Chapitre 5 partie 2

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Please allow me to introduce myself



Le tour de Bridgeville étant vite fait et celui du motel encore plus, lorsqu'ils eurent fini de rédiger le compte-rendu de leurs observations préliminaires, les deux collègues se décidèrent à suivre la recommandation de Louis. Après tout, s'ils étaient là pour un moment, songea Kay, il était temps de rencontrer quelques personnes supplémentaires. De préférence des gens d'abord un peu plus faciles – des gens comme Chief, plutôt. Ça lui rappela que le Little Birdie était le bar de ce dernier et qu'ils avaient des chances de le croiser là-bas, ce qui avait quelque chose de rassurant.


Ils n'avaient que du temps devant eux et s'y rendirent donc à pied, passant devant les commerces qui fermaient leur devanture ou se préparaient à le faire. D'ici une heure, estima la jeune femme, tout le monde serait ou bien chez soi devant un dîner, ou bien au Little Birdie. Rien à voir avec une ville comme Miami, qui semblait aussi vivante la nuit que le jour.

Il y avait déjà une poignée de pick-ups sur le parking du bar-restaurant. Lorsqu'ils entrèrent, l'ambiance était plutôt calme. Quelques tables étaient prises par des groupes de deux à trois personnes qui discutaient encore tranquillement. C'était Sherese qui tenait le bar, pas son mari, mais elle les salua aussitôt de derrière le comptoir en leur décochant un sourire immense :


— Bonsoir ! Je suis contente de vous revoir ici. Qu'est-ce que je peux vous servir ?

— Vous faites du gin tonic ? demanda Kay après l'avoir saluée à son tour.

— Bien sûr. Et pour vous, Gary ?

— Une bière, ça m'ira bien.

— Bud Lite, Coots Lite ? Désolée, je n'ai pas beaucoup de choix, il faut dire que personne n'en veut d'autre dans le coin.

— Une Bud Lite, merci. Kay, vous pouvez vous installer si vous voulez, j'amènerai votre verre.

— Merci.


La jeune femme balaya rapidement la salle du regard. Les banquettes près des fenêtres avaient l'air confortable, mais elle aimait mieux les tabourets de comptoir ou les chaises lorsqu'elle allait dans un bar. Une poignée de tables étaient déjà occupées ; deux par des petits groupes d'hommes qui semblaient être des ouvriers de chantiers ou des chasseurs ; une au fond de la salle par un type seul attablé avec une bouteille de whisky, et une en plein milieu par une femme et deux hommes dont un que Kay ne tarda pas à reconnaître comme le shérif. En même temps, ce dernier croisait son regard et il l'identifia également ; il lui fit aussitôt signe.


— Eh, c'est les deux ingénieurs ! lança-t-il de sa voix forte. Vous avez été voir le bayou ? Venez, joignez-vous à nous.


Le shérif n'inspirait rien à la jeune femme, surtout son sourire carnassier, mais elle ne voyait pas bien comment elle aurait pu refuser. De toute façon, si elle souhaitait s'intégrer, elle ne pouvait pas se permettre d'être trop sélective.


— C'est elle et le petit là-bas, qui viennent trouver ce qui se passe dans le bayou, expliqua Munroe à ses interlocuteurs. Voici mon adjointe, Belle, reprit-il à l'intention de Kay.

— Enchantée, Kay Vincents, salua cette dernière en serrant la main brusque de la jeune femme.

— Et le marshal Devlin Padgett, qui comme vous est de passage dans notre ville. Il est arrivé hier aussi.

Les Échos du bayouWhere stories live. Discover now