Chapitre 67

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Mes frères se marrent car ils pensent que le fait d'avoir "réussi" mon pari a tué toutes mes chances de sortir avec "Hey". En quittant la salle de cinéma, nous nous rendons au McDo tous ensemble. Paulo est en mode chasseur. Il compte piéger sa proie rapidement. Il ne la quitte pas des yeux, il ressemble à un chien de chasse à l'arrêt. Il n'a plus beaucoup de temps car nos jours sur Paris sont comptés. J'ai imaginé une Action pour lui mettre des bâtons dans les roues et j'en ris intérieurement.

— Alors, tu as gagné ton pari ? me questionne « Hey » en souriant.

Finalement, sous les éclairages, elle est beaucoup moins mignonne que sa sœur. Mon regard se porte directement sur son appareil dentaire que je n'avais pas remarqué. En plus, elle est légèrement plus grande que moi, elle doit faire au moins un mètre soixante-quinze, et elle est toute fine, c'est à dire toute plate : pas de seins, quoi !

— Ouais, merci, c'était parfait ! En fait, on joue à Action Vérité !

— Ah, cool !

Lorsque nous faisons la queue pour commander, je m'avance tout excité vers Paulo en espérant vivement qu'il choisisse Action.

— Action ou Vérité, je lui glisse à l'oreille.

— Je joue aussi, nous rappelle Max.

Il n'aime pas se sentir mis à l'écart. Malheureusement, dans une fratrie de trois, il y en a souvent un mis de côté. Je pense que Max occupe la place la plus difficile. Il est pris entre le grand, qui est donc la référence des deux autres, et le dernier, qui attire toute l'attention. J'avoue que par-dessus le marché, je prends beaucoup de place...

— On s'occupera de ton cas bientôt, je le coupe. Pour l'instant, j'ai un truc à régler avec PAULO !

— Action, me provoque mon frère.

— Tu dois toucher les seins de Valentine avant de l'embrasser...

Max éclate de rire en entendant mes mots. Il se plie en deux pour se foutre de la gueule de Paulo. Je suis pleinement satisfait de mon gage. Impossible qu'il ne le réalise pas, mais j'ai hâte de voir comment il compte s'y prendre.

— T'es con ! C'est infaisable ! se défend ce dernier.

— Démerde-toi, et je veux voir ça !

— Enfoiré, je t'ai toujours expliqué qu'avant de toucher les seins d'une fille, tu dois lui faire un bisou... Tu veux que je fasse comment, sans me faire griller ?

— Tu te débrouilles, tête de gland ! ajoute Max, pris d'un fou-rire.

— Ok, je vais le faire, merdeux ! Vous n'allez pas en revenir ! C'est ça, être un génie du sexe !

— J'espère que tu vas recevoir une beigne aussi forte que la mienne !

Une fois à table, je prends plaisir à observer le manège de Paulo auprès de sa dulcinée. Il déploie tout son talent de charmeur. Il l'interroge et écoute patiemment ses réponses, lançant de temps en temps une petite blague sympa qui fait rire Valentine et le reste de la table. Il lui glisse également deux ou trois compliments sur son sourire et ses yeux, bref, Val est sous le charme. Max, qui est en face de moi, me déclare avec certitude :

— Je te parie qu'il va réussir sans même se prendre une baffe !

— Impossible !

— Parie !

Il me tend sa main que je saisis.

— Ok !

— Et toi avec Amélie, tu ne tentes rien ?

— Elle a des bagues ! je lui indique en découvrant mes dents avec dégoût.

— Et ça fait quoi ?

— Bah, ça le fait pas !

— Tu lui lèches pas les dents ! se moque de moi Max.

— Ta gueule, tu n'y connais rien !

— Dit le puceau !

— Va lécher Agathe ! je le remballe de plus en plus énervé par la tournure de notre conversation.

— Je t'emmerde, avec Agathe !

— Je te pisse à la raie !

Max est en train de me pousser à bout. Le ton monte et toute notre tablée est pendue à nos lèvres. Moi, j'ai juste envie de lui sauter dessus pour lui arracher la langue.

— Va t'astiquer le poireau, tu seras moins con ! continue-t-il.

— Tu te sens plus pisser parce que t'as bouffé de la chatte !

— Oh oh oh oh ! Vous allez pas nous faire chier ! nous interrompt Paulo sèchement. Si vous ne vous supportez pas, ne vous mettez pas face à face ! Le McDo est assez grand, vous croyez pas ?

— Occupe-toi de ton cul, toi ! je m'énerve à présent contre Paulo.

Le moment où je pète un câble est arrivé. J'ai l'habitude, et mes frères aussi. Comme ce soir, ça part de rien. Un peu de fatigue, une contrariété, et moi je suis à fond niveau nervosité. J'ai juste envie de sauter à la gueule de mes deux frères pour qu'ils arrêtent de me regarder de travers.

— Il part en vrille ! ajoute Max, un sourire aux lèvres.

— Je vais te faire bouffer tes couilles ! je le menace en me levant pour lui bondir dessus.

Paulo s'interpose aussitôt entre nous deux en me saisissant par le bras.

— Toi, aussi, fallait pas le remonter ! engueule-t-il Max.

— Il me cherche !

— Tu lui réponds pas ! Et toi, Tonio, tu redescends en pression ! On se casse !

— Je redescends de rien du tout ! C'est l'autre qui me fait chier depuis tout à l'heure !

J'essaie de me raisonner intérieurement en faisant un exercice de respiration et en évitant au maximum de regarder Max. Mais je n'arrive pas le moins du monde à me calmer. Une phrase tourne en boucle dans tête, il m'énerve, il m'énerve, il m'énerve, il m'énerve...

Alors que tout le monde s'active à ranger son plateau, je ne touche pas au mien. Je les regarde faire jusqu'à que Louise me tire de mes pensées.

— Elle ne te plaît pas, Amélie ?

— Bof !

En vrai, je n'en ai rien à foutre de cette pauvre fille. J'ai juste envie d'exploser mon frère. Rien d'autre ne me ferait plus plaisir à ce moment-là !

— Elle est belle, pourtant, insiste ma cousine.

— Bof !

— Tu rigoles, elle a un superbe visage et des yeux magnifiques !

— Bof !

— Ok, t'as beugué ! On en reparle demain ?

— Bof !

— T'es vraiment chiant quand t'es comme ça !

C'est au moment de partir du McDo que Paulo se jette enfin à l'eau. Bien que contrarié, je le regarde faire du coin de l'œil. Il saisit le sac à bandoulière de Valentine et lui enfile par-dessus la tête. Celle-ci se laisse faire. Ils sont face à face à se regarder droit dans les yeux. Paulo passe le sac sur le côté de Val sans lâcher la lanière. Il a sa main accrochée au sac posé entre les deux seins de son crush. L'enfoiré, il est aussi malin que moi et cette imbécile n'y voit aucune objection ! Et le pire dans tout ça, c'est qu'il ne tente même pas de l'embrasser, juste pour bien se faire désirer, et ça marche...

Non seulement Paulo a gagné son Action, mais j'ai perdu mon pari avec Max et par-dessus le marché, Amélie ne m'emballe pas du tout...

SPEED (Terminé) Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant