Chapitre 14

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Eve tourna la tête vers la voix. Elle détailla la femme du regard. Elle était assez grande et plutôt jeune. Un chignon négligé retenait ses cheveux châtains et ondulés et ses yeux bleus étaient cachés derrière de fines lunettes ovales. Après quelques secondes, les souvenirs affluèrent dans l'esprit de la jeune fille.

‒ Vous êtes... La psy ?

‒ Ariane Hermond, en effet. Je peux savoir ce que tu fais là ?

Eve cligna des yeux, ignorant tant bien que mal la douleur qui l'enflammait depuis sa descente. Que répondre à cette question ?

‒ Je me sauve.

Ariane fronça les sourcils et Liam atterrit lourdement sur les fesses à côté d'Eve. Sans prendre garde à la psy qui se tenait devant eux, il se tourna vers l'adolescente :

‒ Eve ! Il faut filer d'ici avant qu'ils s'alarment !! Tu peux marcher ?

La jeune fille se releva chancelante. Chacun de ses mouvements lui tiraient une grimace.

‒ Ne bouge pas si ça te fait mal ! La gronda-t-il gentiment.

Il hissa la jeune fille sur son dos. Ils savaient que la police ne tarderait pas à arriver. Ils allaient partir quand une main se posa sur l'épaule du garçon qui se retourna, sur la défensive.

‒ Qui êtes-vous ?

‒ Ariane Hermond, soupira la psy pour la seconde fois, je peux savoir ce que tu lui fais ?

Liam était plus grand que la jeune femme mais il en fallait plus pour l'impressionner.

‒ Eve, tu le connais ?

L'intéressée haussa comateusement les épaules, sa conscience submergée par la douleur. Ariane intervint, consciente de l'état de la jeune fille.

‒ Je ne sais pas ce que vous lui avez fait mais elle va mal. Elle doit aller à l'hôpital.

‒ Je ne suis pas responsable de son état, madame. Mais qu'est-ce qui me dit que vous n'allez pas appeler la police ?

‒ ... Ma voiture est juste à côté. C'est à prendre ou à laisser.

Elle espérait comprendre un peu plus de la situation dans laquelle s'était fourrée l'adolescente, et comptait sur ce jeune homme pour qu'il puisse le lui expliquer. Il semblait en pleine réflexion, jaugeant l'offre et elle avec un regard suspicieux, avant de soupirer.

‒ Bon, d'accord mais je vous préviens, si vous faites le moindre trucs suspect...

‒ Lequel de nous deux a l'air le plus suspect ? Le coupa la psy, en se dirigeant rapidement vers sa voiture, deux rues plus loin.

C'était une toute petite voiture grise, Liam allongea la blessée à l'arrière et s'installa aux côtés de la conductrice qui démarra un peu vite.

Au bout d'un instant, elle se tourna vers le garçon qui lançait régulièrement des coups d'œil inquiets vers l'arrière du véhicule, où Eve était évanouie. Comme il l'avait dit, il n'avait pas l'air de lui vouloir du mal, mais la jeune femme savait d'expérience que les « méchants » ne se voyaient que très peu au premier regard.

‒ Donc, tu peux m'expliquer ce que tu sais ?

Il lui fit un rapide résumé, n'allant qu'à l'essentiel. Ariane l'écouta jusqu'au bout en serrant les dents.

‒ Merci, d'avoir pris soin d'elle. On va direct à l'hôpital, en espérant qu'elle n'ait rien de grave. Mais je pense que tu devrais prévenir la police, ils ne sont pas tous mauvais, c'est certain.

‒ Je ne veux pas la laisser seule.

Ariane sourit.

‒ Je comprends. Tu aurais besoin de quelques points de suture, toi aussi, soit dit en passant.

Liam haussa les épaules, effleurant son front. Puis jeta encore un regard à l'arrière.

‒ Liam... Prend garde aux sentiments que tu éprouves pour elle. Eve... N'as pas besoin de pitié. De la part de personne.

Liam haussa les épaules.

‒ C'est un sentiment humain, et celui qu'on le plus à même de ressentir face à un cas comme le sien, mais je ne suis pas sûre que ce soit ce qu'elle voudrait lire dans les yeux des gens. Pas même de la compassion. Tu comprends, pas vrai ?

Il soupira et hocha la tête.

‒ Ma sœur tient une clinique, je ne t'ai pas demandé mais si on va là-bas, c'est bon, n'est-ce pas ?

Il sourit, ne pouvant pas rêver mieux pour Eve.

‒ Restez dans la voiture, le temps que je gère tout avec ma sœur...

Liam hocha la tête de nouveau. Ariane fit un créneau parfait devant la clinique, et quitta la voiture, les laissant seuls. Liam soupira, il prenait petit à petit conscience de ce qu'ils avaient fait : ils s'étaient évadés de chez les terroristes.

InsaisissableWhere stories live. Discover now