Chapitre 41

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« Et si tu es amoureux, alors tu es celui qui a de la chance. » - Youth, Daugher-

Evangeline

Je restai figée sur place quelques secondes, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Que venait-il de se passer ?

Roy m'avait embrassé.

Et qu'est-ce que j'avais fait ?

Je l'avais embrassé en retour.

Et après ?

Il s'était excusé.

Excusé de quoi au juste ?

Bonne question.

Les cris venant des supporters me firent revenir à la réalité. J'étais debout, dans le vestiaire des garçons, pendant un match et Roy venait de m'embrasser. Roy m'avait embrassé. Bordel de merde. Roy m'avait embrassé. Sans vraiment penser à mes actes, je sortis lentement du vestiaire, tel un fantôme. J'étais incapable de classer toutes les pensées traversant mon esprit, oppressant mon cerveau et obstruant ma raison. Roy m'avait embrassé.

« Evangeline ! Le coach te cherche ! »

Je posai les yeux sur le nouvel intervenant et prit quelques secondes à me rendre compte qu'il s'agissait de Damien, tant mon cerveau était débranché. Je me repris alors et décidai d'en finir autant avec ses problèmes amoureux qu'avec ma frustration.

« Toi là ! 'Faut que je te parle !

- Quoi ? »

Je m'avançai vers lui à grandes enjambées, le saisit par la manche de son blouson de l'équipe de basket et le tirai hors du bâtiment.

« Tu te souviens quand tu m'as dit que si j'avais besoin je pouvais te parler ? Ça marche dans les deux sens !

- Je ne vois pas de quoi tu veux que l'on puisse parler. »

Je ris légèrement. J'avais l'impression que toutes mes émotions étaient multipliées par mille depuis que Roy. Bordel de merde. Roy m'avait embrassé.

« Très drôle. »

Une fois dehors, je réfléchis à un endroit où nous pouvions discuter en paix. Je posai les yeux sur le petit local en brique de l'autre côté du parking et il me parut comme l'endroit le plus évident. J'appréhendais de revoir cet endroit presque plus familier que le reste du site, mais je ressentais beaucoup trop de choses, je sentais le sang pulser dans mes veines et devais serrer fermement la veste de Damien pour ne pas trembler.

« Où est-ce que tu m'emmènes ? Eva ! »

Nous traversâmes le parking. Il n'opposait aucune résistance à me suivre et étant donné notre grande différence de gabarit, je supposais qu'il voulait se livrer, même s'il ne l'avouait pas. Peut-être même que par miracle il avait une bonne raison de malmener Claire. Après tout, Damien n'avait pas le profil d'un sociopathe. Une fois à l'abris des oreilles indiscrètes, je lâchai l'adolescent et me mis dos au mur de brique pour ne pas me crisper à la lecture des inscriptions que j'avais laissé dessus. Durant toutes ces semaines passées à broyer du noir, écouter des musiques déprimantes et fumer à cet endroit, j'avais décoré ce mur par de nombreuses phrases toutes plus significatives à mes yeux les unes que les autres. Damien se posta devant moi et poussa un long soupire en enfouissant ses mains dans ses poches.

« A moins que tu sois un parfait imbécile, tu sais sûrement de quoi j'aimerai que l'on parle. »

Il détourna le regard.

L'Équilibre d'EvangelineWhere stories live. Discover now