Chapitre 1

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Eve prend une profonde inspiration, faisant totale abstraction des cinquante mètres de vide qui la séparent du sol. Elle aime cette sensation de vide, comme si elle était libre. Du sommet de cet immeuble, elle peut voir presque entièrement Paris intramuros et la tour Eiffel scintille au loin.

Ses cheveux, d'un roux éclatant, ondule dans le vent frais de la fin de la nuit qui souffle. De sa peau pâle, constellée de tâche de rousseurs, ressortent deux grands yeux verts et brillant. Après quelques instants à respirer l'air frais, elle entame la désescalade de l'immeuble avec attention. La moindre erreur peut être fatale, elle le sait. Son corps habitué à la prestation est fin et élancé, bien qu'Eve ne soit pas très grande. Enfin, elle dépose le pied sur le sol et rentre chez elle en courant.

Elle entre dans le petit appartement en silence, de peur de réveiller son père. S'il est au courant pour ses sorties nocturnes, il ne lui en a jamais parlé. Elle ne pense pas que cela le dérangerait, du moment qu'elle ne tombe pas. Souvent, Eve se dit qu'elle a de la chance d'avoir un père comme lui. A pas de velours, elle entre dans sa chambre et s'étale sur son lit, ne prenant même pas la peine de se déshabiller. De toute manière, il ne lui reste que deux heures avant que son réveil ne sonne.

Le réveil sonne, émettant son affreuse alarme qu'Eve a entendu tellement de fois qu'elle ne peut plus la supporter. En grognant, elle l'éteint et va avaler un bref petit déjeuner. La pièce à vivre est encore sombre, son père se lève plus tard. Après avoir mangé un bol de céréales, elle fait un tour à la salle de bain pour faire sa toilette. Elle dit bonjour à son père, qui s'étire dans le salon, attrape son sac et part.

A l'arrêt de bus, elle rejoint Amina, sa meilleure amie. D'origine algérienne, Amina est plus grande que la plupart des filles de sa classe. Elle a de longs cheveux, noirs et raides, qui lui descendent jusqu'en bas du dos et sa peau couleur caramel paraît sans aucune imperfection. Eve s'était toujours demandé comment son amie faisait pour être aussi belle, même si Amina lui assurait sans cesse qu'elle aussi était magnifique avec sa chevelure rousse et frisée. Si seulement ça n'était pas une horreur à coiffer.

Elles arrivèrent au lycée dix minutes avant le début des cours. Félix était déjà arrivé et les attendaient devant le portail. C'était l'un des rares amis garçons d'Eve. Non pas qu'elle en avait peur ou quoi que ce soit d'autre mais dès qu'un garçon et une fille se rapprochaient, des rumeurs se répandaient comme quoi ils sortaient ensemble et Eve n'aimait pas être sujette aux rumeurs. Pour Félix, les choses étaient différentes puisqu'ils se connaissaient depuis le jardin d'enfants. Le garçon avait des cheveux châtains clairs et des yeux bleus pâles assez époustouflants. S'il était plus grand qu'Eve, il faisait encore quelques centimètres de moins qu'Amina et cette dernière s'amusait de le lui rappeler, juste pour voir le garçon fulminer, même s'ils savaient tous que la jeune fille complexait sur sa taille.

Comme d'habitude, alors qu'Amina et Félix se disputaient, Eve finit vite fait ses devoirs, qu'elle n'avait pas eu envie d'achever la veille. Elle le faisait souvent et ses amis s'étaient habitué à voir la jeune fille faire en à peine quelques minutes des exercices qu'ils avaient passés des heures à faire. Alors qu'elle les achevait, la sonnerie retentit et le professeur arriva. La jeune fille rangea les quelques feuilles qui traînaient sur sa table.

A midi, en se rendant à la cantine, les trois amis furent abordés par trois fille de leur classe : Odile, Lila et Kate qui les détestaient. En début d'année, Odile, une brune qu'Eve trouvait odieuse, avait eu un faible pour Félix mais ce dernier avait eu le malheur de la rejeter, moins de deux semaines auparavant, et depuis, elle et ses deux copines s'acharnaient sur le trio. Eve se disait souvent qu'heureusement, le lycée faisait au moins grandir un minimum les mentalités et que, par rapport au collège, si les filles restaient de vraies vipères quand elles en avaient contre quelqu'un, ça restait moins violent.

InsaisissableDove le storie prendono vita. Scoprilo ora