Chapitre 25 partie 2

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She tried to turn me on to Jesus, but I turned on to the devil's ways
and I turned out to be
the only hell my mama ever raised



Elle n'avait jamais vu de sa vie la femme qui pénétrait dans la pièce à pas de loups. Du rez-de-chaussée parvenaient les voix étouffées de Maze et Pete, mais aucun d'eux n'avait dû s'apercevoir de la présence de l'intruse. Kay la détailla du regard, sincèrement étonnée de se retrouver face à une parfaite inconnue. Cette dernière devait avoir autour de vingt-cinq ans ; elle était de petite stature, en hauteur comme en largeur. Ses épais cheveux bruns étaient coupés au menton et ses yeux marron aux paupières sombres n'exprimaient au mieux qu'une satisfaction sournoise. Même si elle arborait plusieurs tatouages, celui sur sa joue attirait l'attention : deux v entrecroisés et un point au milieu, probablement un symbole dont le sens échappait à Kay.


Le Kid était dans le coton lorsque la nouvelle arrivante se pencha sur lui et l'extirpa sans précautions particulières de son lit. Il ne fit pas un bruit sur le coup, mais ses yeux s'écarquillèrent à mesure qu'il reprenait conscience de son environnement. La jeune femme ouvrit la fenêtre et enjamba le rebord, l'enfant toujours dans les bras. Le regard inquiet de ce dernier se riva soudain sur Kay, qui en eut un haut-le-corps.


Il la voyait à présent. Elle en était certaine.

Comme pour confirmer son impression, il tendit les mains dans sa direction et sa bouche s'ouvrit dans un appel à l'aide silencieux. Kay restait complètement abasourdie. Il l'avait vue. Il -


Elle avait encore changé d'endroit, plus soudainement que jamais. Celui-ci était nouveau, inconnu, et lui donnait une sensation... différente. Différente de tout ce qu'elle avait pu visiter jusqu'ici dans ses rêves.


— Vous êtes là ?


La jeune femme se retourna vivement. La pièce où elle se trouvait à présent ressemblait à une sorte de réserve, pas bien plus grande qu'un placard à balais. Recroquevillé contre le mur du fond, Arthur la dévisageait, toujours anxieux. C'était lui qui venait de poser cette question. A elle. Il n'y avait personne d'autre qu'eux ici.


— Tu...


Elle baissa instinctivement la voix.


— Tu me vois ?


Il essuya le reste de larmes qui coulait de ses yeux encore fiévreux.


— Oui.

— Et tu m'entends, donc.

— Ils sont partis ?

— Qui ?

— Les autres, derrière la porte.


La jeune femme se dirigea vers cette dernière et essaya de tourner la poignée, sans succès. Un filet de voix lui parvint de l'autre côté de cloison.


— Il y a toujours quelqu'un, murmura-t-elle. Arthur, où est-ce qu'on est ?

— Je sais pas. Ils m'ont donné un truc et je me suis endormi. Où est papa ?

Les Échos du bayouWhere stories live. Discover now