BROKEN - Tome 3

D I X - N E U F

Alexie

Je souris à Evan lorsqu'il me suit devant chez moi, après être sorti du taxi qui nous a ramené. La tête d'Élie qui me regarde à travers la fenêtre en m'envoyant vigoureusement la main me fait rire. Elle et Evan vont au même endroit, alors c'était logique de partager le même taxi. Je monte la première marche jusqu'à ma porte, mais il m'attrape le bras et me retourne vers lui. Je le regarde en plonger, puisqu'il est plus petit.

— Je n'ai pas envie de te quitter, me lance-t-il, en entourant mes fesses de ses bras. On vient juste de se retrouver.

Mes avant-bras se posent sur ses épaules. Je pose mes lèvres sur sa tête alors qu'il me serre contre lui.

— Je sais, marmonnais-je.

— Alors laisse-moi entrer, propose-t-il, avec un demi-sourire qui me fait craquer.

Comme les dix dernières fois où il me l'a demandé dans le taxi, je refuse. Mon père va péter un câble s'il voit Evan chez nous.

— Si c'est à cause de ton père, il n'a plus aucune raison de m'empêcher de te voir. Et ta mère m'aime bien.

Il hausse les sourcils d'un air incitatif et grimpe sur la même marche que moi pour prendre de la supériorité. J'en monte une de plus. Lui aussi.

— Arrête ça!

Il éclate de rire, et mon cœur bat plus fort. Il m'embrasse la tempe.

— OK! Mais ne te plains pas quand je vais t'envoyer une photo de mes draps vides, tout à l'heure.

Je pousse un énorme soupire lorsqu'il fait mine de s'en aller, et le retient en lui attrapant le poignet.

— Attends! ...

Il se retourne, l'air faussement surpris, et tente de me faire croire qu'il ne sait pas ce que je vais lui demander.

— D'accord, dis-je. Si tu insistes, tu peux rester.

Il plisse les yeux, comme défiant, et croise ses bras sur son torse. Ses muscles se tendent et captent mon regard.

— Oh, mais je n'insiste pas. Bonne nuit!

Le salop. Il veut que je le supplie, maintenant!

— Evan! M'écriais-je, choquée.

Alors qu'il remonte l'allée de ma maison pour s'avancer vers le taxi, je croise les bras à mon tour et l'observe s'éloigner de moi d'un air suspicieux.

— Très bien, alors! Va retrouver tes draps tristes et ton matelas trop dur, j'en ai rien à faire.

Je m'attends à ce qu'il se surprenne de ne pas m'entendre lui demander de rester et décide de revenir vers moi malgré ça, mais il continue son chemin jusqu'au taxi. Alors que je crois qu'il va réellement grimper dedans et me laisse toute seule, sans même un baiser d'au revoir, je le vois sortir un billet de vingt dollars de son portefeuille, avant de le tendre à Élie et de lui marmonner quelque chose. Le taxi repart.

Sans Evan.

Il range son portefeuille dans sa veste et me regarde à travers ses yeux de prédateur. Je secoue doucement la tête, exaspérée, mais le sourire qui se forge sur mes lèvres me prive de toute ma crédibilité. Evan revient vers moi, fier, et s'arrête à la marche devant moi.

— Et maintenant? Souffle-t-il, à quelques centimètres de mes lèvres.

Je lui souris de toutes mes dents et lui saute dans les bras. Ses mains se posent sous mes fesses, pour me retenir, et je m'empresse de poser mes lèvres sur les siennes. Mes doigts se perdent dans ses cheveux, alors qu'il monte lentement, très lentement, les dernières marches de l'entrée. Je remercie ma mère d'avoir choisi une porte sans fenêtre lorsqu'Evan m'appuie contre elle en se collant lascivement contre mes hanches. Le baiser qu'il me donne est clair sur ses intentions... transparent, catégorique, franc... Il me communique l'envie brûlant qu'il a pour moi, et il sait que j'ai le même pour lui.