Chapitre 30

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Quelques jours plus tard, chez moi, l'ambiance est électrique. Max fait la gueule car Agathe lui reproche de ne pas être suffisamment affectueux. C'est une chieuse ! Elle me la ferait pas deux fois, à moi. Je l'aurais vite mise au pas, mais mon frère est faible devant elle car il l'idolâtre. Il boude depuis cet après-midi alors que nous avions prévu d'aller camper avec nos potes mais finalement, il ne veut plus venir. Paulo n'ira pas non plus. Lui, il est puni à cause de son échec au bac. Il n'est même pas au rattrapage. Il a vraiment eu de sales notes, surtout dans les matières scientifiques. Comme il est en filière S, ça ne pardonne pas. Mon père qui est vraiment furax après lui, hésite à me donner la permission. Il a peur que sans la surveillance de mes frères, je dépasse les bornes. Tant qu'il ne m'impose pas un refus, je considère que c'est ok pour moi.

Je suis excité comme une puce. Dakota, la sœur de Jimmy, vient de m'envoyer un message, car elle arrive demain et nous rejoindra à la plage. Depuis notre bisou langoureux, elle m'envoie un ou deux messages par jour, pour me donner de ses nouvelles et me dire qu'elle pense à moi. Moi aussi bien sûr, mais certainement pas de la façon dont elle l'entend.

Pendant que je prépare mon sac en attendant Jimmy, Dylan, Ashton et Jenny, la soirée est pleine de tension.

— Hey Ducon, c'est toi qui a pris le duvet bleu ? je lance en entrant pour fouiller dans la chambre de Paulo, sans attendre sa réponse.

— Dégage de là, merdeux !

Mon frère aîné est allongé sur son lit et reste focalisé sur l'écran de son ordinateur. Pour changer, sa chambre est en bordel. Un tas de linge sale est posé dans un coin. Il fait jour mais il n'a pas pris la peine d'ouvrir ses volets. Je contourne son lit en fer forgé noir pour me diriger vers sa commode ancienne dont les tiroirs sont grands ouverts. J'allume la lampe de chevet pour y voir plus clair et je commence à fureter partout.

— Trouve mon duvet !

Comme il ne lève toujours pas ses yeux sur moi, j'en profite pour lui piquer discrètement son paquet de clopes.

— Me casse pas les couilles, tu vas pas camper !

Toujours concentré sur son tchat, il fait exprès de hurler pour alerter mon père.

— C'est pas toi qui décides ! je réponds, énervé qu'il se mêle une fois de plus de ma vie.

— Quand le vieux va voir ta gueule, sûr qu'il te dit non !

— Qu'est-ce qu'elle a, ma gueule ? je crie en grimaçant exagérément.

— T'as pas dormi ni pris tes cachetons ! Y a pas besoin d'être médecin pour le voir !

Lorsque je suis épuisé, j'ai tendance à avoir des clignements de paupières insistants, parfois même, il m'arrive de plisser le nez en reniflant. Rien de très grave, mais tous ces tics sont vite perceptibles, bien que normalement gommés par mes médicaments...

— Occupe-toi du cul de Sophie et fous-moi la paix !

Je donne un grand coup dans son armoire en bazar, agacé de ne pas y trouver le duvet.

— Oh oh oh ! C'est quoi ce bordel ? demande mon vieux en passant la tête par la porte de la chambre.

— C'est Tonio qui me fait chier ! Regarde dans quel état il est !

— Il est rentré à six heures et bourré ! ajoute Max.

Comme d'habitude, il vient se mêler de la conversation en me dévisageant par-dessus l'épaule de mon père.

— T'as fait nuit blanche ? me questionne le vieux qui me fixe avec attention.

— Non !

— Si ! confirme cette balance de Max, ce qui a le don de m'irriter davantage.

— Tu vas pas camper si t'as déjà fait une nuit blanche ! C'est encore moi qui vais avoir des emmerdes !

Mon père vient de trouver l'excuse idéale pour me coincer. Fais chier !

— Mais c'est dégueulasse !

Je suis vraiment énervé et je tente de contrôler mes tics en passant mes mains sur mon visage.

— Tu dors et tu iras demain ! conclut mon père en nous tournant le dos.

