Chapitre 13 : Hutte

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-Harold, je suis fatiguée de ce jeu, soupira Astrid. Ouch !

-Oups, désolé Astrid, s'excusa Harold alors qu'il s'occupait de la blessure d'Astrid. Et je sais. Moi aussi.

Ils fuyaient. Encore et encore, ils ne cessaient de fuir. Mais à chaque nouvel endroit où ils s'installaient, Stoick les retrouvait et les faisait fuir de nouveau. Et tout cela durait depuis trois années entières. Trois ans à fuir. Ils ne restaient jamais plus de deux mois au même endroit. A chaque fois délogés par Stoick et les Beurkiens.

Ils avaient tous deux beaucoup changé. Ils avaient gagné en maturité et en sérieux. Mais ils avaient aussi changé physiquement. Harold avait grandi, jusqu'à dépasser Astrid (ce qui l'avait d'ailleurs réjoui). A force de voler, sa musculature avait fini par se développer et ses épaules s'étaient élargies. Et Astrid savait qu'il avait un torse parfait, même si elle n'exprimerait jamais cette idée à haute voix. Sa mâchoire était devenue plus saillante et il avait perdu les joues rondes de son enfance. Et plus ça allait, plus ses cheveux n'en faisaient qu'à leur tête.

Quant à Astrid, elle avait grandi, bien que moins qu'Harold. Elle ressemblait maintenant à une femme et non plus à une fille. Elle s'était adoucie, aussi bien dans son physique que dans son caractère. Disons qu'elle avait moins tendance à frapper tout ce qui bougeait.

Les deux avaient dû se procurer de nouveaux vêtements. Harold s'était fabriqué une combinaison en cuir de yack, quant à Astrid, elle avait préféré voler quelques vêtements à Johann le Négociant.

Et les sentiments qu'ils nourrissaient l'un envers l'autre n'avaient pas changé. Ou plutôt, si, ils avaient changé. Ils avaient grandi. Mais pourtant, leur relation n'avait pas bougé d'un pouce. Ils étaient les deux meilleurs amis du monde mais restaient bloqués à ce stade. Tous deux avaient peur de perdre l'autre si jamais leurs sentiments n'étaient pas réciproques. Sauf qu'ils l'étaient. Mais ça, ils ne le savaient pas.

Deux mois auparavant, ils avaient déniché une île, plutôt accueillante. Ils s'y étaient installés, toujours prêt à repartir en cas de danger. Mais après un mois et demi, ils avaient commencé à se dire qu'ils ne seraient pas retrouvés là.

Alors, ils avaient baissé leur garde. Et s'étaient fait surprendre. D'où la blessure au flanc d'Astrid. Ce n'était peut-être qu'une flèche qui l'avait éraflé, mais le tissu frottait contre la plaie et lui faisait mal. Alors dès qu'ils avaient vu une nouvelle île, ils s'étaient posés et Harold avait immédiatement commencé à s'occuper de la blessure de la blonde.

-Voilà, terminé, dit Harold au bout d'un moment en fixant le léger bandage qui ne servait à rien d'autre qu'à faire en sorte qu'Astrid soit plus confortable en évitant le frottement de sa tunique bleue sur la plaie.

Astrid soupira alors qu'Harold reculait.

-Merci Harold, fit-elle.

Il s'assit devant elle, dans l'herbe.

-Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.

Il la connaissait mieux qu'il se connaissait lui-même. Il voyait bien que quelque chose la travaillait.

-J'en ai marre Harold, avoua Astrid. Ça fait trois ans qu'on ne fait que fuir. Et aujourd'hui, ce n'était une égratignure, mais tu sais que c'est déjà arrivé et que ça arrivera encore qu'un de nous deux soient blessés plus gravement que ça.

Harold soupira.

-Je sais mais...on a vraiment un autre choix ? répondit-il. Où qu'on aille, ils nous retrouveront.

Astrid ne répondit pas, plongée dans ses pensées. Soudain, une idée lui vint.

-Tu...tu crois qu'ils nous chercheraient sur Beurk ? demanda-t-elle en relevant la tête pour le fixer.

Il fronça les sourcils.

