Chapter XIII| PDV Ayleen

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Ce matin quand je me réveille, j'ai un horrible mal de crâne, c'est comme si un marteau piqueur me martelait la tête. En plus j'ai froid et mon dos me fait mal aussi. Je me frotte les yeux et relève la tête. Et merde ! Où est-ce que je suis ? Dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée ? Je me laisse tomber sur le dos et je soupire. Que s'est-il passé hier pour que je me retrouve ici ? Je me souviens simplement que je me suis barrée de chez moi après cette soirée vraiment pourrie mais après c'est le trou noir. Je ne me souviens de rien. Je me relève et épousette mon jean. Je sors mon portable de ma veste, par chance je ne l'ai ni oublie ni perdu. Il est 7h. Et j'ai trente appels manqué de Tobias, dix d'Isaak et un de mon père ainsi qu'une cinquantaine de message de Tobias, quinze d'Isaak et toujours un seul de mon père. Bordel mais que s'est-il passé hier ? Une quinte de toux me prit alors, irritant ma gorge asséchée. Elle me donne les larmes aux yeux et je porte mes mains contre ma gorge dans une vaine tentative d'apaiser la douleur.
Une fois calmée, je sors mon téléphone et décide d'appeler Tobias en premier. Les sonneries se suivent les unes les autres et il répond juste avant que je ne sois envoyée sur sa messagerie.

"Bordel Ayleen tu vas bien ?! T'es où ?!

-Euh... je... ca va... mais je... hum... je ne sais pas où je suis...

-Hein ? Mais ? Bon ok, qu'est-ce que tu vois autour de toi ?

-De l'herbe ?

-C'est une question ou une affirmation ?

-Une affirmation.

-Bien, et plus... il éloigne légèrement son téléphone de sa bouche. Rah attend deux secondes Bae ! Oui donc Ayleen ! Plus précisément tu vois quoi ?

-Il y a beaucoup d'arbres et une rivière. Ô et il y a une espèce de balançoire pour adulte.

-Ok je sais où tu es ! J'arrive dans vingt minutes !

-Attends ! Il s'est passé quoi hier ?

-Tu... tu te souviens... de rien ?

-Nan, j'ai juste mal partout..

-Bordel... t'es vraiment tarée.

-Mais quoi ?

-T'as débarqué chez moi hier ivre comme pas possible et quand je suis parti appeler tes parents, tu t'es juste tirée sans rien dire... après j'ai essayé de t'appeler tellement de fois mais tu répondais pas.

-Oh merde... Je suis vraiment désolée ! Tous ce que je me souviens de cette soirée c'est d'avoir quitté la baraque en colère...

-Je viens te chercher. Reste où tu es ok ?

-Ok..."

Il raccroche et je décide d'appeler Isaak, cinq fois mais celui ci ne me répond pas. Eh merde, qu'est-ce que j'ai bien pu faire...

"Monte, je te ramène."

Tobias vient d'arriver en voiture. Je ne me fais pas prier et je monte, les yeux baissés.

"Tu sais que tu as effrayé tout le monde ?

-Je... Je...

-Nan ! Tu n'as rien à dire Ayleen ! Tu n'as aucune excuse ! Son visage tendu et rougit par la colère reste concentré sur la route alors que je me tasse contre mon siège. T'es complètement inconsciente ! Il t'a prit quoi de sortir comme ça hein ?"

J'ouvre la bouche mais il coupe immédiatement.

"Nan, en fait tu sais quoi ? Je veux même pas savoir. Tu m'as déçu Ayleen. Je sais que tu souffres de la mort de ton frère mais ça ne te permets pas de faire tout ce qu'il te passe par la tête sans jamais te soucier de rien ! Bordel il y a des gens qui tiennent à toi ici ! Oui Aaron est mort et je ne sais pas ce que ça fait, je ne peux pas te comprendre mais moi je t'aime ! Je t'aime tellement Ayleen et cette nuit tu m'as fait la peur de ma vie ! J'ai eu peur que tu fasses une connerie Ayleen ! Je ne te connais peut-être que depuis quatre ans mais tu es toute ma vie ok ! Tu es la première à m'avoir accueilli, la première amie que je me suis fait dans cette ville de merde et je refuse que tu fasses la même chose que ton frère ! Je le refuse !"

Des larmes roulent sur mes joues, je peux voir à quel point il est énervé et je me rend compte que j'ai dépassé les limites. Ça fait des semaines que lui, James et Galia cherchent par tous les moyens à m'aider et que je les repousse, que je les traite comme des étrangers. Ça fait des semaines que je leur donne des raisons de s'inquiéter de mon état et ils n'en peuvent plus. Du moins Tobias même si je me doute que les autres doivent arriver à un point de saturation et je m'en veux. Je m'en veux terriblement. J'ai été tellement accaparée par mes propres problèmes que je les ai délaissé. Je n'ai même pas demander à Tobias qui était la personne avec qui il semble partager sa vie. Je me sens nulle. Je me rends compte que je n'ai été vers eux que lorsque j'ai eu besoin d'être rassurée.

"Je suis désolée Tobias. Tellement. Je sais que je fais tout de travers mais je ne sais plus comment faire. Les derniers mots que je lui ai dit sont "Vas te faire voir putain, t'es pas mon père merde !". Il était le fils parfait, celui que tous parents rêvent d'avoir et à côté je me sentais tellement nulle que je me suis mise à le détester. Enfin pas vraiment mais dès que je le voyais ça me rappelais à quel point il était parfait et à quel point mes parents, surtout ma mère l'admirait. Je me sentais rejeté et c'est à lui que j'en ai voulu. Je me sens honteuse parce qu'il est mort en croyant que je le détestais... Et maintenant je fais n'importe quoi avec vous parce que je sais que je ne mérite pas votre amitié. Je suis un monstre. Je ne mérite pas que vous m'aimiez comme vous le faites ! Je ne mérite pas l'intention que vous me portez ! Je ne mérite pas de vivre..."

Je cache mon visage dans mes mains et mon corps est secoué de sanglots que je n'arrive pas à contenir. La voiture s'arrête et sans un mot Tobias me serre contre lui et m'embrasse le sommet de la tête.

"Je t'aime Ayleen. Plus que ma propre vie."

***

Je passe  la porte, la boule au ventre. Il faut que je parle avec Isaak. Je l'ai inquiété hier et je lui dois des excuses. Cependant à peine le pas de la porte passé se sont mes parents qui m'accaparent, me hurlant que je suis irresponsable et tant d'autre reproche que je n'écoute plus depuis longtemps.

"Et ramener un délinquant à la maison ? Mais tu es complètement malade ?"

A ces mots je relève vivement la tête comprenant qu'il y a un problème avec Isaak. 

"Quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est Isaak ?

-Au commissariat ! Parce qu'il a tabassé des garçons devant ton lycée ! Il est complètement débile ! S'écria ma mère, épouvantée.

-Quoi ? Non c'est un malentendu ! Il faut que j'y aille !

-Hors de question que tu sortes d'ici Ayleen ! Nous sommes tes parents et je te jure que si tu oses franchir cette porte n'ose même pas revenir ! Hurle mon père, rouge de colère. Tu t'assois maintenant !"

Il pointe le canapé du doigt et pétrifiée je m'y installe. Je n'ai jamais vu mon père comme ça et ce qu'il vient de me dire me blesse profondément. Je n'aurais pas pensé mon père capable de me foutre dehors et les larmes me montent aux yeux. Je sais qu'il l'a dit principalement par colère mais c'est tellement blessant ! La porte s'ouvre alors et je saute presque hors du canapé alors que mes parents viennent à peine de s'y asseoir.

"Isaak ! Tu as pu sortir.

-Oué ! Et c'est surtout pas grâce à ton putain de témoignage, merci franchement. En attendant, je crois que je compte plus pour ma mère et Téha que pour toi. Je récupère mes affaires et j'm'en vais pour de bon. Loin de vous, loin de tout. Vous serez heureux d'entendre que je m'installe à quelques heures d'ici."

Après ces paroles que j'encaisse tant bien que mal, les larmes que je retenais depuis les paroles de mon père sortent. Je lui coure après, le supplie de rester, lui dit que j'ai besoin de lui mais rien n'y fait. Il claque la porte et me laisse derrière, anéantie. Mes jambes se dérobent sous mon poids et je m'effondre sur le sol, des gémissements plaintifs passent la barrière de mes lèvres et sont vite remplacé par des cris de tristesse et de désespoir. J'ai tout perdu, tout. Mon frère, mes parents, j'ai déçu et blessé mes amis et je viens de le perdre lui. Je l'appelle mais mes appels reste sans réponses et mes pleurs redoublent d'intensité. Mon père essaie de me soulever mais à peine sa main m'effleure que je hurle, le contraignant à s'éloigner. Je ne veux pas qu'il me touche. Je ne le supporterai pas. Je me redresse et cours dans ma chambre, bousculant Josh sans ménagement au passage. Je m'écroule sur mon lit et c'est un sommeil agité qui ma gagne.

Adolescence PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant