Chapitre 12 : Chassés

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-Une Furie Nocturne ! s'exclama Stoick. Depuis le temps que je veux en attraper une !

Les Vikings continuaient de se rapprocher, voulant immobiliser le Vipère. Mais Astrid ne se laissa pas faire et évita les bolas qu'on lui lança et envoya ses épines aux pieds des Beurkiens en grondant.

-Astrid, transforme-toi ! s'exclama une voix derrière elle.

Elle adressa un regard d'incompréhension à Harold.

-Pourquoi ? Ils vont connaître notre vraie nature si on fait ça !

-Mais ils ne nous tueront pas ! Transforme-toi ! Le chef du village est mon père, il ne nous fera rien !

Astrid obéit, malgré sa réticence. Elle fit réduire le feu en elle et redevint humaine. En rouvrant les yeux, elle vit que les villageois la regardaient avec des yeux ronds.

-Euh... Salut ?

Elle sentit Harold se positionner à côté d'elle, après s'être transformé et extirpé de ses liens.

Le village était silencieux. Soudain, une voix brisa le silence :

-Hey, pourquoi vous vous taisez comme ça ? s'exclama Kranedur alors que lui, sa sœur, Rustik et Varek descendaient de la Grande Salle.

Ils n'avaient rien vu de la scène précédente. Puis, ils les aperçurent, au centre du cercle formé par les Beurkiens.

-Oh, tiens, salut, les gens, fit-il, sans se poser plus de questions.

Son intervention sembla ramener Stoick à la vie. Ses yeux se remplirent de colère et il se dirigea vers eux à grande enjambées furieuses.

-Non, écoute Papa, on peut tout expliquer ! fit Harold en essayant de l'arrêter.

Mais Stoick ne l'écoutait pas. Il empoigna son fils par le bras et le força à le suivre alors qu'il se dirigeait vers sa hutte.

La panique envahit Astrid et elle courut à leur suite. Elle ne pouvait pas se permettre de se retrouver séparer d'Harold dans une situation comme celle-ci.

Arrivé devant la hutte des Haddock, Stoick ouvrit la porte et jeta son fils sur le sol.

-Comment as-tu pu ?! commença-t-il à hurler alors qu'Harold se relevait, Astrid à ses côtés. On avait un deal ! Tu devais t'entraîner à combattre les dragons ! Pas à en devenir un !

-Non, s'il te plaît, écou-

-Vous avez trahi le village, tous les deux ! poursuivit Stoick, les pointant du doigt. Vous vous êtes rangés du côté de ces bêtes !

-Papa, on a pas eu le choix ! répliqua Harold, tentant désespérément de se faire entendre, sans succès.

-Je ne suis pas ton père, cracha Stoick. Tu n'es pas mon fils.

A ces mots, Harold se figea, la bouche ouverte alors qu'il allait dire quelque chose. Il recula d'un pas et Astrid vit ses yeux se remplir de larmes.

La blonde envoya un regard meurtrier à son chef.

-Partez, fit Stoick d'une voix dure. Partez ou vous serez tués comme doivent l'être les dragons et les mutants comme vous ! Mais si vous partez, je vous retrouverai. Je vous retrouverai et vous tuerai de mes propres mains !

Les deux reculèrent de nouveau d'un pas devant la dureté des paroles. Ils n'avaient que 15 ans pour l'amour de Thor ! Quel père menacerait son fils de le tuer ?

Harold ne pouvait en encaisser plus. Il secoua la tête en reculant avant de se retourner et de sortir précipitamment par la porte arrière. Astrid prit soin de foudroyer Stoick du regard avant de le suivre.

Une fois dehors, les deux se transformèrent et s'envolèrent, s'éloignant le plus vite possible du village qui les avait vus naître et qui à présent les chassait.

A l'intérieur de la hutte, Stoick respirait bruyamment dû à la colère et serrait les poings.

Il ressortit brusquement de chez lui. Comme il s'y attendait, son village était à sa porte.

