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« Faites au moins semblant de faire quelque chose pendant que je suis à l'intérieur, fit Newt à l'intention de jumeaux.
- Reçu cinq sur cinq ! s'écrièrent-ils. »

Le gladiateur leva les yeux au ciel et entra discrètement dans la hutte du Chef de Myrak. De ses souvenirs, seule la table avait changé. Tout le reste était pareil qu'il y a cinq ans. Il fouilla de fond en comble le rez-de chaussée et la chambre d'Erik mais ne trouva rien. Il se décida alors de monter à l'étage. Dans son ancienne chambre.

Ici, par contre, rien n'avait bougé. Personne n'avait mis les pieds ici depuis une éternité mis à part pour balancer sans ménagement les armes sur le lit vide depuis des années. Il resta interdit pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'il entende des voix venant de l'extérieur. Janson soupçonnait les jumeaux de quelque chose. Il plaça ses deux poignards et son glaive dans sa ceinture, ses deux lames dans ses bottes, relia son carquois empli de flèches au harnais pour ses épées quand il entendit la porte d'entrée s'ouvrir non sans violence.

« Par les dieux ! Il ne peut pas me laisser en paix celui-là ! jura-t-il. »

Il saisit d'une main les manches de ses épées et passa par la fenêtre de sa chambre au moment où Janson montait les escaliers. Ils s'enfuirent vers la hutte du banni qui rangea ses épées dans le harnais dans son dos spécialement conçu pour ça.

« La classe les deux épées croisées dans le dos ! s'exclama Sonya en s'approchant de Newt qui s'éloigna aussitôt. »

Les villageois s'écartaient sur le passage du gladiateur armé, apeurés.

« NEWTON ! tonna une voix que le concerné connaissait que trop bien. »

Le concerné se stoppa net après un sursaut qu'il masqua tant bien que mal. Il frémit et se tourna lentement vers le Chef qui semblait furieux.

« Qu'est-ce que tu fais avec tes armes ? Elles t'étaient confisquées ! Tu es allé les voler ! Je ne voulais pas semer la peur dans l'esprit des villageois que je me tue à protéger depuis ta naissance ! T'es un danger Newton, une catastrophe ambulante qui se croit tout permis !
- Et voilà ! Vous recommencez ! Cinq longues années que je suis parti et pourtant vous, vous êtes toujours le même ! Toujours à me prendre en traître. Depuis que je suis arrivé vous n'êtes pas venu me voir ne serait-ce qu'une seule fois, et vous savez ce qui est amusant ? C'est que cela ne me choque même pas ! Vous ne m'avez jamais aidé, aimé, éduqué. C'est Alby qui s'est chargé de cette tâche à partir de mes six ans. Je ne suis plus le plus petit qui ne peut même pas soulever une arme ou même se battre. Mais déjà là j'étais différent de vous. Sur une centaine de vikings, il fallait que je sois le seul gaucher ! Avant, je n'osais rien dire parce que j'étais mineur, le petit fils du chef qui se devait d'être un parfait viking ! Mais je n'en suis pas un Erik ! s'énerva le gladiateur. »

A l'entente de son propre prénom, le Chef se rendit compte à quel point il avait perdu son fils.

« Mais maintenant que je suis majeur, je peux vous faire regarder la vérité en face. Je ne suis pas un véritable viking. Je suis juste une aberration, une erreur de la nature. Vous avez toujours fait passer le village avant moi. Vous les protégiez eux avant de protéger votre propre fils des dragons et vous voyez cette cicatrice ? C'est de votre faute que je l'ai. Vous m'aviez laissé tout seul dans mon berceau cette nuit là. Et puis un dragon et venu et a emmené ma Mère. C'est le seul souvenir que j'ai d'elle. Le seul. Et puis vous êtes arrivé comme un brave alors qu'elle était déjà partie et vous avez regardé le nourrisson avec du sang sur la joue ! Le village que je me tue à protéger malgré tout depuis qu'il m'a banni à peur que je le tue ? Mais Erik, si j'avais voulu vous tuer, vous seriez déjà morts. Tous, sans exception. La catastrophe ambulante ce n'est pas moi. Ce sont les jumeaux, toujours prêts à faire brûler le village, un mouton ou à voler les autres, mais jamais prêts à écouter des ordres. Ils doivent n'avoir qu'une moitié de cerveau pour deux. L'aberration ? Vous savez qui est-elle ? Celui que vous comptiez nommer héritier de la place de Chef du village. Gally Jorgensen, ou le type qui s'amusait à me prendre pour une cible d'entraînement pour le lancer de couteaux ou pour un sac de frappe. Thomas peut le confirmer étant donné qu'il est celui qui m'a sorti de ses griffes avant que l'on ne me bannisse. Je pourrais citer des faits sur tout le monde, sans exception. Et pourtant, je n'ai jamais essayé de nuire au village. J'ai toujours essayé de le protéger quoi qu'il arrive. Mais vous semblez tous trop stupides pour le comprendre. Vous réfléchissez avec vos muscles et non votre cerveau, lâcha le banni. »

Trust - NewtmasWhere stories live. Discover now