Chapitre 42

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« Le baiser est la plus sûre des façons de se taire en disant tout. » Maupassant

Evangeline

« Monsieur Jemlins est absent, vous pouvez donc sortir plus tôt. Pensez à faire signer l'autorisation de sortie pour aller à l'aquarium. C'est dans un mois, mais plus tôt vous le rendrez, plus vite vous serez débarrassés ! »

Je n'écoutais pratiquement pas la surveillante, rangeant mes affaires dans mon sac. Je me sentais presque vidée de toute énergie, absente. Je peinais à sortir de mes pensées. Le lundi suivant, Monsieur Jemlins était absent. Il se trouve que notre dernier cours de l'après-midi se déroulait avec lui, nous faisant sortir une heure plus tôt que Tammy, Claire, Damien, Evan et Carter. Il n'y avait donc personne pour nous ramener en voiture, la seule issue était le bus scolaire. De toute la journée, Roy et moi ne nous étions pas parlés et j'évitais toujours de le regarder. La tension entre nous était palpable. Je ne savais jamais quoi dire, ni quoi faire. Je ne savais pas comment l'aborder en présence de d'autres personnes, me refusant au fameux « tu peux venir à l'écart deux secondes ? J'ai besoin de te parler. ».

« Vous rentrez comment ? demanda Sébastien, fou de joie de sortir plus tôt.

- Je vais prendre le bus. »

Roy approuva en hochant mollement la tête. Nous approchions de l'arrêt où le grand véhicule jaune se trouvait déjà. Je montai, d'abord suivie par Roy, puis Sébastien s'arrêta, laissant un groupe d'adolescents d'une quinzaine d'années l'empêcher de nous rejoindre.

« Génial ! Moi je dois parler au coach ! Du coup je vous laisse ! »

Son large sourire et le regard assassin de Roy laissait penser qu'il savait tout pour vendredi soir.

« T'as pas besoin de parler au coach ! Seb ! Reviens ici tout de suite !

- J'ai extrêmement besoin de parler au coach et toi aussi t'as besoin de parler à quelqu'un Roy ! »

Rien d'étonnant à ce qu'il soit au courant, il étaient meilleurs amis. Mais, je saisis cette occasion de confronter Roy à ses propres choix. Aucun de nous deux n'émit le moindre son lorsque nous traversions l'allée bordée de sièges majoritairement occupés par des élèves encore trop jeunes pour conduire ou qui n'avaient aucun ami avec qui faire du covoiturage. L'habitacle était donc bruyant et particulièrement sale. Pendant longtemps j'avais pris le bus scolaire afin de me rendre au lycée et au collège, mais depuis le début de l'année, je m'étais habituée au confort de la banquette arrière d'une voiture.

Lorsque nous arrivâmes à deux sièges libres, je le laissai se placer côté fenêtre, afin d'être sûre qu'il ne fuirait pas. C'était comme si j'étais devenue parano et pourtant je n'étais moi-même pas sûre de vouloir entendre ce qu'il avait à dire. Dès que je fus assise je me tournai vers lui en tentant d'ignorer les milliards de sensations qui me traversaient lorsque je me trouvais à côté de lui et la nervosité à l'approche d'une discussion.

« On doit parler. »

Il garda son regard rivé sur le siège devant lui quelques secondes avant de finalement se tourner vers moi.

« De quoi veux-tu parler ? »

Je haussai les sourcils. Il paraissait embarrassé et ne cessait de regarder ses doigts s'entrelacer.

« C'est vrai que tu n'avais jamais eu de premier baiser ?

- Non et jusqu'à maintenant je n'en ai toujours pas eu ! »

Il fronça les sourcils en se tournant vers moi.

« Je te rassure Roy. Ce n'était pas un premier baiser. Pas quand tu étais juste en colère et que j'étais simplement... Une distraction. »

L'Équilibre d'EvangelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant