Chapitre 13

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At the end of the day you better run in some type of direction,
'cause the people going nowhere are the ones that are flexing




Le deuxième jour après l'appel de Will, Devlin fit la connaissance de la commissaire Northrup, des services de police de Natchez. Afin de ne pas la déranger outre mesure, il avait proposé de la retrouver à son bureau ; le trajet ne lui avait pris qu'une trentaine de minutes, juste l'affaire de traverser la frontière de l'État et le fleuve. Northrup était une quinquagénaire corpulente et vive, aux manières joyeuses et à la bonhomie apparente. Will avait signalé à son marshal qu'il valait mieux ne pas s'y laisser prendre. Au cas où il ne se serait pas douté qu'on ne devenait pas la commissaire d'une grande ville juste en faisant des sourires aux passants.


— Merci encore de me recevoir, commissaire, lança-t-il après avoir échangé une solide poignée de main avec elle. Je ne veux pas vous prendre trop de votre temps.

— Pas de problème, marshal.


Elle lui fit signe de prendre place dans le fauteuil qui faisait face à son bureau, avant de s'asseoir à son tour.


— Je ne pense pas avoir grand-chose à vous apprendre, de toute façon. Comment va le marshal Westworth ?

— Plutôt bien, pour autant que je puisse en juger. Juste le cholestérol à surveiller.

— Ah, n'est-ce pas notre lot à tous, soupira-t-elle.

— Vous connaissez Will depuis longtemps ?

— Je l'ai rencontré quand il était marshal à Jackson. Une affaire conjointe avec les autorités fédérales, votre chef était notre contact privilégié. Mes collègues le prenaient pour un clown avec ses blagues bizarres, mais je suis bien placée pour savoir qu'il ne faut pas s'arrêter à la première impression. Quand ce n'était plus le moment de déconner, là il ne déconnait plus.

— Pas de doute, on connaît le même, sourit Devlin.

— Alors, marshal, dites-moi. Vous êtes après Joshua Bergbrowski ?

— Pas directement après lui.

— Ah, bien sûr. Personne n'est jamais directement après lui. Mais il est souvent la seule piste, hein ?

— C'est plus ou moins son boulot, si j'ai bien compris.

— Eh oui, soupira la commissaire. Jamais suffisamment mouillé pour être condamnable, cela dit. Le nom Bergbrowski est un synonyme de frustration, dans ces bureaux.

— Est-ce que vous pourriez m'éclairer sur les circonstances dans lesquelles vous avez eu affaire à lui ?

— Un truc assez sulfureux, marshal. Oui, assez sulfureux... Ce n'est pas passé très loin pour lui, cette fois.


Elle attrapa un dossier en évidence sur son bureau et le tendit à son interlocuteur.


— Je vous ai sorti ça. C'était en 2010. On s'est retrouvés à examiner de près une très vaste propriété isolée, dans un bourg au nord de la ville, qui avait été achetée il y a longtemps à travers des tas d'intermédiaires - dont Bergbrowski était la seule trace, bien sûr. A priori, on n'avait pas de raison de s'intéresser à ce terrain, mais c'est un appel anonyme qui a attiré l'attention dessus. Sauf que, quand on a envoyé une équipe vérifier la validité du tuyau, les lieux étaient déjà abandonnés, un peu en catastrophe. Ça a attisé les soupçons, et on a commencé à déterrer des trucs sur les activités du mystérieux propriétaire.

Les Échos du bayouWhere stories live. Discover now