-Tu veux dire...

-Ils nous ont poursuivis pendant si longtemps à travers tout l'Archipel, expliqua Astrid. Je ne pense pas qu'ils s'attendent à ce qu'on s'installe justement sur leur propre île, si ?

Harold réfléchit un instant.

-Oui, ça peut être une bonne idée, admit-il.

-Alors qu'est-ce qu'on attend ! s'exclama Astrid en se relevant brusquement. Il faut y être avant qu'ils ne rentrent !

Harold sourit. Il reconnaissait bien là son Astrid. Il se releva lui-aussi et ils se mirent en route.

•••

-Ok, ça fait une semaine qu'on est là, ils nous ont toujours pas repéré, fit Astrid. C'est plutôt bon signe non ?

-Très bon signe même, acquiesça Harold.

Les deux s'étaient installés dans la grotte aux lucioles comme ils l'avaient nommé. Cette grotte renfermait beaucoup de bons souvenirs et cela était apparu comme une évidence qu'ils se réfugient là-bas.

Harold observa le visage d'Astrid, éclairé par les petits insectes lumineux qui voletaient autour d'eux.

-Je t'ai déjà dit que tu étais incroyablement belle ? demanda-t-il soudain.

Astrid releva vivement la tête vers lui et se mit à rougir intensément.

-Non, répondit-elle timidement.

-J'aurais dû, répliqua Harold. En fait, je crois que belle n'est pas assez fort. Aucun mot n'est assez fort.

Plus il parlait, plus Astrid rougissait. Et cela, Harold le remarqua bien. Il décida de l'embêter un peu.

-Oh, c'est mignon, tu rougis, fit-il en riant.

Astrid rougit encore davantage. Finalement, Harold se rapprocha d'elle.

-Astrid, je..., commença-t-il. J'ai quelque chose de très important à te dire...

Elle releva les yeux vers lui. Son cœur s'accéléra quand elle se rendit compte de sa proximité.

-Malgré ce qu'on pourrait penser, poursuivit Harold, ces trois dernières années ont été les plus belles de toute ma vie. Parce que tu étais avec moi. Et ce que je voulais te dire c'est que...je t'aime et que j'espère que tu ressens la même chose de ton côté.

Astrid écarquilla les yeux. Alors c'était vrai ? Il l'aimait aussi ? Et elle ne rêvait pas ?! Elle n'arrivait même pas à y croire. Elle vit qu'Harold attendait une réponse et elle la lui donna volontiers. Elle plaqua ses lèvres contre les siennes et l'embrassa.

La surprise passée, Harold ferma les yeux et lui rendit son baiser.

-J'imagine que c'est un « moi aussi », plaisanta-t-il alors qu'ils se séparaient.

Astrid rit et l'embrassa de nouveau. C'était le plus beau jour de sa vie.

Quelques heures plus tard, que les deux jeunes gens avaient occupé en discutant et en s'embrassant, Harold et Astrid s'endormirent, pour la première fois dans les bras l'un de l'autre.

•••

-Quatre mois ! Record ! s'exclama Astrid en riant.

Harold rit aussi alors que le dragon Vipère faisait une figure dans les nuages, criant sans cesse la phrase « on est les rois du monde ! ». Au fil du temps, ces mots qu'elle avait prononcé la première fois qu'elle avait volé, alors qu'elle s'était emplie du sentiment grisant que donnait le ciel, étaient restés et avaient pris le symbole de leur liberté.

-Hey Milady, appela-t-il. Puisque les Beurkiens ont apparemment perdu notre trace, je me disais, peut-être qu'on pourrait s'installer plus confortablement que dans la grotte.

-C'est-à-dire ?

-Construire notre propre hutte, expliqua Harold. Ce sera plus confortable et plus discret pour...enfin tu sais.

Astrid leva les yeux au ciel.

-Mon Thor Harold, est-ce que ça t'arrive de penser à autre chose ?

Harold rit.

-Je plaisantais Milady, je plaisantais. Mais admet que c'est vrai !

Astrid lança une épine qui frôla l'aile noire d'Harold.

-D'accord, on va la construire ta hutte, céda-t-elle en souriant.

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