Chapitre 6

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Le commissaire Mark Cassel était le chef de l'équipe en charge d'Eve Volier. C'était un homme imposant aux tempe grisonnantes. Avec près de vingt ans de carrière derrière lui, c'était la première fois qu'il voyait une affaire de ce genre. La jeune fille spectatrice d'un terrible attentat cause du décès de son père avait agressé le policier qui l'avait interrogé avant de s'enfuir par la fenêtre, depuis le deuxième étage. Le policier en question jurait l'avoir vu sauter au travers de la fenêtre. Miraculeusement, elle s'en était sortie indemne.

L'histoire ne tenait pas vraiment debout mais cela n'empêchait pas que la jeune fille avait tout bonnement disparue. L'affaire s'était répandue comme une traînée de poudre, faisant passer la jeune fille pour une folle dangereuse, même si le commissaire en doutait. Il était en train de relire une énième fois le dossier de la jeune fille. Elle n'avait pas été gâtée par la vie. Néanmoins, sa scolarité, de fin de collège et de lycée, au moins, était brillante, tout particulièrement dans les matières scientifiques. Elle pourrait probablement avoir un avenir brillant.

Ils avaient remonté sa trace, grâce à sa carte de métro, mais à partir d'une gare, plus aucune nouvelle d'elle depuis maintenant plusieurs heures. Des policiers avaient pourtant fouillé la zone, sans le moindre résultat à la clé. Mark Cassel se posait, pour ainsi dire, beaucoup de questions. Comment avait-elle pu disparaître ? Pour aller où ? Et surtout, pourquoi avait-elle eu cette attitude auprès du policier ?

Il jeta un regard à ce dernier, qui avait été intégré à l'équipe. Il était le dernier à l'avoir vu et donc leur principale piste pour retrouver la jeune fille. Mark Cassel avait déjà questionné l'homme sur tout ce qu'il avait pu voir, dans l'espoir de découvrir un détail mais ce dernier se bornait à une description peu complète de l'incident. Il été persuadé que cette Eve était une folle dangereuse.

On toqua à sa porte et il répondit d'une voix posée.

‒ Commissaire, Félix Marioud est là.

‒ Faites-le entrer.

Mark Cassel dévisagea le garçon. C'était un garçon banal, plutôt beau, mais restaient le plus frappant ses yeux bleus limpides. Mais ce n'était pas le premier témoin que le commissaire avait rencontré de sa carrière, ni le plus inquiétant et il était relativement confiant sur sa capacité à le faire parler, même si l'expérience lui dictait de ne pas trop crier victoire trop vite.

‒ M. Marioud, vous connaissez Eve Volier depuis... La crèche, C'est ça ?

Il hocha la tête.

‒ Donc vous devez bien la connaître. Savez-vous où elle a pu aller ?

‒ Je ne sais pas.

‒ Vous n'en avez vraiment aucune idée ?

‒ Non.

Mark Cassel présenta au garçon les deux téléphones et l'ordinateur dont Eve s'était séparé.

‒ Nous avons retrouvé ces appareils dans une poubelle, dans un parc. Est-ce que vous les reconnaissez ?

‒ Ça, c'est son ordinateur, et ça, c'est son portable... Par contre lui, je ne l'ai jamais vu.

Félix avait hésité, le commissaire s'il l'avait remarqué, ne dit mot. Cependant, il se promit de réfléchir plus en détail à tout cela plus tard.

‒ Visiblement, il était en sa possession et elle ne voulait pas que l'on retrouve sa trace.

Le garçon haussa les épaules.

‒ Mais sinon que penses-tu de tout ça ? Tu crois qu'elle est une folle dangereuse ?

‒J'ai confiance en elle. Ce n'est pas elle qui est décrite par les médias.

‒ Les familles des terroristes disent pareil quand elles découvrent leurs agissements.

‒ Elle n'est pas une terroriste, elle est une victime.

‒ Comprenez bien, M. Marioud, que les accusations que vous insinuez sont grave, nous ne pouvons pas prendre ce que vous dites à la légère.

‒ Je le sais et Eve le sait aussi.

Mark Cassel soupira.

‒ N'essayez pas de la cacher, vous la protégeriez beaucoup mieux si vous nous disiez tout ce que vous savez.

‒ Je vous ai déjà tout dit. Vous n'êtes pas le seul à vouloir son bien. S'il n'en tenait qu'à moi, je l'enfermerais jusqu'à chez moi jusqu'à ce que tout se calme, mais je sais à quoi m'en tenir.

‒ Merci pour vos informations, M. Marioud. Je pense que nous nous reverrons bientôt.

Dès que Félix fut sorti, Mark Cassel laissa aller dans son fauteuil, délaissant la posture droite qu'il avait eu pendant tout l'entretien. Il avait sous-estimé le garçon. Mais il devait dire que la piste que le garçon avait soulevée n'était pas inintéressante, quoique improbable. Il se leva de son fauteuil et se fit couler un café, même si ceux du commissariat étaient plutôt fades et manquaient de goût. Debout face à la fenêtre, il observait Félix, qui sortait du commissariat. C'était un garçon intelligent, mais visiblement, il n'était pas prêt à assumer qu'Eve était devenu folle et qu'elle n'était plus celle qu'il avait connu. Triste destin. Pourtant cela n'émouvait pas plus que ça Mark Cassel qui avait appris à dénuer de sentiment les affaires dans lesquelles il se plongeait.

Puis il se pencha sur la liste qu'il avait mentalement établi. A présent, il allait falloir interroger Amina Abdou. Un policier déboula dans le bureau.

‒ M. Cassel, nous avons retrouvé la trace d'Eve Volier, grâce à sa carte de métro.

InsaisissableWhere stories live. Discover now