Chapitre 26 partie 2

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Hot air hangs like a dead man from a white oak tree
People sitting on porches, thinking how things used to be
Dark night




Le soleil rasait la cime des arbres sans parvenir à se faire aveuglant, coincé dans un ciel nuageux et lourd. Aucune feuille ne bougeait et tout semblait immobile malgré le mouvement de la voiture. Kay avait hâte de retrouver l'air océanique de Miami. Mais avant ça, avant de partir d'ici, il y avait quelque chose de difficile à faire. Heureusement qu'elle n'était pas seule.


— Je ne pensais pas que vous seriez d'accord pour m'accompagner, remarqua-t-elle d'ailleurs à voix haute.


Charlie arrêta momentanément de se gratter le bras et leva la tête.


— Rapport au fait que je pense qu'à ma gueule ? demanda-t-il avec un sourire contrit.

— Je ne me permettrais pas de dire ça.


Le jeune homme haussa les épaules.


— C'est pourtant vrai.


Il se remit à triturer nerveusement sa peau déjà meurtrie.


— Si vous êtes partie pour un exercice de cartes sur table, autant commencer à vous entraîner, la provoqua-t-il.

— Je ne pensais juste pas que vous viendriez, c'est tout. Ma réflexion s'était arrêtée là.

— Et vous, pourquoi vous y allez ? Vous ne pouvez pas prétendre que vous êtes en confiance, pas à moi.

— J'y vais parce que personne d'autre n'y va.

— Ça se défend.

— Clairement, ça ne va être amusant pour aucun d'entre nous.

— Clairement.


Kay engagea la voiture sur le chemin qui s'enfonçait sous les arbres et leur ombre bienvenue. Même cette dernière paraissait peser son poids dans cette atmosphère épuisante.


— Vous savez ce que vous allez dire à Maze ? reprit-elle.

— Je suppose que je vais improviser.


Un silence avant qu'il ajoute, avec un pâle sourire :


— C'est ça le plan ? Je m'occupe de Maze et vous de Louis ?

— Je ne sais pas, je me dis que si ça vient de vous, Maze sera peut-être plus encline à écouter... même si ce n'est pas pour les bonnes raisons.

— Tous les moyens sont bons, hein ?


Elle eut un haussement d'épaules impuissant. A vrai dire, plus ils approchaient de la maison Prideaux, plus elle doutait de la légitimité de cette expédition. Comme s'il pouvait lire à travers elle - en fait, il le pouvait certainement - Charlie reprit, l'air de ne pas y toucher :


— Vous savez que Maze n'est pas la vraie personne à convaincre, hein ?


Les Échos du bayouWhere stories live. Discover now