Chapter VII| PDV Ayleen

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Je camoufle les cernes, les cache derrière un masque de maquillage, tout comme je cache ma peine derrière un masque d'indifférence. Lentement, je crée un mur autour de mon cœur, enfermant mes sentiments. Une larme roule sur ma joue et je me promets que ce sera la dernière. Je n'en laisserai plus une seule couler. J'en fais la promesse. Je relève le visage vers la glace. Mon visage est impassible. Aucunes émotions. Rien. Juste fermée au monde. Seuls mes yeux me trahissent. Mais je m'en fiche. Je suis fière de moi. J'ai enfermé chaque sentiments au fond de moi et je ne les laisserai pas sortir. Jamais.

Je m'habille d'un jean taille haute noir et d'un haut  transparent noir avec un bandeau noir  couvrant ma poitrine. J'attrape mon sac, descends et me précipite dans la cuisine. Je dois reprendre du poids. Je suis tellement faible que ça devient vraiment problématique. J'attrape une assiette où des gaufres reposent, sûrement mon père qui les a faites pour s'excuser de son absence hier. Peu importe. J'en prends une première que je tartine de chocolat et que j'avale rapidement. Puis une deuxième. Et une troisième. Je bois un verre de jus de fruit et pars, ne le signalant à personne. De toute façon, ils le verront.

Les mains dans les poches, je me dirige vers le bâtiment qui me sert de prison depuis presque trois ans. Je traverse les rues, la tête haute, bousculant sur mon passage ceux qui le barrent. J'ignore leurs grognements. Une fois devant le lycée, je le fixe. Je sens les regards des gens déjà présent et après une inspiration, fait demi tour. Je ne veux pas y aller. J'en ai assez de subir leur pitié. Je ne suis pas un faible petit animal. J'ai ma fierté et les laisser me regarder comme ils le font me tue. Mais je sais également que je n'aurais pas la force de les envoyer chier aujourd'hui. Pas après la nuit que j'ai passé.

Je sors mon téléphone et affiche ma conversation avec Galia. Je tape un nouveau message à son intention et range mon cellulaire.

A Galia

De Ayleen

Je suis malade, ne m'attendez pas. Je reviens demain. Bis :3

Je tourne les yeux et vérifie qu'aucun professeur ou pion ne soient dans les parages. Pas besoin de me faire coller pour avoir essayé de sécher si je ne l'ai même pas fait. Ne voyant aucuns vautours aux alentours, je m'engage sur une petite route juxtaposé au lycée.

C'est une simple route bordée de maisons résidentielles mais au bout de cette route, il y a un souterrain qui mène près d'une maison abandonné depuis si longtemps maintenant. J'aime l'ambiance qui y règne. C'est silencieux, calme, oppressant. J'aime ce genre d'endroit. Je ne comprends pas pourquoi. J'ai toujours aimé cette pointe de noirceur, d'angoisse qui y règne. A partir de mes 14 ans, je n'en ai plus jamais parlé. Chaque fois que je le disais à une personne que j'appréciais, celle-ci ne voulait soit plus me parler, soit se moquait de moi, me disant que j'étais folle à lier. Alors j'ai préféré me taire. Le seul a qui j'ai continué d'en parler était Aaron. Il est même venu une fois mais il s'y est senti trop mal à l'aise et n'ai jamais revenu.

Toujours est-il que cela fait cinq mois que je n'y suis pas allé et ça me manque. Pour la plupart des personnes, les liens qui les apaisent ressemble plus à de magnifique panorama dans une clairière, un parc, la mer... Mais moi non. Ces lieux m'ennuyaient à mourir. Je n'y ressens rien. Et cette maison est leur total contraire. Mort et peur y vit et c'est ce qui me plait. Je ne suis définitivement pas comme les autres mais étrangement, je m'en réjouis. Être identique est tellement insipide. Je veux dire, je me complais dans ma différence. Je n'ai pas envie de rentrer dans le moule et de faire comme les autres.

J'arrive à la fin de la route et tourne vers la gauche. Je dégage une petite plaque semblable à celle des égouts et m'y engouffre. Ce chemin est le seul permettant d'accéder à cet espèce de vieux manoir. La municipalité nous a interdit d'y aller car le terrain est dangereux et qu'ils n'ont pas l'argent pour la faire détruire.

Adolescence PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant