Trente et Unième Éclat

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La bande de tissu se resserra sur ses paupières closes et il ne put s'empêcher de se mettre à trembler aussitôt.

-  Chut, calme-toi mon cœur, tu me fais confiance ?

La voix de Jimin le calma immédiatement et il se força : expirer, inspirer, expirer, inspirer. Expulser tout l'air de ses poumons avant de les remplir à bloc. Se concentrer sur la chaleur de la main de son amant sur son épaule, et rien d'autre.

L'autre le poussa légèrement, et le fit rentrer dans une voiture. Son angoisse monta d'un cran. Il était effrayé, imaginant tout et n'importe quoi, et seule la paume brulante qui caressait lascivement son avant-bras l'empêchait de se plonger dans la folie et la paranoïa. Ils roulèrent quelques minutes, puis il dut sortir de la voiture, monter trois marches. Finalement, après un bruit métallique difficilement identifiable ils s'arrêtèrent. C'était l'inconnu total, le flou pour Namjoon.

Il haïssait les surprises. Sérieusement, qui aime qu'on prépare des choses à son insu, alors que ça peut en plus ne pas lui plaire ? Pourquoi devrait-il subir cette montagne de stress pour un cadeau à la noix ? Putain, il avait juste envie de s'arracher ce foutu bandeau des yeux et de partir en courant. Mais non, il restait là, planté comme un con. La machine se mit en marche et il faillit tomber en avant, retenu par un bras musclé. L'odeur de vanille, de poudre, de maquillage, d'homme, cette effluve-là lui transperça les narines et il cessa de penser à toutes ces choses négatives qui avaient submergé son esprit. Comme si le rouquin avait deviné ce qui se passait dans sa tête. Oui, son rouquin avait un effet apaisant, un effet médicament.

Le « ding ! » caractéristique retentit et la tête d'orange le tira hors du petit espace : il le tira sur quelques mètres, ouvrit une porte difficilement, le fit avancer encore puis repartit fermer ladite porte.

Lentement, il dénoua le tissu et les yeux de Namjoon se retrouvèrent libres. Il papillonna des yeux, clignant plusieurs fois, aveuglé par la lumière qui lui parvint alors.

Ils se trouvaient dans une pièce vide. Un sol classique, un faux parquet, des murs blancs à la peinture visiblement un peu abîmée, une tache d'humidité sur le coin droit du plafond, un vieux lustre pendouillant sinistrement au beau milieu de ce dernier, un fauteuil sale et un peu défoncé gisant dans un coin de la pièce. Derrière lui une sorte d'entrée, cette pièce un peu surélevée de manière à laisser ses chaussures dans cette petite entrée.  A sa gauche, une encadrure de porte, laissant apercevoir une autre pièce, un peu plus petite.

Il haussa les sourcils, ne comprenant pas ce qu'ils foutaient dans un appartement vide.

- Jimin, je-

Il réalisa soudain. Il se retourna vers son petit-ami qui le regardait, un léger sourire crispé aux lèvres, les yeux emplis de larmes.

- Ça te plait ?

Il hocha lentement la tête, lui aussi ému, et réalisant à peine ce qui venait de se passer. Jimin lui sauta dans ses bras, s'accrochant à lui comme un koala, lui coupant le souffle. De part sa maigreur encore importante, il était faible, et du se retenir au mur et s'écrouler dans le siège d'un kaki atroce, essoufflé.

- Jimin, je... C'est tellement beau, j'arrive pas à y croire.

- Tu te rends compte, on va enfin avoir un vrai chez-nous !!!

Ce n'était pas juste un appartement. C'était une nouvelle page, une vraie page blanche, c'était un avenir. Alors oui, un petit avenir un peu décrépi, avec des taches d'humidité sur le plafond, mais un avenir quand même. C'était un endroit rien qu'à eux, un endroit où ils étaient libres, protégés.

- Bordel mon cœur j'arrive pas à y croire ! C'est la plus belle surprise qu'on m'ait jamais faite.

Ces mots, murmurés, firent pleurer Jimin. Même si habituellement c'était terriblement pénible de sentir son dos se secouer par à-coups réguliers, cette fois ci, ils savaient que les larmes qui coulaient n'était qu'une expression de trop-plein de bonheur, une manifestation de la joie intense qui les secouait tous les deux.

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