Partie 39

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Adieu. Adieu. Adieu. Adieu. Adieu.

Ce mot défile dans ma tête inlassablement. Il m'a abandonné. J'aimerai pleurer mais je n'en ai pas la force. Après tout ça, il est parti, me laissant seule à moitié morte au milieu d'un cimetière. Ma colère grandit de minute en minute. Comment a-t-il osé ?

Ma première envie est d'éclater le parebrise de sa voiture chérie, seulement j'en ai besoin si je veux rentrer chez moi. Chez moi... à moins de 5h de route d'ici. Ma mère m'a envoyé une vingtaine de messages pour savoir où est-ce que j'étais passé. Lola m'a balancé. Je ne peux pas lui en vouloir après ce qu'il s'est passé.

Je soupire et m'installe derrière le volant. Avant de partir je dois absolument faire quelque chose pour Diane. C'est par notre faute si elle a perdu la vie. Les larmes me submergent encore. Je n'ai plus pleuré en un mois que dans toute ma vie.

J'appelle le SAMU, et de façon anonyme, déclare avoir trouvé un corps. Puis j'embraye et quitte le cimetière avant d'être découverte.

La route est longue, la fatigue pèse, si je ne fais pas une pause je risque de m'endormir sur l'autoroute. Heureusement, Ash à laissé trois billets de cinquante euros dans la boite à gant. Je ne sais pas si c'était à mon intention mais tant pis, je les utilise pour faire le plein et manger dans le même fast food qu'à l'aller. Avant de prendre à manger, je file aux toilettes pour faire un brin de toilette et surtout, enlever le sang de mon visage. A la fin de la commande, la serveuse d'un cinquantaine d'année me demande :

- Vous n'êtes plus en compagnie du charmant jeune homme ?

- Non, il est parti.

Elle secoue la tête.

- Pauvre petite, vous en trouverez d'autres.

Pas comme celui là.

- Certainement, je lui réponds en souriant.

- Ca vous ferez dix euros, vous voulez le dessert maintenant ?

- Oui merci.

Plus vite j'aurai finit et plus je partirai d'ici. Toutefois, je n'ai aucune envie de rentrer chez moi. Ma mère continue de me harceler et Lola essaye de me joindre environ tous les quarts d'heures. Je ne suis pas prête à les affronter, je ne saurai pas quoi leur dire. Jamais elles ne me croiront.

- Voici votre commande Madame, bon appétit.

Je sors, le sac de nourriture à la main et m'installe sur la banquette arrière. Je regarde des miettes tomber sur les sièges immaculés. Bien fait. Puis une idée me vient à l'esprit, cette voiture m'appartient désormais ! C'est une maigre consolation mais c'est mieux que rien.

Quelqu'un frappe à la vitre, je bondis de mon siège en renversant la moitié de mes frites.

- Merde, je grommelle dans ma barbe.

Une vielle femme me sourit. Elle a une allure bizarre avec sa grande veste en laine et son écharpe miteuse. Je la regarde fixement, puis elle me fait signe d'ouvrir la porte. Encore une mendiante qui cherche des restes. Je baisse ma vitre.

- Puis-je vous aider ? Je lui demande.

- C'est plutôt à moi de vous poser la question ma petite, me répond-t-elle d'une voix chevrotante.

En plus elle est timbrée.

- Que voulez vous dire ?

Malgré son allure et sa peau tombante, je la trouve pétillante.

- Vous avez vécu des évènements terribles, je me trompe ?

Sa phrase attire définitivement ma curiosité.

- Non.

Elle passe sa main dans ses cheveux, ou enfin dans le peu qu'il en reste. Une pauvre frange brune lui tombe devant les yeux.

- Je m'appelle Maravita et je suis voyante.

Ben voyons.

- Votre aura a tout particulièrement attiré mon attention jeune fille.

- C'est-à-dire ?

Elle prend une grande inspiration, comme si elle cherchait à capter une essence.

- Vous possédez un grand pouvoir. Le plus dur est loin d'être arrivé.

Mais c'est qu'elle commence à me taper sur le système.

- Je ne comprends rien. Je ne veux pas vous paraître impolie madame, mais je dois y aller.

J'ouvre la portière en la bousculant au passage. Elle s'agrippe à mon bras de ses doigts frêles. Un million de bagues ornent ses mains.

- Lâchez-moi.

Je tente de dégager mon bras mais contrairement aux apparences, elle possède une poigne de fer. Elle s'accroche à moi telle une bouée.

- Ecoute moi, sois vigilante. Méfie toi de ceux que tu penses être tes amis.

Cette fois c'est terminé. Je dégage enfin mon bras et me précipite vers le siège conducteur. Maravita se retourne, les yeux dans le vide et marche jusqu'au coin du fast-food avant de disparaitre. J'enclenche la fermeture intérieure des portes pour plus de sécurité. Etrange comme rencontre. 

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