— Putain !

Je quitte la chambre de mon frère pour aller ruminer dans la mienne. À peine quelques minutes plus tard, je suis consolé par Dakota qui me propose de passer me chercher pour partir avec elle rejoindre le groupe, quand elle arrivera.

C'est ainsi que le lendemain vers quatorze heures, les parents de Jimmy passent me prendre en voiture. Je jette mon sac dans le coffre, en essayant de ne pas cogner les deux bouteilles de vodka orange que je viens de piquer à mon vieux. Celles-là, il ne les aura pas. Puis je monte à l'arrière, à côté de Dakota qui m'offre son plus beau sourire. En m'asseyant, je colle mon genou au sien sans trop la regarder. Je ne dois pas trop lui montrer qu'elle me plaît pour qu'elle travaille un peu son jeu de séduction. Avec elle, je n'ai rien à faire, c'est gagné d'avance. Ma seule satisfaction est de la sentir me désirer.

— Bonjour Tonio, tu n'as rien oublié ?

Le Maire est au volant de la voiture. Il a posé son bras sur le siège d'à côté pour se retourner vers moi.

— Salut, non, c'est bon. Vous pouvez y aller.

Je suis totalement impatient et heureux de partir retrouver ma bande de potes pour une nuit.

— Et ton surf ? m'interroge le petit frère de Dakota, monté à l'avant.

— Je le prends pas, les autres m'en prêteront un et j'ai pas trop envie de surfer... j'avoue en jetant un coup d'œil vers Dakota qui rapproche sa main de la mienne jusqu'à me toucher.

Le père de Dakota nous dépose tous les deux devant "le camping du curé". Depuis les obsèques de ma mère, je connais bien le curé de ma paroisse. J'ai partagé avec lui de longues discussions sur la mort. Il me surnomme "Saint Tonio" et ça fait rire tout le monde. C'est un curé sympa, plutôt jeune, dans les trente-cinq ans, qui se grille une clope avec moi et m'offre une bière. Bref, juste à côté de la plage où je surfe se situe une chapelle avec un jardin ombragé. J'ai eu l'idée un jour de lui demander la permission d'y squatter l'été avec mes potes et ce super curé a accepté. Quand il met son aube et son pardessus vert pour célébrer une messe, il ressemble à un super-héros, d'où le surnom que je lui donne : Superman !

Je reconnais tout de suite la tente de Jimmy, plantée sous l'immense pin franc à la forme de parasol. Je balance mon sac dans le sable et prends ma serviette. De l'emplacement, je vois l'océan à peine déchaîné. Le cri de quelques mouettes et l'odeur des embruns attise mon envie de m'y jeter.

Dakota est prête, et moi, je suis en maillot depuis ce matin. Nous nous rendons à la plage. Il fait très chaud. À notre endroit habituel, je retrouve les affaires de mes potes qui sont sur leurs surfs, au loin dans l'océan. Il y a également les serviettes de plage de quelques filles de ma classe qui doivent déjà être à l'eau. Je m'installe sur la mienne pour enlever mes chaussures et mes chaussettes. Dakota retire délicatement et silencieusement sa longue robe de plage. À ma grande surprise, elle ne porte pas de soutien-gorge. Je l'observe du coin de l'œil en attendant qu'elle mette son haut de maillot, mais elle n'en fait rien ! Elle attrape simplement son tube de crème pour s'en étaler sur le corps. Moi, je fonds au soleil ! Cette fille a une poitrine généreuse et je ne pensais pas pouvoir la voir si vite.

— Tu pourrais faire le mec désintéressé, au moins !

Elle me jette un coup d'œil par-dessus ses lunettes de soleil en rangeant son tube de crème dans son sac. Cette fille réveille tous mes sens. J'ai envie de m'approcher d'elle pour la toucher et l'embrasser.

— Tu rigoles ou quoi ? je lâche sans me démonter le moins du monde. Je profite du spectacle !

— On va se baigner ?

Elle se dresse soudain devant moi, toujours sans haut de maillot, pour m'allumer franchement, en attachant ses cheveux en chignon.

— Si tu veux ! Faut juste attendre deux minutes que Popol redescende...

SPEED (Terminé) Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant