Renaissance

Partie 17

  - Ambre. Je ne cherche pas à te tuer. J'étais sincère, je veux te protéger. Actuellement je suis entièrement conscient.

Il se rapproche de moi et colle son visage au mien.

- Regarde, mes yeux ont leurs couleur naturelle.

Effectivement ses yeux sont noirs. Comme lors de notre première rencontre.

- C'était qui sur la photo ?

Ash sort une photo pliée de son jeans. C'est moi il y a trois ans. Je ne regarde pas l'objectif mais j'ai l'air d'être heureuse. Je rigole en regardant un locuteur absent de l'image. Mais où a-t-il eu cette photo ?

- Pourquoi est ce que tu veux me protéger ? Tu n'as pas eu de pitié pour les 96 autres. Et pour les 3 autres après moi ? Tu ne peux pas continuer.

Il me scrute de ses yeux sombre. L'une de ses mains caresse ma joue. Sa voix se fait douce et profonde.

- Je n'ai pas le choix, mais toi tu es ... différente.

Puis d'un coup comme s'il se rendait compte de ce qu'il faisait, il se recule et laisse tomber sa main.

- Si jamais il met la main sur toi il sera encore plus puissant qu'il y a 200 ans. Je ne peux pas permettre qu'une telle chose se produise. Il faut que je parte loin.

- Et si on essayait de le combattre plutôt ? Tant qu'il n'a pas recouvré toutes ses forces on a peut-être encore une chance ?

- Je ... Je ne sais pas. Tu ferais peut-être mieux d'aller dormir.

Il ouvre la fenêtre, le froid s'infiltre dans la chambre.

Je me rends compte à ce moment là que je suis terrifiée. J'en connais un rayon sur les démons grâce aux films d'horreur, mais j'ai également pleins de scénarios qui tournent en boucle dans ma tête. J'hésite à lui demander mais me lance quand même :

- Tu ne voudrais pas dormir avec moi ce soir.

J'ai parlé tellement vite qu'une part de moi souhaite qu'il n'ait pas comprit. Mais il s'arrête et hoche la tête.

- D'accord.

Je reste planté devant lui.

- Euh, mets-toi à l'aise je me change et j'arrive.

Je me faufile aussitôt dans la salle de bain. En me regardant dans le miroir je prends conscience des dégâts. Mon crayon a légèrement coulé, mon rouge à lèvre à quasiment disparu et mes cheveux... Mes cheveux ne ressemblent plus à rien. Toutes les boucles sont retombées. Ils font fades et plats. Un relent d'alcool m'assaille. Je comprends pourquoi il n'a pas eu envie de m'embrasser. Mais le pire c'est surement mon haleine.

J'enlève ma robe et me faufile sous la douche. Je sais, c'est complètement débile de se laver alors qu'un semi inconnu possédé par un démon est dans la pièce à côté. Je ne sais même pas pourquoi je le crois. Mais je sens que je peux lui faire confiance. Une confiance aveugle certes.

J'arrête l'eau et m'enroule dans une serviette propre. Ash est en train de se laver les dents devant le miroir. Il regarde mon reflet et je pousse un cri.

- NON MAIS T'ES UN MALADE !!! Je suis nue et toi tu te pointes sans même prévenir !!

- T'inquiètes j'ai déjà vu des filles nues.

Sa remarque me fait monter le rouge aux joues. Evidemment en 200 ans il a dû en avoir des conquêtes.

- Je me fiche de ta vie sexuelle !! Comment se fait-il que je ne t'ai pas entendu entrer ?

- Je sais me faire discret.

Il se retourne. Le miroir est trop petit pour permettre de se voir en entier. Ash me regarde donc d'un air étonné lorsqu'il m'aperçoit vêtue d'une simple petite serviette blanche. Une serviette qui ne couvre même pas la moitié de mes cuisses.

- Jolies jambes.

J'en ai le souffle coupé. Je ne m'attendais pas à une remarque pareille.

- Merci. Où as tu trouvé cette brosse à dent ?

- Dans un tiroir. T'inquiètes elle est neuve. J'ai hésité à prendre la tienne mais j'avais peur que tu n'apprécie pas.

- Et tu as bien raison.

Non en fait il a tort.

- Est ce que tu peux ... aller dans l'autre pièce ?

- Pas besoin de sortir le grand pyjama. Habille-toi comme la dernière fois ça ira très bien.

Quand je repense à notre derrière conversation dans ma chambre je sens mon corps se réchauffer.

- Va-t'en, Je lui dis sèchement.

Il ne manquerait plus qu'il sache que je le trouve séduisant. Ceci dit je suis son conseil et ne met qu'un simple débardeur qui descend sur mes fesses et enfile une culotte neuve.

Lorsque je rentre dans la chambre je le vois allongé sur le lit, torse nu, la couverture poussée sur le côté, un bras négligemment posé derrière sa tête et l'autre sur son ventre. J'éteins la lumière et me glisse sous les draps.

- Quand tu te réveilleras je ne serai plus là. Il faut que je rentre avant le lever du jour en espérant qu'Eurynomos ne découvre rien.

- Mais il t'a vu partir avec moi.

- Il doit penser que j'essaye de te prendre ton collier. Ne le quitte jamais, c'est la seule chose qui l'empêche de te faire du mal pour le moment. Ça et la blessure que tu as à la main. Il ne peut pas prendre des âmes abîmées.

- Qu'est-ce qu'il se passe lorsque tu es... tu vois.

- Possédé ?

- Oui.

Il réfléchit avant de répondre. Il a l'air de souffrir.