Chapitre 30

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Perdu, ses lèvres se détachent des miennes tandis que son regard enfiévré me dévore le visage. Ma gorge est soudainement sèche, mon cœur bas à cent à l'heure. Que s'est-il passé ?

Avec fracas, la porte boisée s'ouvre à la volée sur David. On se sépare presque automatiquement, tout d'un coup gêné.

— J'ai donc trouvé une idée mes chers camarades !

Je baisse les yeux, les mains moites et le cœur tambourinant toujours dans ma poitrine. Est-ce la peur de ce qui m'attends aux mains de ce geôlier ? Ou est-ce à cause de lui ? Quelque part, la réponse se fraye un chemin dans mon esprit, mais je préfère la refouler. Pas encore. Je ne suis pas prête.

— Et que comptez-vous faire ? demande Ugo en ricanant.

Il ne semble pas avoir été tant chamboulé que ça par ce qu'il vient de se passer. Il continue sans cesse de brimer nos potentiels meurtriers...

— Oh, mais je ne compte pas te le dire petit gredin ! Par contre... vous me serez utile. Tous les deux. Allez ! ordonne-t-il aux deux hommes derrière lui.

Ceux-ci s'exécutent et s'approchent dangereusement de nous avec des sacs de patate dans les mains. Affolée, j'oublie momentanément le baiser et mon soit-disant sentiment pour me concentrer sur la suite.

Les deux malotrus nous bâillonne et nous aveugle avant de nous relever brutalement.

— Conduisez-les dehors !

J'entends sa voix d'une manière étouffée pendant que l'on me fait avancer sans ménagement. Une douce lumière éclaire le sac qui m'obstrue la vue pendant que je sens les feuilles crépiter sous mes pas.

Ils nous arrêtent d'un coup. Je tends l'oreille, entendant leurs bruits de pas, des claquements de portières et des bruits métalliques. Actuellement dehors et mon ventre émettant un gargouillement audible, je suggère que l'on soit en fin d'après-midi. Ils vont nous emmener quelque part. Mon cœur s'accélère. Où ? Que vont-ils nous faire ? J'ai peur.

— Mettez-les à l'arrière de la camionnette ! ordonne David Perkins en passant à côté de moi.

Je sens leurs mains rudes nous accompagner vers le véhicule tandis qu'ils nous y balancent sans ménagement. Les portes se referment avec un bruit sourd, nous plongeant dans le noir. Dans l'incapacité de parler, je ne peux pas même pas débattre de ce qu'il nous attends avec le jeune homme.

La peur me noue le ventre.

L'angoisse me donne envie de pleurer.

***

On se tient debout depuis sans doute plus de 30 minutes. J'ai mal aux mollets et au dos. Rester immobile dans le silence me fait plus froid dans le dos que d'entendre la voix rauque de David nous annoncer que l'on doit attendre sagement.

Je ne sais pas ce que nous faisons ici. Sommes nous sur une terre aride ? Dans l'herbe ? Près d'un ruisseau ? D'une maison ? Rien ne me l'indique. Je sens juste la présence d'Ugo à mes côtés, ce qui me rassure.

— Elle ne devrait pas tarder, annonce David de sa voix froide.

Elle ? De qui parle-t-il ? Serait-il à la solde de quelqu'un ? Que nous réserve-t-il ? Les mains nouées derrière mon dos, je serre les poings sous la terreur. Je sens alors un carré dans la poche arrière de mon jean. Mon portable !

Un crissement de pneus, une portière claquée et des bruits de pas m'indique qu'Elle est arrivée. Je sens l'épaule d'Ugo frôler la mienne. C'est comme s'il sentait que la pression montait au sein de mon petit corps et qu'il tentait de me rassurer.

Le RanchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant