Chapter VI| PDV Isaak

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Je me réveille au pied de mon arbre, "mon repère". Sa tête endormie sur mon épaule, me fait sourire. En essayant de ne pas la réveiller je me glisse sur le côté, afin de dégager mon épaule de l'emprise de sa tête. Je prends le soin de ne pas la réveiller pour me mettre à chercher ce gars qui se permet de lui faire des déclarations d'amour débiles. Je pars en direction du lycée Jefferson, en espérant que cet abruti sera là, à l'attendre. Mais sans n'avoir le temps de me y attendre on me tire en arrière, et j'aperçois alors la tête de Téha.

Son visage était empli de tristesse et de colère, et d'un geste rapide elle me gifle.

-Téha ?

-Tu te permets de me laisser seule en pleine nature, sans explications ni rien... Pourquoi ?! Je te parie que c'est pour le mec d'hier. Tu es pitoyable, me laisser alors qu'il pourrait très bien y avoir un jaguar qui surgirait d'un buisson.

-Oui c'est pour aller le voir, et malgré que tu es été sérieuse au début de ton petit discours, la fin c'est un peu parti en vrille dans ta tête non ?

-Ne change pas de sujet ! Les animaux sauvages ça fait peur !

-Désolé ?

-Un câlin ?

-Tu vas vouloir un bisous je suppose avec ça ?

-Exact, c'est si prévisible que ça ?

-Oui Téha...

Alors sans me faire plus prier je m'approche d'elle et la serre dans mes bras, ainsi qu'en l'embrassant sur la joue. Dans un souffle au creux de son oreille je lui fais part de ma pensé.

-Téha...

-Hum ?

-Tu sais que, souvent l'amitié finit en amour... mais rarement l'amour finit en amitié.

-Isaak ?

-Je... je suis devenu fou. Je le vois partout, il m'obsède. Sa mort me coupe le souffle et j'essaie de comprendre la ou les raisons de ce pourquoi ? Et tu me redonnes juste un peu l'espoir que j'avais perdu.

-Je, Isaak...

-Je n'ai jamais été autant perdu, et c'est une erreur ce que je fais maintenant. Pardon de n'avoir pas su trouver les mots pour exprimer ce que je ressens. Mais ce n'est pas une bonne chose, je n'ai..., je ne peux pas être avec toi ! Tu comprends ? Ce n'est... je t'aime tu le sais, mais je vais te faire du mal, comme je l'ai fait avec d'autres au-paravant et notre amitié sera, oui, elle sera foutue.

-Isaak... me fit-elle parvenir entre deux respirations à mon oreille.

-Désolé, je sais que je ne dois pas..., mais avant que je ne finisse ma phrase, elle me coupe en déposant ses lèvres contre les miennes dans un léger sanglot.

"Je t'aime moi, Isaak. Je ne peux pas, tu ne peux pas me dire cela ! C'est mon choix, si je dois souffrir c'est le destin. Mais je ne veux pas passer à côté d'une histoire qui ne sera que merveille malgré les disputes qu'il y aura. Je t'aime, tu comprends !"

Ses yeux humides me supplient de briser ce silence si pesant. Alors j'imite le geste qu'elle a fait quelques secondes plus tôt. Je m'avance, et une fois de plus nos lèvres entrent en contact.

-Tu es le seul sur qui je peux compter désormais depuis qu'il est parti, notre lien est plus fort que tout, nous résisterons. Je le promets Isaak.

Finissent de couler ses larmes sur mon épaule, et je dépose un baiser sur le haut de son crâne en y déposant ma main dans sa longue chevelure rousse. Nous reprenons notre route vers le lycée de plus belle, main dans la main n'ayant plus cette rage pour ce gars. J'espère tout de même qu'il sera dégoûté à la vue de notre couple.

Son "je t'aime" tourne en boucle dans ma tête, comme un disque qui ne se raille jamais. Mon amour pour elle est désormais libre, mais celui-ci me rend de plus en plus vulnérable... et ça me fait peur. L'amour altère le jugement ou l'amour rend plus fort ? Les deux peut-être... il me rend surtout protecteur avec elle, plus que je ne l'ai jamais été. Et cela me fait une boule dans l'estomac, qui se fait de plus en plus grosse chaque jour. Tout ce dont je n'avais pas besoin dans cette période de ma vie, même peut-être jamais en fait. Je ne veux pas lui faire de mal, je ne me comprends pas, pourquoi ai-je cédé ?

-Le lycée Jefferson...

-Là où tout a commencé, enfin je présume.

-Comment tu as su que je pensais à la même chose que toi ?

-Tout se lit sur ton visage Isaak, enfin presque.

-C'était mon frère... ce lycée me donne des frissons maintenant. C'est pas souvent que je dis avoir peur, j'ai même jamais eu ce sentiment. Je le vois.

Son visage m'apparait partout. Je me fais peur, je deviens fou. Peut-être est-ce juste un message qu'il veut me faire passer depuis l'au-delà en fait ? Je doute de moi, arriverais-je un jour à trouver cette raison ? Ces hallucinations veulent me guider... mais vers quoi ? J'ai raté des signes lorsqu'il était encore en vie. Ces signes qui avertissent lorsque l'on touche le fond, et je n'ai pas su les voir... je m'en veux. Ma colère ne veux plus se cacher, je me sens comme méchant qui a, à l'intérieur de lui cette faim. Cette faim qui ne se nourrit que de douleur. Téha... elle devrait me fuir.

Téha et moi nous séparons dans l'établissement, nous avons deux cours différent, elle Physiques, à mon plus grand désespoir et moi Mathématiques. Mais je n'ai nulle envie d'y aller, alors je décide de m'installer sur un banc dans la cours, pour écrire un de ces textes qui me libèrent du mal. Un autre texte pour lui, pour toi Aaron. Sache que tu resteras toujours une partie de moi, mon frère.

La nuit je t'attends, mes paupières ne peuvent se fermer. Les pensées me consument, les pensées de toi me dévorent, me tuent. Reste avec moi un peu plus longtemps, je t'en prie. N'efface pas les souvenirs qu'il me reste de toi, ne fait pas disparaître ces hallucinations. J'en ai besoin pour survivre, sans toi je mourrais. C'est ma destiné. Depuis toujours nous sommes liés et nous le resterons, jusqu'à ce soit à mon tour de mourir. Les ombres se rapprochent voulant devenir plus fortes. Elles veulent prendre emprise sur moi, elles sont plus forte que la fierté, plus forte que le courage, que la force elle même. On m'a dit un jour, qu'avant de commencer une guerre il fallait savoir ce pour quoi on se bat. Et je le sais maintenant, je veux rétablir la vérité sur ta mort, combattre ces démons qui me rongent. Tu es loin de moi, mort, enterré. Et je suis enseveli, c'est ce que l'ange me fait désormais. Je t'ai prié de ne pas me quitter, mais tu m'as dit un jour, que là où j'irai tu iras et qu'une partie de toi resteras avec moi. Je crois avoir compris maintenant que jamais ton portrait s'effacera de mes paupières, pas avant d'avoir trouver pourquoi tu as fait ça. Puis le temps passera, et seul les photos de toi m'aideront à ne pas oublier ton visage dans ce vaste esprit. Toi et moi ce sera toujours, Aaron.

Adolescence PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant