Chapitre 22

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Le vendredi matin, Félix et Amina arrivèrent au lycée tous les deux ensembles. Amina était restée dormir chez Rebecca et Félix était rentré chez lui, après qu'ils aient trouvé une idée. L'idée en question ne plaisait pas trop à Félix mais il savait qu'ils n'avaient pas le choix.

Au lieu d'entrer dans le lycée, comme ils en avaient l'habitude, les deux amis étaient restés devant la grille. Alors qu'ils attendaient, Félix commença à parler :

─ Tu sais... Je suis désolé pour hier, j'ai pas été cool avec toi.

Amina sourit tristement.

─ Je t'en veux pas, tu es inquiet pour Eve, c'est normal.

─ Même. Toi aussi, t'es ma meilleure amie, au même titre qu'Eve. Je m'en veux d'avoir réagi comme ça...

─ Oui mais tu connais Eve depuis plus longtemps que moi. Elle est comme une sœur pour toi et c'est bien normal.

─ Moi je trouve pas ça normal. Enfin bref... En tout cas... Euh... Si tu as besoin de parler, de quoi que ce soit, je suis là, d'accord ?

Amina se contenta d'hocher la tête. Les gens commençaient à arriver. Mais ils durent attendre encore une bonne dizaine de minutes avant que les mèches brunes de celle qu'ils attendaient arrivent. Félix alla à la rencontre d'Odile alors qu'Amina restait près de la barrière. Sans introduction, puisque, de toute façon, il était bien trop stressé et à fleur de peau pour parler avec tact, il demanda à la jeune fille :

─ Est-ce qu'on peut parler ? C'est à propos d'Eve...

Odile regarda sa montre, hésita, mais la curiosité étant trop forte, elle accepta sans trop se faire prier la demande de son camarade. C'est ainsi qu'Amina, Félix et Odile se retrouvèrent assis dans un café, les deux premiers, côte à côte, la dernière en face. Félix se tordait les doigts dans tous les sens, nerveux à l'idée de ce qu'ils allaient dire à Odile. Il se souvenait aussi de la dernière fois qu'il était allé dans ce café, avec Eve et Amina, à ce moment, il était loin de se douter que leurs vies basculeraient ainsi. Amina n'en menait pas plus large. C'est Odile qui prit la parole en première, légèrement agacée :

─ Bon, qu'est-ce que vous me voulez ? Je n'ai aucune nouvelle d'elle, si c'est ce que vous voulez savoir. La police fait chou blanc.

Félix secoua la tête.

─ Eve est en danger...

Odile se pencha sur la table avec attention.

─ Comment tu le sais ?

Félix gardait obstinément les yeux rivés sur la table devant eux, sur laquelle reposaient trois café qu'aucuns d'eux n'avaient touchés. Il expliqua :

─ J'avais prêté mon téléphone à Eve, pour qu'elle reste joignable au cas où, la dernière fois que je l'ai vu quand elle s'est échappée du commissariat. Mais ils ont appris qu'elle l'avait et du coup, ils vont pouvoir mettre la main sur elle...

─ Quoi ???!

Félix et Amina ployèrent piteusement sous le ton qu'avait employé Odile.

─ Mais vous êtes des imbéciles, si vous aviez dit ça à la police, à l'heure qu'il est, elle ne courrait pas un tel danger.

Amina secoue doucement la tête.

─ Elle nous avait fait promettre de ne pas en parler...

Félix ajouta sombrement.

─ Et un terroriste a infiltré, les rangs de la police. On ne peut pas leur en parler...

Cette fois, les deux filles s'exclamèrent en chœur :

─ Quoi ???!

Il leur raconta ce que Eve lui avait dit et ce que lui-même avait vécu.

─ ... On est coincés...

Odile se leva de la table, résolue.

─ Il faut qu'on aille parler à mon père. Tout de suite.

Elle but son café d'une traite et alla payer pour eux trois pendant que les deux autres l'imitaient.

Ils prirent tous les trois le métro en direction du commissariat. Félix remarqua que les cours avaient commencés depuis presque quarante minutes. Ils auraient dû être au lycée mais il n'y avait pas une minute à perdre, la vie d'Eve allait se jouer sur ce qu'ils allaient faire.

En entrant au commissariat, Odile prit les choses en main. Elle alla voir la secrétaire, à l'accueil et demanda à voir son père. Son ton était sans appel et elle n'eut aucun mal à convaincre la dame. Félix et Amina la suivait sans prononcer un mot. Elle les conduisit jusqu'au bureau.

Mark Cassel fut surpris de voir arriver les trois adolescents. Il voulut réprimander sa fille de se trouver ici plutôt qu'au lycée mais avant même qu'il puisse ouvrir la bouche, la jeune fille lui dit :

─ Papa, Eve est en danger, on a besoin de toi.

Mark Cassel comprit tout de suite que la situation était grave. Il les fit tout de même s'asseoir sur les sièges en face de lui et leur fit signe de lui expliquer tout. Félix prit une grande inspiration et raconta au commissaire ce qu'il avait déjà expliqué à sa fille plus tôt.

A la fin du récit, l'homme pesta dans sa barbe, cette histoire était invraisemblable, pourtant, tout paraissait concorder. Il soupira.

─ Le policier qui as interrogé Eve travaille au commissariat depuis plusieurs années. C'est la première fois qu'il est dans mon équipe... Je l'ai toujours trouvé antipathique mais je ne peux pas me lancer dans de telles accusations sans preuve, se serait très compliqué, par contre je peux l'éloigner momentanément de l'enquête...

─ Donc vous croyez à notre histoire ? s'assura Félix avec soulagement.

Mark Cassel sourit avec douceur.

─ Vous n'avez aucun intérêt à inventer une histoire aussi invraisemblable. Elle ne vous attirerait que des ennuis. Je vais faire le nécessaire pour retrouver votre jeune amie. Quand à vous, je vous conseille de retourner immédiatement en cours.

Les adolescents hochèrent la tête et quittèrent le poste de police. Félix était soulagé qu'ils ne portent plus seuls toute cette histoire. Amina lui fit un petit sourire, et elle envoya un message à Rebecca pour la prévenir que tout c'était bien passé. Il ne pouvait rien faire de plus, il ne restait plus qu'à espérer que la police arrive à temps.

Dès le départ des lycéens, Mark Cassel envoya chercher le policier véreux. Mark Cassel prit une profonde inspiration, si ses supérieurs savaient ce qu'il s'apprêtait à faire, le commissaire serait sévèrement réprimandé. Pourtant il allait le faire, car son instinct lui soufflait qu'il devait écouter les jeunes et il avait toujours eu confiance en son instinct. On frappa a sa porte et le policier entra.

─ Vous vouliez me voir commissaire ?

─ Oui, j'ai une mission très importante pour toi.

Le regard du policier s'alluma de curiosité. Mais il garda un ton calme et neutre.

─ Je vous écoute.

─ Nous avons retrouvé la trace d'Eve Volier, dans le Sud de Paris, je veux que vous alliez là-bas pour enquêter. Vous irez avec M. Spencer.

─ Oui, commissaire.

─ Très bien, si vous n'avez pas de questions, vous pouvez y aller.

Aussitôt après, il appela les services téléphoniques. Il devait retrouver Eve le plus rapidement possible.

InsaisissableWhere stories live. Discover now