Insaisissable

Chapitre 2O

Son casque vissé sur ses oreilles, Rebecca sursauta quand elle découvrit cette fille assise au fond d'une ruelle, à moitié déshabillée. Elle s'approcha doucement et s'accroupit devant elle avec un vague sourire.

‒ Ça va ?

La fille sursauta en entendant le son de sa voix. Elle releva la tête. Elle était jolie, mais à l'heure actuelle, la tristesse et la peur ravageaient son visage. Des larmes inondèrent une fois de plus ses yeux et Rebecca se sentit bête d'avoir posé cette question.

‒ Tu as un portable ? Tu veux appeler tes parents ? Une amie ?

La fille secoua la tête. Rebecca soupira. Les choses n'allaient pas être faciles.

‒ Bon, j'allais à mon appart', c'est pas loin, tu veux venir avec moi ?

L'hésitation passa dans ses yeux, le temps d'une minute avant qu'elle hoche piteusement la tête. Rebecca sourit et aida la jeune fille à se lever, après lui avoir prêté sa veste, elle conduisit la jeune fille avec elle, main dans la main.

L'appartement de Rebecca n'était pas bien grand. C'était un deux pièces qu'elle avait arrangé à sa sauce. Quelques paires de chaussures s'entassaient à côté de la porte, principalement des baskets. Un canapé noir faisait face à une télé. Sur le même meuble que la télé, il y avait aussi une enceinte radio et un petit ordi portable. La cuisine était moderne et séparée du reste de la pièce par un bar devant lequel reposait de haut tabouret. L'autre pièce servait de chambre. Elle abritait un lit, un bureau et une commode. L'appartement était dans les tons corail et blanc pour la salle à vivre et bleu canard et gris clair pour la chambre. C'était les couleurs préférées de Rebecca.

Rebecca fit asseoir la fille sur le canapé, puis elle lui servit un verre d'eau. Elle lui tendit ensuite des habits à elle. Pour la première depuis qu'elles s'étaient rencontrées, la fille lui lança un bref sourire. Rebecca attendit patiemment qu'elle ait finit de se changer. Une fois que tout fut bon, elle s'assit avec elle dans le canapé.

‒ Merci...

Rebecca sourit.

‒ Pas de souci. On devrait toujours s'entraider. Au fait, je m'appelle Rebecca.

Elle lui tendit la main. La fille hésita un peu avant de la prendre dans la sienne.

‒ Amina... Enchantée...

Rebecca sourit de plus belle.

Amina la regardait avec attention. Rebecca était grande elle aussi, plus encore qu'elle. Mais contrairement à elle, son corps était plus musculeux et elle avait plus de forme. De longues dreads auburn encadraient son visage, retenues par un élastique épais. Ses yeux caramels brillait de malice et débordaient de gentillesse. Elle semblait décontractée et du genre à se foutre de tout, mais il se dégageait aussi une force de son être. En sa présence, étrangement, Amina se sentait rassurée.

‒ Tu... Te sens de m'expliquer ta situation ?

Amina la regarda, hésitante.

‒ Je... Je me suis faite... faite... par... des... un...

‒ Tu as besoin d'appeler tes parents ?

Amina secoua la tête, elle ne voulait pas parler à ses parents, que pourrait-elle bien leur dire de toute façon ?

‒ Une copine, alors ? Ton petit-ami ?

Amina hésita. Félix attendait sans aucun doute un signe de vie de sa part. Mais elle ne savait pas quoi dire. Elle avait peur. Que voulaient ces hommes à Eve ? Et pourquoi s'en être pris à elle ? Elle s'en voulait aussi tellement pour le numéro.

C'est à ce moment que son téléphone sonna. Rebecca sourit.

‒ Décroches, cette personne doit s'inquiéter.

Amina hocha la tête et s'exécuta.

‒ Allo... ?

« Amina !! Ça va ? J'étais inquiet de ne pas t'avoir vu en cours se matin... »

‒ Félix...

Les larmes lui montaient aux yeux de plus belle.

« Amina !! Qu'est-ce qui se passe ? Tu es chez toi ? J'arrive tout de suite ! »

‒ Non... Je... Je...

Rebecca soupira et récupéra le téléphone à Amina.

‒ Salut, je m'appelle Rebecca. Actuellement Amina est chez moi, elle a eu... un petit problème.

« Merde... Je quitte le lycée. Où habitez-vous ? »

Rebecca lui donna l'adresse et puis elle raccrocha avant de tendre son téléphone à Amina.

‒ Voilà, ton copain devrait arriver bientôt.

Amina hocha la tête. Elle s'était remise à pleurer depuis sa discussion téléphonique. Rebecca soupira, démunie face à la situation. Elles ne pouvaient qu'attendre Félix.