Chapitre 7

15 0 0
                                    

Eve se contorsionnait dans le tuyau. Elle avait trop chaud. Ses épaules raclaient contre les parois. Et son cœur se serrait. Si le vide l'apaisait, l'étroitesse des murs qui l'entouraient la rendait trop nerveuse. Elle expira un long moment, visualisant sa peur qui s'échappait par son souffle avant de continuer.

Elle repense à ce qu'elle a fait, sans savoir vraiment son idée était bonne. D'un côté, ils concentreront sans doute les recherche dans la gare de métro, mais ils ont quand même sa position à un point donné. La police pourrait très bien fouiller toute la gare sans la retrouver. En revanche, grâce aux caméras de surveillance, ils pourraient peut-être avancer dans les recherches.

Le conduit d'aération se séparait en deux et Eve décida de prendre à gauche. A force, elle avait perdu la notion du temps. Ses coudes lui faisaient mal. Elle en avait assez. Un train passa, sous elle. Un peu plus loin, elle trouva une trappe. Elle l'ouvrit, avec difficulté, et se laissa glisser dans jusqu'au sol, le plus lentement possible. Les lieux étaient sombres. Elle sursauta en entendant un train passer, loin dans le réseau. Si elle était sur une voie et qu'un train passait, elle était morte. Ça ne ressemblait pourtant pas aux tunnels étroits du métro. C'était plus grand. Eve mit un moment à comprendre qu'il s'agissait d'un quai. Une gare désaffectée.

Eve soupira de soulagement. Ici, elle était tranquille pour un moment à condition que personne ne la voit. Les murs étaient couverts par endroit de tags de quelques « courageux » qui s'y étaient aventuré. Mais le sol, couvert de poussière, témoignait que personne n'était passé depuis un moment déjà. Elle s'enfonça dans la gare désaffectée à la recherche d'un endroit plus calme, plus éloigné de la ligne.

Le téléphone de la jeune fille vibra. Amina appelait. Eve hésita à décrocher. Peut-être qu'elle pensait appeler Félix, mais elle se doutait qu'il avait dû lui dire qu'elle avait le portable. Elle décrocha.

‒ Allô...

« Eve... Enfin... »

Eve eut un pincement au cœur, Amina semblait au bord des larmes.

« Je peux savoir où tu es ??!! Tout le monde se fait un sang d'encre pour toi et la police te cherche partout »

‒ ... Je sais... Ne t'inquiète pas...

« Que je ne m'inquiète pas ?? Comment veux-tu que je ne m'inquiète pas ? Tu Es introuvable !! »

‒ Je vais bien... J'ai juste besoin d'être seule, mais je reviendrai... Quand je pourrais.

« Et quand est-ce que tu pourras ? Je n'en peux plus... Tu sais qu'on t'aimeras toujours peu importe ce que tu es devenue... Même si tu deviens pire qu'Odile... »

‒ Je ne crois pas. J'ai juste quelques trucs à régler, s'il-te-plaît, Amina... Donne-moi deux semaines.

« Deux semaines... Je vais devenir folle... »

‒ Dans deux semaines, jour pour jour, tu pourras dire tout ce que tu veux à la police pour qu'ils me retrouvent. Attends, jusque-là, je t'en supplie.

« ... Je fais ça uniquement par ce que tu es ma meilleure amie. »

‒ Merci Amina... Tu ne peux pas savoir à quel point je t'en suis reconnaissante.

Eve poussa un profond soupir quand Amina eut raccroché. Elle s'installa le plus confortablement possible puis grignota une partie du paquet de gâteau que le père de Will et Marine avait mis dans son sac. Puis elle entreprit de se reposer et c'est ainsi qu'elle sombra dans un demi-sommeil agité.

Un bruit sortit Eve de son sommeil. Depuis que le métro s'était arrêté, elle avait dormi un peu plus sereinement. Elle s'accroupit, le plus discrètement possible, ses muscles la tenaillait. Une lampe fut braquée sur elle. Tendue et sur la défensive, Eve s'élança sur la personne, priant pour qu'il ne s'agisse pas de la police.

InsaisissableWhere stories live. Discover now