BROKEN - Tome 3

D E U X

Alexie

Mes pieds foulent l'allée de l'entrée des Cutler. Élie m'a demandé de la rejoindre chez elle à dix-neuf heures tapante, pour que nous puissions nous préparer pour la petite fête qu'à préparer Nate chez lui. C'est Émily qui m'ouvre.

— Salut, dis-je, sans grande conviction.

— C'est ça, grogne la petite, en tournant les talons pour s'avachir dans le canapé.

Je ne bronche pas. J'ai l'habitude d'un tel accueil, avec elle, maintenant. Je monte dans la chambre d'Élie, qui est assise sur son lit, en pyjama, avec ses cheveux en bataille et un livre entre les mains. Je soupire.

— Tu vas avoir du travail à faire, ma fille! M'exclamais-je, en jetant mon sac rempli de vêtement sur le lit.

Elle se laisse tomber sur son oreiller et enfouie sa tête dans sa couverture.

— Je ne veux pas y aller, dit-elle, d'un ton las.

Je soupire à nouveau et contourne le lit pour rabattre la couette au pied du lit. Son pyjama rose est parfaitement visible, maintenant, et elle s'étire pour tenter de rattraper la couverture. Je fais claquer ma langue contre mon palais plusieurs fois, et agrippe son bras pour la tirer hors du lit.

— C'est toi qui m'a entraîné là-dedans, assume-le! Me défendis-je.

Elle se laisse molle et secoue la tête, feignant s'être endormie. Je lâche prise et me redresse pour poser mes poings contre mes hanches, en signe de désaccord. C'est elle qui a voulu que j'aille à cette fête, alors elle va y aller, elle aussi!

— Moi, je n'ai rien à perdre à ne pas y aller.

J'écarquille les yeux. Elle lève le regard vers moi pour voir ma réaction, qui prend du temps à venir.

— Moi non plus, dis-je, finalement.

Son regard me scrute avec à la fois méfiance et l'air de dire «Tu me prends pour une conne?». Je déglutis et lui tourne le dos pour sortir mes vêtements de mon sac. En voyant le petit haut noir que j'ai apporté, à côté de celui avec des manches longues et un décolleté, je prends les deux morceaux et me retourne vers Élie en les posant devant moi un à la suite de l'autre.

— Lequel?

Élie continue de me fixer comme si j'étais en train de faire diversion. Exactement ce que je fais.

— Ne fais pas comme si tu ne m'avais pas comprise, dit-elle, en se redressant finalement, un sourire taquin sur les lèvres.

— Je ne vois pas ce que tu veux dire, mentis-je. J'essaie seulement de savoir quel haut m'ira le mieux...

Élie se lève et s'avance vers moi, le regard mielleux, comme si elle avait une idée derrière la tête. Elle tâte le tissu de mes deux chandails, et fait un geste en direction du petit haut noir.

— Celui-ci, tranche-t-elle, avant de se diriger vers sa commode, où est installé un miroir. Il plaira à Cameron...

Elle l'a dit. Je lui lance un regard de travers et prend le haut noir, comme elle me l'a conseillé. Mon cœur bat plus vite, comme si elle venait de m'apprendre quelque chose, alors que, si quelqu'un devait s'y attendre, c'est moi.

— Ne fait pas comme si je n'avais rien dis! Me lance-t-elle, en me voyant lui tourner le dos pour changer de chandail.

Toujours silencieuse, je m'avance vers le miroir, le regard impassible et froid, pour voir le résultat de ma tenue. Ça devrait le faire.