Dragons

Chapitre 15 : Retour au présent

-Vous connaissez la suite, conclut Harold après son interminable histoire.

Varek, Rustik, Kognedur et Kranedur étaient estomaqués après un tel récit. Ils ne savaient pas quoi répondre. En même temps, que dire après ça ? Stoick leur avait menti. A tous. Il les avait manipulés pendant toutes ces années, leur racontant la trahison d'Harold et d'Astrid alors que c'était lui-même qui avait fait d'eux des traîtres.

-On devrait aller dormir, finit par dire Harold. Il est tard.

Les quatre Vikings se rendirent compte que la nuit était tombée et que la lune était déjà haute dans le ciel. Didrik s'était déjà endormi, sur les genoux d'Astrid.

Varek, Rustik et les jumeaux hochèrent la tête et s'enfoncèrent dans la caverne pour aller dormir.

Harold soupira une fois qu'ils furent assez loin pour ne pas l'entendre.

-J'espère qu'ils ont compris, dit-il à Astrid.

-J'en suis sûr, affirma-t-elle. Ils sont plus intelligents qu'ils n'y paraissent. Pour Rustik et les jumeaux du moins. Varek n'a pas besoin de prouver son intelligence.

-Comment est-ce qu'on en ait arrivé là Milady ? demanda Harold en passant son bras non blessé autour d'elle.

-A cause de pleins de choses, répondit-elle en posant sa tête sur son épaule. Des choses bonnes et d'autres mauvaises.

Un silence s'installa entre eux, seulement brisé par le bruit de leurs respirations.

-Tu as vu ? finit par dire Astrid en caressant les écailles de son fils sur ses genoux. C'est la première fois qu'il s'endort alors qu'on est humain.

-C'est bien, répondit Harold en posant sa deuxième main sur celle d'Astrid.

Le silence reprit. Ils n'avaient pas besoin de parler pour connaître les pensées de l'autre. Ils ressentaient leurs émotions mutuelles et savaient qu'ils avaient besoin tous les deux de la proximité de l'autre.

Après des jours et des jours enchaînés dans une grotte, côte à côte et pourtant si loin l'un de l'autre, ils avaient besoin de se savoir mutuellement présent et en vie.

Au fur et à mesure que le temps passait, leurs paupières s'alourdissaient. Finalement, Harold s'allongea de tout son long sur le sol, imité par Astrid.

Elle se lova contre lui, aussi près qu'elle le pouvait et installa Didrik entre eux deux, confortablement. Elle enfouit son visage dans le cou du brun, comme elle avait l'habitude de le faire. Elle aimait faire ça. Ainsi, elle sentait sa peau contre la sienne et elle s'endormait en respirant son odeur.

Harold passa un bras autour de sa taille pour la rapprocher encore et elle posa sa main contre son torse, toujours nu. Il ne pouvait pas remettre sa chemise et sa combinaison, sous peine de rouvrir sa plaie.

-Je t'aime Harold, souffla-t-elle avant de s'endormir.

-Je t'aime aussi Milady.

•••

-On a décidé de vous aider, annonça Varek le lendemain.

-Ah oui ? s'étonna Harold. Et comment ?

-On va convaincre Stoick que vous n'êtes pas ce qu'il croit, affirma l'érudit.

Harold et Astrid s'interrompirent alors qu'ils s'appliquaient à dépecer un sanglier chassé le matin-même et se redressèrent pour le regarder.

-Je ne crois pas que tu réalises qu'il sait déjà qui nous sommes, dit Astrid. Il vous fait croire à des mensonges. Il a parfaitement conscience que c'est sa faute si nous sommes des traîtres. Que c'est lui qui nous a transformés en traîtres.

-Pourtant, intervint Rustik. On est en guerre contre les dragons. Et vous êtes à moitié dragon donc...

-Je vois ce que tu veux dire Rustik, répliqua Harold en reprenant sa tâche. Mais il sait parfaitement qu'on n'a pas eu le choix. On n'a pas décidé de devenir à moitié dragon. Un traître est quelqu'un qui trahi sa tribu consciemment et volontairement.

