Chapitre 21

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Eve laissait la route la bercer, la tête posée contre la fenêtre. Le paysage lui rappelait des souvenirs vagues et lointains, d'une époque où elle avait été heureuse. Avant que les malheurs ne s'abattent sur elle. Devant elle, Ariane conduisait sa petite voiture rouge en discutant avec Liam. Mais Eve ne faisait pas le moins du monde attention à ce qu'ils pouvaient bien se dire imaginant mille et un scénarios de ses retrouvailles avec sa grand-mère. Elle repensa à l'appel qu'elle avait échangé avec sa grand-mère, quand elle avait voulu lui demander son hospitalité. Il avait été court, et sa grand-mère n'avait presque pas parlé. Mais elle avait accepté.

Les cahots éveillèrent la jeune fille. Elle avait fini par s'endormir, depuis qu'ils étaient à l'hôpital, elle avait l'impression de n'avoir fait que ça. Elle espérait que, maintenant qu'ils avaient quitté l'hôpital, elle pourrait être un peu plus active. En ouvrant les yeux, elle remarqua que la voiture s'était engagée sur un chemin de terre qui conduisait à la vieille maison. La maison de sa grand-mère.

Face à sa fenêtre, Mathilde Cairon regardait la petite voiture rouge avancer sur le chemin de terre. Du haut de ses soixante-treize ans et de son mètre soixante-dix-huit, elle se tenait encore bien droite et fière, les mains dans le dos. Ses quinze ans de carrière dans l'armée y étaient sans doute pour quelque chose. Mathilde était un fier petit bout de femme. Elle avait élevé seule sa fille, la mère d'Eve, et avait toujours tenu à son indépendance. Elle sorti au moment où la voiture s'arrêta. Elle avait longtemps attendu le jour où sa petite-fille reviendrait vers elle et, si elle était désolée des conditions dans lesquelles cela se faisait, elle était heureuse de la revoir enfin.

Lorsque Eve sorti de la voiture, son regard se posa sur Mathilde. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Liam, qui la soutenait, toujours inquiet pour sa santé, ne put que constater l'impact que la grand-mère avait sur sa petite-fille. Les mains posées sur sa bouche, Eve murmura :

‒ Mamie...

Mathilde lui sourit, et les souvenirs défilèrent dans la tête de la jeune fille. Comme quand elle était enfant, elle courut jusqu'à sa grand-mère qui la recueilli dans ses bras. Toutes deux avaient les joues mouillées de larmes.

‒ Tout va bien, ma chérie, je suis là...

Eve sourit. Elle n'avait jamais pris conscience d'à quel point sa grand-mère lui avait manqué. Les larmes coulaient le long de leurs joues, ne pouvant plus s'arrêter. Ariane et Liam, les regardaient, à la fois surpris et émus par ces retrouvailles.

Une trentaine de minutes plus tard, Ariane, Liam et Eve étaient plantés dans les fauteuils du salon de Mathilde, une tasse de café à la main pour la première, et chocolat chaud pour les deux autres. Mathilde couvait du regard sa petite-fille et attendait patiemment que l'un d'entre eux se décide de parler. C'est finalement Liam qui ouvrit la discussion. Racontant à la grand-mère leur histoire, laissant Eve intervenir quand cette dernière avait un détail à ajouter.

Félix était sur le bord de la crise. Amina pleurait quand il l'avait eue au téléphone. Que pouvait bien lui vouloir cette fille, cette Rebecca ? Il était arrivé à l'adresse qu'elle lui avait donné mais il ne savait pas à quoi s'attendre. Il sonna. Il entendit des bruits de pas, de l'autre côté de la porte puis une clé dans la serrure et une grande fille, d'une vingtaine d'année apparu dans l'encadrure de la porte. Elle le dévisagea de haut en bas sans même se cacher.

‒ C'est toi Félix ?

Le garçon hocha la tête. Rebecca sourit et le laissa entrer. Amina était dos à lui, assise sur la canapé. Rebecca annonça son arrivée à la cantonade et le cœur du garçon se serra quand son amie tourna vers lui son visage ravagé de larmes. Il s'installa à côté d'elle.

InsaisissableWhere stories live. Discover now