Insaisissable

Chapitre 15

Mark Cassel déambulait comme un fauve en cage, au rez-de-chaussée de la maison. Il savait que, plutôt, la jeune fille avait dû se trouver dans cette maison.

Il avait été appelé une vingtaine de minutes, grand maximum, plus tôt par un témoin qui assurait avoir vu la jeune fugitive désescalader la façade. Malgré sa lassitude, le commissaire était tout de même allé à l'adresse donnée par le témoin. Ils n'avaient pas mis longtemps pour réquisitionner la maison. Et ce qu'ils avaient trouvés les avaient laissés perplexe.

Ce n'était pas une blague. La jeune fille avait véritablement été dans cette maison. Trois terroristes avaient été arrêtés. Si pour le moment, ils n'étaient pas sûr qu'ils le soient, ce serait bientôt prouvé. Mais ce n'était pas tout. Au sous-sol, les policiers avaient retrouvé des traces de sang, qui ne laissaient rien présager de bon. Et, dans le grenier, tout portait à croire que la jeune fille avait été séquestrée.

Ce n'était pas la seule chose que le commissaire avait appris. Le témoin qui avait appelé lui avait certifié que la fugitive avait quitté le grenier avec un garçon et qu'une femme les avait pris avec elle. Mais il ne savait ni où ils étaient allés, ni qui était les deux autres. Il avait juste ajouté que le garçon portait Eve sur son dos.

Ce dernier détail ne rassurait pas Mark Cassel. Rien ne certifiait qu'elle était en sécurité.

Félix était inquiet pour Eve, même s'il savait que ce n'était pas ce qu'elle voulait. Il savait qu'elle voulait qu'il reprenne sa vie normale, mais c'était impossible étant donné les circonstances. Il lorgnait le téléphone posé sur l'étagère du salon depuis plusieurs heures déjà. Il l'avait déjà appelé deux jours auparavant, et il avait peur de se montrer trop insistant... Mais la peur de la perdre était tellement forte. Il décrocha le combiné et composa le numéro. La sonnerie retentissant dans ses oreilles il priait pour qu'elle décroche. Il était de plus en plus anxieux, à mesure le temps s'allongeait. Un petit crissement se fit entendre, soulagement total pour le garçon.

« Allô ? »

Félix se stoppa aussitôt, c'était une voix masculine de l'autre côté du fil. D'une voix blanche, il répondit.

‒ Allô... Bonjour, je crois que j'ai fait un faux numéro...

Et il raccrocha avant de recommencer, attentif cette fois aux numéros qu'il composait.

« Allô ! »

Toujours la même voix, un peu exaspérée, le cœur de Félix loupa un battement. Pourquoi est-ce qu'elle ne répondait pas ? Qui était cet homme ?

‒ Euh... Je... Me suis peut-être pas trompé de numéro finalement...

Il entendit soupirer.

« Vous êtes son meilleur ami ? »

Les larmes montaient aux yeux de Félix. Quelque chose n'allait pas, il y avait un problème.

‒ Oui...

« Je suis Liam. J'ai un peu aidé Eve... »

Félix ne répondit pas, il attendait la suite de l'histoire.

« Je suis désolé... Nous avons été attrapés par les terroriste et elle... »

‒ Elle est morte....?

Les larmes dégringolèrent sur les joues de Félix. Liam s'anima :

« Non, non !! Mais... Elle a été salement amochée... Elle a plusieurs côtes cassées et une commotion cérébrale... assez grave... »

‒ Elle risque de mourir ?

« Non, mais elle aura des séquelles... »

Félix poussa un profond soupir de soulagement. Il essuya rapidement les larmes qui mouillaient ses joues.

‒ Est-ce que vous pouvez me la passer ?

« Euh... C'est-à-dire que... Elle ne s'est pas encore réveillée depuis son arrivée à la clinique... »

Le cœur de Félix se serra.

‒ Vous êtes à quelle clinique ?

« La clinique Hermond »

Il donna l'adresse à Félix qui après l'avoir remercié, raccrocha et se jeta sur son manteau. Il devait aller la voir.

‒ Maman, je sors !!

Sans attendre la réponse de sa mère, il sortit. Il marchait de bon pas dans la rue, se rapprochant de la bouche de métro la plus proche. Mais, alors qu'il s'y engouffrait, il se souvint d'un détail, qu'il avait enseveli sous montagne de ses tracas et qui ressurgit, tel un diablotin surgissait d'une boîte. Il s'arrêta net. Les paroles de la taupe, au commissariat lui revenaient en mémoire.