Chapitre 45

12.5K 1.3K 292
                                    

« Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs. » -Nelson Mandela.

Evangeline

Le lendemain matin, lorsque la voiture noire des Atkins se gara au bout de l'allée, je souris légèrement. A l'intérieur, Roy et Evan nous saluèrent amicalement. Je m'en voulais un peu de les avoir tous fait veiller la veille, mais ma petite ballade de deux heures jusqu'à Bodega Head Trail, suivie des quelques heures passées à réfléchir, puis à parler avec Roy avait pris plus d'ampleur que je ne m'y attendais.

Je pris place à l'arrière et mon frère à l'avant. Evan démarra, me demanda si tout allait bien, puis débuta une conversation sur je ne sais quel jeu vidéo qui allait bientôt sortir.

Je me tournai vers mini-Atkins qui fixait son sweat que j'avais emporté avec moi. Je lui tendis alors et un sourire se dessina sur son visage.

« Garde-le. »

Je haussai un sourcil, peinant à dissimuler mon amusement.

« Garde-le, insista-t-il. »

Je me penchai vers lui.

« Ce serait cliché et ce serait à l'encontre de mes principes.

- C'est un sweat, pas un blouson de l'équipe de football, fit-il remarquer avec un sourire fier. Donc tu peux le garder, sans pour autant aller à l'encontre de tes principes et trahir tes compatriotes de la lutte contre les clichés. »

Je pesai le pour et le contre pendant quelques secondes avant de laisser mon envie montante de garder son vêtement. Lorsque je le reposai sur mes genoux, le sourire de Roy s'élargit et je verrouillai mon regard sur lui. Je ne parvenais pas à mettre un mot sur les sentiments que j'éprouvais pour lui. C'était spécial de nous voir nous prendre la main et nous rapprocher, mais si nous ne nous étions jamais embrassés, ça aurait simplement fait partie d'un jeu de séduction enfantin. Mais les baisers changeaient tout, la manière de percevoir les choses, d'éprouver les émotions, dans un sens ils officialisaient notre relation. Et ça m'effrayait. Mais dans le bon sens.

Un jour, l'un de mes professeurs avait expliqué qu'il existait le bon et le mauvais stress. Le bon stress te booste, te dynamise, te force à avancer. Le mauvais stress te paralyse, te bloque et vide ton esprit de telle manière que l'on est incapable de parler, de bouger, de réagir.

Roy était pour moi comme un bon stress, une bonne frayeur, de celles qui vous réveille et vous force à courir. Roy m'était bénéfique, là où personne d'autre ne l'était.

Aussi, lorsqu'il me fit signe de me pencher vers lui d'un signe de la main, alors que nous approchions du lycée, je ne réfléchis pas trois secondes pour m'exécuter. Je frissonnai lorsque ses doigts, gelés ce matin-là, frôlèrent la peau de mon cou afin de se frayer un chemin jusqu'à ma nuque, puis lorsque ses lèvres se posèrent doucement sur les miennes. J'avais parfaitement conscience que nos frères se trouvaient à à peine un mètre de nous, mais je voulais me décharger le plus rapidement possible des problèmes encombrant mon esprit. La question de nos frères y occupait une grande place et nous venions de la résoudre de moitié.

Il n'y eut pas de langue cette fois, les brusquer ainsi aurait été presque sadique.

Lorsque la voiture s'arrêta, nous nous éloignâmes l'un de l'autre d'un commun accord, nous regardâmes quelques secondes puis posâmes toute notre attention sur nos frères. On aurait dit que Carter venait de voir un ovni et qu'Evan qu'il découvrait le sujet d'un contrôle de mathématiques qu'il n'avait pas révisé.

« Bon, bah... Moi j'ai cours hein ! dis-je en prenant mes affaires avant de sortir de la voiture. »

Roy m'imita rapidement et lorsque nous nous retrouvâmes à marcher côte à côte vers nos casiers, il explosa de rire. Je souriais simplement en repensant à leur tête, tout en sachant que je n'échapperai pas à un face à face avec mon frère ainé d'ici peu de temps.

L'Équilibre d'EvangelineWhere stories live. Discover now