Scènes Coupées ▬ Tome ✯✯ ©

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Plus rien ne va.

Depuis une heure, rien de ce que peuvent dire ou faire Chris et Lily, n'arrive à me rassurer. Mon cœur s'emballe, mon estomac fait des montagnes russes et ma tête est sur le point d'exploser. C'est la première fois que j'ai le mal des transports et ça fait soixante minutes que je me retiens de demander une pause. Je n'ai pas dormi de la nuit, ça n'arrange rien à mon état. Quant au petit-déjeuner, je me suis forcée à avaler la moitié de mon bol de céréales, en sachant pertinemment que je serais de toute façon malade avec ou sans ça. Mes mains moites exercent une danse peu assurée, mes doigts glissent parfois nerveusement sur ma peau me laissant une légère marque rougeâtre durant quelques secondes. Ne parlons pas de mes ongles qui commencent peu à peu à perdre leur longueur.

Ne parlons pas de tout ça. Néanmoins, si je devais le faire, il serait bon de préciser la cause de tout ça : ma belle-famille.

J'avoue, dit comme ça, ça paraît très horrible de ma part. Ma belle-famille me rend malade ? Alors que je ne l'ai même pas encore rencontrée ?

Disons que c'est plutôt moi, ma peur, mon stress, mon angoisse et tout un tas de choses qui me rendent malade. Je m'apprête à rencontrer mes beaux-parents, leurs enfants, leurs petits-enfants. J'ai une mauvaise expérience des familles, hormis celle de Lily. La mienne est totalement froide et hautaine, celle de mon ex était totalement cinglée. Mon état semble être un peu compréhensible, du moins je l'espère.

Rencontrer la famille de son fiancé est une étape importante dans un couple. Oui, je ne me marie pas avec chacun d'entre eux, officiellement du moins. Officieusement, c'est le cas. Je n'ai pas envie que les repas de Noël (et de Thanksgiving aussi maintenant), se déroulent mal. J'ai envie qu'il m'apprécie... et j'ai envie de les apprécier aussi. Chris a beau me rassurer, me décrire sa famille comme des personnes supers, l'angoisse est quand même là et ne disparaîtra pas avant d'avoir passé une heure avec eux.

Sa famille vit à une heure et demie de Los Angeles, il me reste donc un peu moins de trente minutes pour trouver un remède miracle afin de me détendre. Mission impossible.

Heureusement que Lily est là. Sans elle, je serais très certainement à deux doigts de faire une crise d'angoisse. Et puis, au moins, elle attirera une partie de l'attention qui aurait dû, normalement, se concentrait exclusivement sur moi. Je me voyais mal vivre cette nouvelle aventure sans elle, sans la personne qui partage ma vie depuis plus de dix ans. Je sais qu'elle trouvera les mots et les gestes adéquats pour m'aider à traverser cette « épreuve » avec le moins de peine possible, si du moins c'est faisable. Pauvre Lily qui a déjà dû surmonter bon nombre de défis à cause (ou grâce ?) à notre amitié. Ce n'est pas comme si ça l'a dérangé évidemment, elle qui déteste tout particulièrement la routine, on peut dire qu'elle est servie depuis plus d'un an !

— East !

J'entends Lily râler et ça me tire de mes pensées. Ma meilleure amie adore les animaux, sauf quand ceux-ci empiètent sur son territoire, s'étirent pour trouver la meilleure position et s'endorment de telle façon à ce que leur bave finisse sur elle. Je jette un œil dans le miroir et aperçois sa mine dégoûtée alors qu'elle retire du mieux qu'elle peut la salive de son compagnon canin à l'aide d'un mouchoir. Elle repousse ensuite le molosse pour la dixième fois, cette fois-ci avec moins de délicatesse. Elle croise ensuite les bras sur sa poitrine après avoir dégagé une mèche de cheveux sur son épaule. Ses grands yeux verts se posent sur le paysage, composé depuis quelques minutes de grands arbres et... c'est pratiquement tout.