-Ces lâches et traîtres ont fui ! s'exclama-t-il d'une voix forte. Ils sont du côté des démons ! Nous devons faire en sorte qu'ils ne soient pas une menace pour le village ! Qui est avec moi ?

Des dizaines de mains se levèrent, accompagnés de cris de guerre.

•••

Ils se posèrent sur la première île qu'ils rencontrèrent. Dès que ses pattes touchèrent le sol, Harold se transforma et s'effondra, en pleurs. Son père venait de le chasser. Son père ! La seule personne en qui il avait confiance pour ne pas le rejeter s'il découvrait son secret venait de lui promette sa mort prochaine. C'en était beaucoup plus que ce qu'il pouvait supporter.

Astrid se retransforma également et s'assit près de lui. Elle entoura ses épaules de ses bras et le serra contre elle en le berçant. Elle détestait voir son meilleur ami dans cet état-là. Harold était le seul qui ait jamais vraiment tenu à elle.

Alors qu'elle essayait de le consoler, ce qui la dérangeait depuis le début, la chose manquante au tableau lui apparut comme une évidence. Elle l'aimait. Elle aimait Harold de tout son cœur. Pas un amour fraternel ou amical. Non, un amour amoureux. Elle était amoureuse d'Harold.

-Pourquoi est-ce qu'il a réagi comme ça Astrid ? demanda Harold en s'écartant pour la regarder dans les yeux. Je suis son fils, pourquoi est-ce qu'il nous a chassés ?

Il arrivait à peine à contrôler ses larmes.

-Je ne sais pas Harold, répondit tristement Astrid. Mais arrête d'y penser. On ne peut plus y retourner. Il faut les oublier et se construire une nouvelle vie ailleurs. D'accord ?

-Mais tu l'as entendu aussi bien que moi. Il va nous chercher. Pour nous tuer. Il a certainement déjà commencé.

-Alors on s'enfuira, assura Astrid. Ils ne peuvent pas voler eux tu te rappelles ? On s'enfuira.

-Je ne veux pas passer ma vie à fuir Astrid.

-On trouvera un endroit où ils ne pourront pas venir nous chercher. Qu'ils ne connaissent pas, ou qu'ils ne peuvent pas atteindre, je ne sais pas, mais on trouvera.

Harold hocha la tête, silencieux.

•••

Le dragon se stoppa brusquement dans sa course, les oreilles dressées. Devant lui, le dragon Vipère freina et revint vers lui.

-Harold, qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle, inquiète.

Cela faisait deux semaines qu'ils avaient été chassé. Ils s'étaient vite habitués à leur nouvelle vie. Ils avaient appris à pécher, chasser...tuer. Ils n'aimaient pas chasser. Voir la lueur de vie dans les yeux de leur proie s'éteindre. A Beurk, ce n'était pas eux qui s'occupaient de la chasse. Et même, ils avaient des arcs, pour tuer de loin. Mais la méthode dragon était plus sanglante. Et ils ne l'aimaient pas. Mais bon, ils n'avaient pas tellement le choix.

-Chut, lui intima Harold, concentré sur son ouïe.

Puis soudain, ses yeux s'écarquillèrent.

-Envole-toi ! s'exclama-t-il. Stoick nous a retrouvés ! Et il n'est pas seul !

Il avait arrêté d'appeler Stoick son père le jour-même où il les avait chassés. Le chef de Beurk l'avait dit lui-même. Il n'était pas son père.

Les pupilles d'Astrid s'affinèrent, montrant sa panique. Harold ressentit les ondes qu'elle émanait et sa propre panique augmenta. C'était quelque chose qu'ils avaient fini par comprendre la semaine précédente. Quand ils étaient proches l'un de l'autre, ils ressentaient leurs émotions mutuelles, qui se traduisaient en ondes.

Les deux ouvrirent leurs ailes et décollèrent. Juste à temps. Stoick et quelques autres Vikings surgirent à l'endroit où ils se tenaient quelques instants plus tôt. Les Vikings poussèrent des cris de rage en voyant que les deux dragons étaient déjà haut dans le ciel, hors de leur portée.

Ce petit manège se répéta, encore et encore.

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