Chapitre 2

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Les policier et le SAMU arrivèrent dans la salle. La jeune fille fut emmenée par eux, loin de la scène. On ne cessait de lui poser des questions mais elle ne répondait pas. Elle était trop secouée par ce qu'il venait de se passer. Dans la camionnette, un médecin l'ausculta pour conclure qu'elle n'avait pas de dégâts. Pas de dégâts physiques, avait-il précisé.

Eve était maintenant assise dans un siège confortable. De l'autre côté du bureau, face à elle, la psychologue la regardait, les doigts croisés sous son menton. Dans un coin, un policier se rongeait l'ongle de l'index gauche. Il ne savait pas ce qu'il faisait ici. Eve ne savait même pas comment elle était arrivée là. Les évènements de la journée lui étaient flous et les seules images qui lui sautaient aux yeux lui faisait mal. Elle avait mal au cœur. Elle aurait bien rongé ses ongles, comme le policier, mais elle l'avait déjà tellement fait que la peau autour de ces derniers était à vif, voire ensanglantée par endroit. Alors elle triturait ses cheveux et les coiffaient en une multitude de petites nattes. Une mèche en bas... Une mèche en haut... Une mèche en bas... Une mèche en haut... Il fallait qu'elle occupe ses mains. Il fallait qu'elle occupe son esprit. Et même si elle regardait la psychologue, cette dernière savait qu'elle n'était pas vraiment là.

Cela faisait déjà une bonne demi-heure que la femme attendait qu'Eve lui dise quelque chose. Elle savait ce qu'elle venait de vivre. L'événement était maintenant diffusé sur toutes les chaînes d'informations. Et beaucoup de journalistes voudraient sans doute voir l'unique survivante de cette tragédie. Mais elle ne tiendrait pas le choc. Après une brève hésitation, elle commença à parler de sa voix douce :

‒ Eve... Est-ce que tu peux me parler de quelque chose ?

La jeune fille posa son regard sur son interlocutrice. Il était tellement désespéré que la femme en eu des frissons.

‒ De quoi... murmura-t-elle d'une voix presque inaudible, brisée par le chagrin.

‒ Tu peux me parler de tout, de ce que tu veux. De l'école, de tes amis, de... ce que tu aimes faire ou de... ta famille...

Eve sursauta à l'entente du dernier mot. Pendant une fraction de seconde, la psy redouta qu'elle ne se referme comme une huître, mais elle se contenta de se mordre la lèvre. Les yeux fixant un point lointain, Eve se balança de gauche à droite, comme un balancier. On aurait dit qu'elle tentait de se rassurer.

‒ Vous voulez que je vous parle de ça... Je suis désolée... Je ne me souviens pas... Juste le sang, dans la salle blanche... Et puis papa... Et la tâche, sur mon sac... La tâche rouge...

Eve ferma les yeux et se balança plus fort, les bras croisés serrés contre elle. Sa douleur semblait insupportable. La psy la regarda d'un air compatissant et lui sourit avant de se lever vers le policier. Elle lui glissa quelque mots et l'entretien prit fin.

Sur le palier du bureau, la psy tendit sa carte de visite à Eve.

‒ Si tu as besoin de revenir me voir, ma porte sera toujours ouverte. Fit-elle avec un sourire qu'elle espérait rassurant.

Eve attrapa la carte de visite et hocha la tête. Son oncle l'attendait dans la salle d'attente. Eve n'aimait pas particulièrement son oncle, le frère de son père, mais c'était plus parce qu'ils se voyaient rarement que pour une autre raison. Elle ne le connaissait pas, il était un étranger. Elle tentait désespérément de chasser les images qui lui trottaient dans la tête. Son oncle la ramena en voiture jusqu'à l'appartement qu'elle partageait avec son père. Mais, elle resta sur le seuil de l'appartement, sans pouvoir se résoudre à entrer. Son oncle la poussa, gentiment, mais cela lui faisait mal. Elle devait juste s'enfuir. Elle se força à rentrer, mais la sensation de mal-être lui tordait les entrailles, lui donnant envie de vomir. Elle prit ses chaussons d'escalade et allait repasser la porte d'entrée dans le sens inverse, incapable de rester plus longtemps, quand son oncle l'arrêta.

InsaisissableOn viuen les histories. Descobreix ara