Chapitre 22 partie 2

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Lots of girls walk around in tears, but that's not for you ;
you've been looking all around for years, for someone to tell your troubles to



— Je ne suis pas sûr qu'il m'avait donné son vrai nom mais il était -


Bergbrowski et le marshal entendirent le cri de Belle lancé depuis les profondeurs de l'étage. Devlin sursauta et porta instinctivement la main à son holster, tandis que l'autre restait bouche bée sur son fauteuil. Même avec un peu plus de réactivité, ils n'auraient pas pu changer le cours des évènements. La balle du sniper traversa la baie vitrée avec un bruit sec et s'enfonça dans le crâne de Bergbrowski toujours assis. Son expression étonnée se rigidifia un instant avant de disparaître alors que tous ses traits se vidaient de leur substance. Son corps s'affaissa en avant et un deuxième projectile siffla, le frappant à la base du cou.

Devlin se jeta au sol. Bien lui en prit, car le suivant était pour lui : la balle s'écrasa sur le rembourrage du fauteuil où il se tenait quelques secondes plus tôt. Il rampa jusqu'au canapé et prit le pouls de Bergbrowski. Sans trop de surprise, il avait déjà rendu l'âme. Le marshal dégagea le pistolet de son holster et réfléchit à la position du tireur. Il ne savait pas si le type tenait absolument à lui faire la peau aussi ou s'il s'était agi d'un tir opportuniste. Il n'avait pas l'intention de vérifier. Il leva son arme et tira deux balles à bout portant dans la baie vitrée, qui vola en éclats. Profitant de ce désordre dans la ligne de mire du tireur, il se replia vers le hall d'entrée et hésita un instant sur la conduite à suivre. Devlin était habitué à prendre des décisions rapides, mais ses derniers choix faits dans le feu de l'action pesaient encore très lourdement sur sa conscience.


Alors qu'il levait les yeux vers l'escalier en se demandant ce que faisait sa collègue, des bruits de lutte lui parvinrent de l'étage. Il vérifia le cran de sûreté de son arme et se dépêcha de monter les marches de son pas le plus silencieux.




Belle avait été projetée au sol par le poids du corps qui s'était écrasé à toute balle contre elle ; son pistolet et le dossier lui avaient échappé des mains sous le choc.


— Traîtresse ! vociféra une voix féminine râpeuse.


Elle s'était attendue à prendre ce qualificatif dans la figure un jour, mais de la part d'une personne beaucoup plus familière.


— On se connaît ? siffla-t-elle en appuyant fermement ses coudes sur la moquette.


La jeune fille se tenait toujours sur son dos, la maintenant plaquée à terre. Belle jeta un coup d'œil à leur reflet dans la baie vitrée. Comme elle le pensait, son adversaire se pencha en avant pour lui répondre. Idiote.


— Tu t'es jamais prise pour de la merde, ça devrait pas m'étonner que tu saches pas qui -


La shérif adjointe tendit ses bras et se rejeta en arrière. Son crâne s'écrasa violemment sur le visage de l'intruse, qui relâcha sa prise avec un glapissement aussi surpris que furieux. Belle se dégagea de son étreinte en roulant contre l'armoire à documents où se heurta son adversaire. Enfin libre de ses mouvements, la jeune femme bondit sur ses pieds, rapidement imitée par l'autre. Elles se faisaient face désormais ; les cheveux roux et la silhouette maigre de son attaquante lui semblaient vaguement familiers, au même titre que la moue narquoise de ses traits durs, mais elle n'aurait pas su dire son nom. A vrai dire, elle ne se rappelait pas les noms de ces gens dans leur grande majorité.

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