Insaisissable

Chapitre 4

Félix soupira en tombant une fois de plus sur le répondeur. Depuis l'attentat, Eve ne répondait plus. Il savait que l'incident avait dû profondément la choquer, plus que tous qu'il pouvait imaginer et il pouvait s'empêcher d'être inquiet. Même si elle regorgeait de vie, et qu'il n'aurait jamais pensé ça d'elle, il commençait maintenant à l'imaginer écrasée au bas d'une tour. Il avait peur que sa solitude ne la tue. Il avait déjà appelé la jeune fille des cinquantaines de fois depuis la veille et lui avait envoyé plus encore de messages. Il avait appelé Amina presque autant de fois mais elle non plus n'avait aucune nouvelle.

Il était passé chez Eve ce matin mais son oncle, mort d'inquiétude, lui avait dit qu'il ne l'avait pas revu depuis les alentours d'une heure du matin, heure où la jeune fille avait quitté la maison avec son ordinateur. D'une certaine manière, le garçon avait été rassuré mais cela ne l'empêchait pas de continuer à s'inquiéter. Il se doutait que la jeune fille n'était pas en état de sortir. Mais il la savait assez intelligente pour ne pas faire de bêtise. Le doute le tiraillait. Que faire ?

Il mit son manteau et quitta sa maison, son téléphone dans la poche, guettant de quelconques nouvelles. Il prit le métro. Il s'arrêta devant le bâtiment d'un blanc passé, hésitant à entrer. Signaler sa disparition pourrait la mettre dans une colère noire. Cela pourrait même les séparer pour toujours. Il prit une profonde inspiration. Un bruit de verre brisé attira son attention, il se jeta dans la ruelle d'où il provenait tandis qu'un coup de feu retentissait. Une silhouette dotée d'une épaisse chevelure rousse surgit de la fenêtre et le sang de Félix se glaça dans ses veines. Il regarda avec effroi la jeune fille qu'il connaissait si bien chuter dans le vide tandis qu'une deuxième balle ricochait contre le mur face à la fenêtre. Au dernier moment, les doigts d'Eve se cramponnèrent au rebord de la fenêtre, stoppant net sa descente. Elle se balança, attrapa la gouttière, et en quelques mouvements, elle était en bas. Elle ramassa le sac qui avait traversé la fenêtre, sans remarquer son ami. C'est quand elle se releva que leurs regards se croisa et Félix sut qu'elle n'était plus la même personne. La bouche de la jeune fille s'ouvrit mais avant qu'elle ne parle, elle jeta un coup d'œil à la fenêtre brisée. Félix distinguait la silhouette d'un homme, sans pouvoir distinguer son visage. Eve lui avait attrapé le poignet et l'entraînait maintenant dans une course éperdue.

Au bout d'une bonne demi-heure, Eve s'arrêta dans un parc. Les questions lui emplissaient sa tête, une plus que les autres : que faisait Félix ici ?

Elle se tourna se tourna vers le garçon. Elle ne voulait qu'il la voie. Elle avait changé, elle n'était plus la même personne et elle ne voulait pas que ses amis la voient comme ça. Elle se tourna vers le garçon, la terreur et l'incompréhension se lisait sur son visage. Elle ne voulait pas l'impliquer. Elle prit les devant de la discussion d'une voix froide :

‒ Que fais-tu ici ?

‒ ... Je m'inquiétais pour toi. J'étais venu signaler ta disparition à la police.... Mais Eve, dans quoi tu t'es fourrée ?

La jeune fille ne répondit pas. Elle-même était dépassée par la situation.

‒ Eve ?

‒ Pars. Je ne peux rien te dire pour l'instant.

Le garçon attrapa la jeune fille par les épaules et planta son regard dans le sien. Elle chercha à se dégager, sans succès, et finit par détourner la tête, évitant le regard du garçon.

‒ Eve, tu te fais tirer dessus, et tu me demande de te laisser sans m'inquiéter pour toi ?

‒ Et alors ?

‒ C'est impossible ! Je reste avec toi, que tu le veuilles ou non.

‒ Non !! Je ne veux pas ! Je ne veux pas que tu t'impliques, c'est dangereux...