bureau et se place derrière moi me forçant à lui faire face.

Il pose alors une main sur le bureau, à coté de ma hanche. De l'autre, il passe un doigt dans l'un des passants de mon jeans, me forçant à me rapprocher de lui. Je me sens prise au piège, mon cœur menace de sortir de ma poitrine et pourtant je suis hypnotisée. Son visage est si proche que nos fronts ne sont qu'à quelques centimètres. Puis ses lèvres s'approchent de mon oreille et il murmure d'une voix rauque;

- Si j'avais eu la chance d'être avec toi dans une chambre, je n'aurai surement pas gaspillé mon temps à te parler.

Des dizaines d'images défilent dans mon esprit. Ma respiration devient saccadée et j'ai de plus en plus de mal à prendre conscience de ce qu'il se passe autour de nous. J'aimerai que son corps soit plus proche du mien. J'aimerai franchir cette barrière de vêtements. Sentir le goût de sa peau, de ses lèvres. Ma bouche est si près de la sienne que si j'effectuais le moindre mouvement de visage, elles s'uniraient.

Est-ce que c'est ce que je souhaitais ? Je ne sais même plus ce que j'étais venu lui dire. Ma raison a, une fois de plus disparu. Tout ce que je veux en cet instant, c'est passer mes mains sous son tee-shirt.

L'une des siennes remonte vers mes cheveux, il prend une mèche et l'enroule autour de ses doigts.

- Maintenant si c'est ce que tu souhaites, je peux venir te rejoindre.

Il éloigne un peu la tête plongeant son regard dans le mien. Le charme enfin brisé et je peux reprendre le contrôle de mon esprit, et de ma libido.

- Vas te faire foutre Ash.

Il éclate d'un grand rire avant de m'attraper le bras.

- Sors avec moi ce soir. Je travail au Dionysos je pourrai t'offrir un verre, qu'en dis tu ?

Le Dionysos est une boite de nuit très fréquentée par la plupart des jeunes de la fac et de mon village. Elle n'a pas mauvaise réputation mais je préfère rester éloigné des endroits trop fréquentés. En revanche Lola y passe presque tous ses week-ends.

- Plutôt mourir que de trainer avec toi.

- C'est toi qui voit mon ange.

- T'es qu'un sale con.

Enragée de m'être laissée dépasser par la situation je me dégage de ses bras et cours vers la sortie. Je rejoins Lola qui m'attendais depuis tout ce temps devant l'enceinte de l'établissement.

- Désolée mais tu avais l'air de vouloir lui parler seule à seule cette fois ci. Tu vas enfin me dire ce qu'il se passe ?

Avant de pouvoir expliquer la chose bizarre qu'il venait de se passer, il fallait que je la comprenne. Alors j'avais tout rêvé. Ça m'avait pourtant paru si... réel.

- Il voulait que je sorte au Dionysos ce soir avec lui. A ce qu'il prétend, il travaille là-bas.

- Et je présume que tu as dis non.

- Yep. Au fait il s'appelle Asher.

On marchait silencieusement et je voyais bien que Lola préparait un plan foireux. Elle a toujours cette façon de froncer les sourcils et de retrousser son nez lorsqu'elle cherche une solution à un problème épineux.

- A quoi penses-tu, Lola?

- Est-ce que ça te dirais d'aller au Dionysos ce soir ?

Elle est cloche ou quoi ?

- Je lui ai répondu non, Lola.

- Non, non mais pas avec lui, avec moi.

Ca y est, je vois où elle veut en venir.

- Tu veux l'espionner ?

- Oui ! Ce n'est pas une super idée ?

Une idée oui, super... je ne crois pas.

- Pourquoi pas.

- Dis à ta mère que tu dors chez moi. Ce qui sera le cas bien sur, mais avant on sort et peut être qu'on en apprendra plus sur lui ! Qui sait, si ça se trouve il deal ou alors il a plusieurs copines à ses pieds.

Je ressens alors une pointe de jalousie. Je ne devrais pourtant pas, c'est un connard. Sexy certes. Mais un connard tout de même.

- Ok ça marche. Mais promet moi qu'on n'y restera pas cent sept ans. Tu sais que j'ai horreur de ce genre d'endroit.

- Promis ! Juste le temps de découvrir ce qu'il est vraiment. Par contre...

- Quoi ?

- On sort en boite Ambre. L'habituel duo jeans/Tee-shirt t'es formellement interdit.

- QUOI ?! Je m'exclame en hurlant.

Je déteste me faire remarquer. En plus à côté de Lola, quoi que je puisse porter j'aurais forcément l'air d'un dindon.

- Mais nous y allons pour espionner un dangereux psychopathe, pas pour trouver quelqu'un avec qui batifoler.

- Ça pourrait te faire du bien et te décoincer un peu.

- Non.

- Allez, juste une petite robe ! Avec mes super escarpins que je te prête... Tu sais, ô combien, ce sacrifice me coute.

Je n'ai visiblement pas le choix. Je pousse un soupir résigné.

- D'accord tu as gagné. J'espère que ça en vaudra au moins la peine.

Elle me tend son petit doigt et le croise avec le mien pour sceler notre accord.

RenaissanceWhere stories live. Discover now