Fake Loves

Premier Eclat

- Hyung*, j'en peux plus!

-Ouvre cette porte, Jimin.

-Mais bordel Hyung, ouvre un peu les yeux ! Je vis dans un putain d'enfer et c'est de ta faute !

Des sanglots bruyants échappèrent à Jimin. Il glissa lentement au sol, s'adossant à la porte. Tout était si compliqué, il ne savait plus où donner de la tête tant son coeur voulait mourir. Le dilemme le déchirait, torturait son âme, roulait sur ses joues en peines amères, et la voix aigre-douce de son tendre bourreau, dont les supplications le tuaient un peu plus à chaque fois, lui donnait un mal de crâne pas possible. Une scène qui devenait bien trop répétitive pour ne pas qu'on comprenne qu'elle n'était qu'un mensonge ; qu'une excuse idiote pour ne pas affronter la vérité bien trop douloureuse pour leur cœur abîmé.

-Jimin... Me laisses pas tout seul.. J'ai besoin de toi. Je contrôle pas tout ça... Je... Je t'aime merde...

Le coeur du plus jeune se comprima violemment. Il planta ses ongles dans sa peau, violemment, se forçant... Ce n'était pas bon, il ne devait pas craquer, il se devait de résister aux douceurs qui enserraient cette voix, il devait oublier la culpabilité réelle qui perçait les mots doux, étouffer ses sanglots parce que sinon tout allait encore recommencer, encore et encore et encore, et c'était sans fin putain ! C'était dur, si dur de résister et pourtant...

-Je t'aime, je t'aime tellement...

Les murmures de son amant firent frissonner Jimin, il se sentit monstre, abomination, il se sentit horrible et dégoutant de l'ignorer ainsi... Mais pourtant, ce n'était pas lui le monstre. L'amour est aveugle mais ses yeux brouillés de larmes affrontaient la trop épouvantable réalité depuis bien longtemps. Cependant il savait, il savait les regrets de l'autre sincères, il savait sa peine bien trop grande pour son coeur fragile et c'était terriblement dur pour lui de vivre dans un tel esprit de contradictions, de se battre contre cette folie qui le guettait à chaque fois que les marques bleutées habillaient sa peau d'un voile de douleur et qui tordait son âme à chaque fois que les pardons de son tortionnaire trop aimé lui parvenaient droit au coeur.

- Mon coeur...

Seul le silence lui répondit. L'autre bataillait contre lui même, il ne devait pas ouvrir cette porte, il ne devait pas faiblir, il ne devait pas penser à la noirceur brulante qui écartelait son cœur, il devait...
Mais il ne tint pas. Il ne tenait jamais, ils le savaient tous deux. Au moment même où ses lippes s'entrouvrirent, ils surent que ça allait recommencer, parce que ces mots là, il les avait prononcé tant de fois qu'ils n'étaient plus que des mots sans sens et sans utilité, pour la formalité, pour entretenir ce mythe auquel ils ne croyaient plus.

-Promet moi de ne plus me faire de mal.

Un couinement retentit. Comme s'ils ne s'y attendaient pas, comme si l'autre devait simuler la joie et la surprise, alors qu'il savait pertinemment que Jimin allait craquer.

- Je te le promet, Jimin, je te le promet !!!

La porte s'ouvrit et le plus vieux sauta dans les bras de son amour de toujours, ce dernier oubliant un instant ce que lui avaient fait les mains qui enlaçaient son corps.

-Je t'aime, Yoongi.

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La poignée s'abaissa délicatement.

-C'est à cette heure-ci que tu rentres?

-Je t'avais dit de ne pas m'attendre, Joonie.

"Joonie" baissa le regard. Il inspira délicatement, se grattant la nuque de gêne, s'armant de courage pour poser la question qui le tourmentait à longueur de journée, dont il connaissait la réponse mais refusait de la savoir.

-Hyung... tu m'aimes encore ?

C'était droit, plutôt franc, et d'une simplicité enfantine. Une petite phrase comme ça et qui, pourtant, avait l'effet d'une bombe. Une bombe à retardement, et dont les secondes se calaient au rythme effréné de ses battements de coeur.

- Ouais... Dis moi, t'aurais pas pris un peu de poids? Faut vraiment que t'arrêtes de rien faire...

Namjoon soupira tandis que la pique acerbe se plantait parmi les autres dans son coeur, comme un champ de tournesols aux fleurs fanées par le soleil. Pourquoi l'homme qu'il aimait n'acceptait pas son métier? Il écrivait des paroles de chansons, faisait également des traductions: cela le passionnait, il trouvait ça génial et était plutôt doué... Mais son petit ami ne considérait pas ça comme un métier digne de ce nom, peut être parce que Namjoon travaillait à la maison ou bien simplement parce qu'il était du style traditionnel et que, pour lui, toute personne étant autre chose qu'avocat, médecin, juge ou un quelconque autre métier de ce genre là ne valait rien à ses yeux.

-Je t'ai préparé à manger. On peut manger tous les deux?

Sa voix était suppliante, comme s'il était prêt à se mettre à genoux pour ne pas que l'autre ne s'éloigne de lui ; et, en effet, il aurait pu si son aimé lui avait demandé. Rien que pour un regard, une caresse. Parce que l'amour rend idiot et fait tourner le monde entier autour d'une seule âme, parce que des yeux sombres peuvent ensorceler un corps plus que ne le pourra jamais aucune magie, parce qu'il était esclave des sentiments qui l'enchaînait à l'autre.

-Pas besoin, j'ai dîné sur la route avec des collègues.

Jalousie, amie de toujours, irradia son être un instant avant que Namjoon ne soupire longuement. Un lourd silence s'abattit sur la pièce comme une chape de plomb, puis le plus grand enleva calmement son manteau avant de partir en direction de la chambre.

L'autre retint ses larmes à grand peine, puis afficha un sourire forcé

-Pas grave, je n'avais pas très faim de toute façon..

Les bruits de pas secs et tranchants transpercèrent le coeur de Namjoon encore, rejoignant les mille blessures qui le décorait déjà.

-Hyung... je t'aime.

-Demain tu iras faire les courses, merci. Bonne nuit.

Puis SeokJin laissa Namjoon dans le noir, le froid, la faim et le silence. Le ventre de ce dernier gargouilla bruyamment.

Il secoua la tête, puis partit également se coucher.

Lui vint alors une pensée sournoise et malsaine, d'un noir d'encre de Chine, ineffacable, tachant sa pensée et souillant sa raison.

Le début de la fin. Du cataclysme. De la destruction.

Je dois perdre du poids.

L'amour détruit les âmes aussi bien qu'il les fait naître. L'amour est un poison toxique et immortel qui ne meurt jamais, mais parfois s'en va en ne laissant que des traces douloureuses.
L'amour est aveugle et idiot, pour l'unique raison qu'il est si beau qu'on devient face à soi le plus beau des menteurs dès qu'on parle d'en finir, parce qu'il fait battre les coeurs, parce qu'il est délicieux, parce tout le monde s'en enivre et que personne n'en est jamais repu. Parce que les gens préfèrent vivre mille tortures plutôt que de briser leur coeur.

*Hyung : utilisé par les garçons pour désigner un homme plus âgé dont ils sont proches, littéralement "grand frère".