Chapitre 3

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Pour la première fois, elle ressenti du soulagement à retourner sur le plancher des vaches. Elle courut jusqu'à chez elle, puisqu'à cette heure, le métro était fermé. Jamais elle ne courut aussi vite de sa vie. Elle se força à entrer dans l'appartement silencieusement. Tout était allumé, son oncle, dans le canapé, dormait d'un sommeil agité. A peine fit-elle un bruit que ses yeux s'ouvrirent. Eve se mordit la lèvre, se préparant à une nouvelle prise de tête. Son oncle fronça les sourcils et la regarda, puis se rappelant de son départ précipité, il se leva et se posta face à la jeune fille.

‒ Eve, où étais-tu ? Je t'ai demandé de ne pas revenir trop tard, tu as vu l'heure ?

‒ ...

‒ Répond ! Je sais que ta journée a été difficile et j'en suis désolé, mais je m'inquiète vraiment pour toi ! Que faisais-tu dehors à cette heure ?

Eve fronça les sourcils mais ne répondit toujours pas, elle se rendit dans sa chambre, son oncle la suivant de près.

‒ Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda-t-il en la voyant mettre son ordi et son porte-monnaie dans son sac, puis attraper un manteau, une écharpe et un bonnet.

Elle lui jeta un regard qui le cloua sur place.

‒ Je vais dans un endroit calme pour réfléchir. Cette maison est pleine des hurlements d'un fantôme.

Son oncle comprit, à cet instant, que quelque chose en elle s'était brisé. Elle semblait avoir formé une barrière de glace autour de son esprit. Il ne pouvait pas la bloquer ici. Il ferma les yeux, pour ne pas la voir quitter l'appartement. Il avait déjà perdu son frère et à présent, c'était sa nièce qui lui filait entre les doigts, si vite qu'il n'arrivait pas à en prendre totalement conscience.

Eve savait que ce n'était pas la faute de son oncle, mais elle n'avait pas envie de le voir, cela lui rappelait encore plus que son père ne reviendrait jamais, et ça lui faisait mal. Son sac sur le dos, elle avait marché jusqu'à un parc, loin de ce qui avait été chez elle. Assise sur un banc, elle commença par rallumer son téléphone. 70 messages. Ses amis s'inquiétaient. Après avoir parcouru les messages de ses deux amis, elle alla sur internet et regarda ce que l'on pouvait trouver sur l'attentat. Il faisait la une de tous les journaux nationaux et de certains internationaux. A son soulagement, on ne mentionnait pas beaucoup Eve.

Elle regarda sa montre, il était cinq heures du matin passé et Paris commençait à s'animer. La boulangerie, en face du parc, ouvrait ses portes. Eve alla s'acheter un croissant et le grignota. Elle attendit l'ouverture des premiers cafés pour faire ce qu'elle voulait faire.

Assise à une table excentrée, dos au mur pour qu'on ne puisse pas voir trop ce qu'elle faisait sur son ordinateur et pour pouvoir voir les clients qui entraient et sortaient, elle avait commandé un café noir. Elle vérifia l'antivirus de son ordi avant de brancher le portable gris de l'homme à son PC. Elle avait déjà vérifié, il y avait bien un code pour déverrouiller. Elle prit une gorgée de café et, ignorant la nuit blanche qu'elle venait de passer, elle se concentra, faisant le vide dans son esprit. Elle chassa les images qui, bien qu'elles ne fussent que de la veille, paraissaient lointaines à Eve dont l'inconscient semblait faire tout son possible pour effacer l'attentat de sa mémoire.

Les dossiers s'ouvrirent et elle resta quelques secondes en suspens, les doigts au-dessus de son clavier. Tout le monde savait qu'elle était bonne en science. Le seul point que ses professeurs de maths et de physique pouvaient lui reprocher, c'était sa rédaction. Tout était logique et clairs dans sa tête, mais une fois sur le papier, les mots s'emmêlaient et faisaient des phrases sans sens. Par contre, les nombres et les lettres des programmes prenaient tout leur sens aux yeux de la jeune fille. Avec eux, elle n'avait plus à s'embarrasser de cette fichue rédaction, elle devait juste taper chacune de ses équations selon les codes.

InsaisissableDonde viven las historias. Descúbrelo ahora