Chapter V| PDV Ayleen

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Hier soir, après avoir aidé Josh avec ses maths, je suis directement partie dormir, sans manger. Si Galia, James et Tobias le savaient je crois bien qu'ils m'assassineraient. Enfin bon, voir la chambre de Josh et savoir que Aaron l'avait aidé m'a donné une idée. Changer d'environnement. Voilà ce qu'il fallait que je fasse. Je suis sûre que ça ne peux être qu'une bonne idée. Je... Je ne veux pas sans cesse me rappeler de ce que j'ai vécu avec Aaron et changer d'environnement est peut-être le point de départ à ça. Je me lève alors déterminée à faire part de cette idée à mes parents. Cependant, je passe premièrement à la salle de bain et m'habille d'un jean boyfriend troué ainsi que d'un débardeur noir, d'une veste armée et met mes basket adidas aux pieds. Je prend mon sac et descend dans la cuisine là où se trouve mes parents qui continuent inlassablement de s'ignorer.

"Papa, maman.

-Oui ? Sourit faussement ma mère.

-J'ai besoin de nouveau. De changer d'environnement.

-Et qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ?

-Rien justement. Enfin si, accepter que je change complètement la décoration de ma chambre. Que je la transforme. Je n'arrive pas à y rester sans avoir envie de hurler de douleur, de pleurer. Je n'arrive pas à revoir chaque souvenir que j'ai avec Aaron et à me dire que c'est terminé. Que je n'aurai plus jamais le droit à ces moments de bonheur avec lui. Il faut que je la modifie pour que j'arrête de voir Aaron à chaque coins de murs, à chaque renfoncement. J'ai besoin de se changement pour oublier la douleur rien que le temps d'un instant."

Le regard noir que me lance ma mère me bloque et me perturbe. Je ne comprend pas un tel comportement. Nous ne sommes pas proches, nous ne l'avons même jamais été mais je ne pensais pas qu'elle avait aussi peu d'estime pour moi. Ma mère se décide finalement à prendre la parole.

"Parce que tu ne crois pas que tu mérites de la ressentir cette douleur ? T'es sa jumelle, t'aurais dû le sauver. Mais non, madame est trop égoïste ! Tu l'as laissé mourir. Tu es juste une bonne à rien. C'est toi qui as tué ton frère. Toi et personne d'autre."

Le regard de haine qu'elle me lance me fige au plus haut point. Comment peut-on haïr son enfant à ce point ? Les larmes me montent au yeux. Mon père regarde sa femme outré et surpris de ses propos et quand je me retourne, prête à partir, mon frère se trouve stoïque dans l'entrée de la pièce. Il regarde ma mère avec horreur et ne semble pas vouloir se décrocher d'elle. Je le bouscule et pars en courant. J'attrape mon sac et passe la porte. A peine ai-je eu le temps de fermer la porte que de nouveaux cries font vibrer les murs de la maison.

Je ne comprend pas ma mère, je sais qu'elle et moi ça n'a jamais été le grand amour mais je n'arrive pas à concevoir qu'elle me déteste à ce point. Et puis, elle est tout autant responsable de la mort d'Aaron que moi. Je ne comprend pas  comment elle peut m'en tenir pour seule responsable. Elle est sa mère bon sang ! Elle aussi aurait dû voir quelque chose ! Elle est aussi inutile que moi. Tout comme mon père et Josh finalement. Ainsi que tout les amis d'Aaron. Alors pourquoi tous semblent me remettre la faute dessus ? Je ne suis pas la seule coupable ! Ils le sont tout autant que moi ! Et ça me fait chier de me dire que j'en paie les pots cassés. Je ne suis pas un ange, loin de là mais pourquoi suis-je la seule à prendre à la maison ? Pourquoi suis-je la seule à recevoir ses regards noirs ? La seule à me prendre des remarques ? C'est incompréhensible...

J'arrive devant le lycée avec de longues minutes d'avance. Une trentaine pour être tout à fait exacte. Mais je ne m'y formalise pas et entre dans l'enceinte du bâtiment. Les adultes déjà présents se retournent étonnés vers moi. C'est vrai qu'à cette heure, peu d'élèves sont déjà ici, la plupart, comme moi d'habitude, privilégient les heures de sommeils que les heures de cours. Mais être ici et finalement plus reposant qu'être chez moi. Je range mon sac dans mon casier et m'assois à même le sol du couloir complètement vide. Je sors mon téléphone de ma poche et ouvre l'application we are it et lance une recherche de décoration de chambre. Je ne compte pas abandonner cette idée parce que c'est la seule chose qui me motive un minimum depuis trois semaines. Je sais que ma mère est contre cette idée mais je sais également que mon père me la donnera, cette permission.

Adolescence PerdueWhere stories live. Discover now