-Moi, je trouve ça plutôt sympa d'être à demi-dragon, commenta Kranedur. Ça doit être cool de pouvoir cracher du feu et faire exploser des trucs sans utiliser d'allumettes.

-Ah ouais t'imagine ! renchérit sa sœur. Le rêve ! Tu serais quoi toi ? Moi, je pense que je choisirais le Hideux Braguettaure, le gaz et les étincelles, c'est trop classe !

-Le Murmure Mortel ! affirma Krane. C'est trop énorme un Murmure Mortel ! Je comprends pas pourquoi vous avez choisi la Furie Nocturne et le Vipère, franchement, c'est un peu nul.

Harold et Astrid les observaient avec des yeux ronds.

-Ils sont sérieux ? demanda Astrid à Varek et Rustik en les pointant du doigt.

-T'as pas idée, soupira le Jorgenson.

-Ecoutez les jumeaux, intervint Harold alors qu'ils s'embarquaient dans des plans de destruction massive au cas où ils deviendraient mi-dragon eux-aussi. Je croyais qu'on avait été clair sur le fait qu'on n'a pas choisi ! Ça nous est simplement tombé dessus comme ça !

-Roh, ça va, pas la peine de le prendre comme ça, ronchonna Kranedur.

-Vous pensez bien que si on avait eu le choix, on n'aurait jamais choisi ça ! reprit Harold.

Il s'interrompit en voyant Didrik tirer sur un morceau de chair de sanglier qu'il n'arrivait pas à détacher. Le petit dragon tira de toutes ses forces et quand finalement le morceau de viande céda, il fut rejeté en arrière et atterrit à plat ventre sur le sol. Didrik poussa un pépiement de protestation.

-Ou, tout bien réfléchi, non, je suis content que les choses se soient passées ainsi, se corrigea Harold, amusé du comportement de son fils. Mais, on n'a pas choisi. Vous comprenez ?

-Ouais, ouais, on comprend, maugréa Kogne. Mais n'empêche ! Faire exploser des trucs à la demande est toujours super génial !

Harold et Astrid levèrent les yeux au ciel. Les jumeaux étaient incurables.

-Bref, revenons au sujet de départ, fit Astrid. Vous voulez convaincre Stoick de nous re-accepter dans le village, c'est bien ça ?

-Oui, c'est ça, acquiesça Varek. Je pense que-

-Et qui t'as dit que nous voulons retourner dans le village ? l'interrompit Astrid, sans le regarder, les yeux baissés vers son travail.

Varek en resta sans voix quelques instants.

-Q-quoi, mais-

-Notre vie n'est plus là-bas Varek, expliqua Harold en relevant la tête vers lui. Notre place est dans la nature maintenant, pas au milieu d'un village.

-Mais...

-Et puis, vous ne pouvez pas retourner à Beurk, reprit Astrid. Vous êtes des traîtres. Des vrais. Ils vous tueraient. On ne vous a pas sauvé pour que vous y retourniez ensuite.

-Mais vous ne voulez pas que Stoick dise la vérité à propos de vous ? s'étonna Varek. Qu'il arrête de vous chasser comme il le fait ?

-Si, avoua Astrid.

-Mais Stoick ne peut pas être raisonné, termina Harold. Et vous allez d'ailleurs devoir trouver un endroit sûr où vivre. On ne va pas vous trimballer jusqu'à la fin de notre vie. Vous nous avez sauvés, on vous a sauvés, on est quitte.

Leur ton indiquait que la discussion était close. Mais Rustik ne semblait pas de cet avis.

-Bon, écoutez, les deux, là, fit-il d'une voix autoritaire. On propose de vous aider à faire en sorte que Stoick ne cherche plus à vous tuer. Vous ne pouvez pas refuser. Vous avez un fils à protéger et quelque chose finira par lui arriver si vous ne faites que fuir. Alors, vous allez accepter notre aide, un point c'est tout.

Son ton était sans appel.

Harold et Astrid échangèrent un regard las. Les Vikings étaient décidément plus que bornés. Mais Rustik avait raison. Ils ne pouvaient pas passer leur vie à fuir.

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