Chapitre 9: Le passé... lumière du présent

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Bonsoir... Voici un deuxième chapitre, car je sais ce que ça fait d'être maintenue en attente. L'une de mes lectrices m'a écris en privé, et c'est pour lui dire merci que j'ai tenu à publier deux chapitres ce dimanche. Je sais qu'elle se reconnaîtra.
Bon dimanche... Que le seigneur vous garde.


Avec la discrétion qui la caractérisait, Assour, la servante de la princesse sorti et revint avec un drap dont elle recouvra la nudité de la jeune inconnue. Qui sans prêter attention continua à pleurer le visage enfouis dans le coup de la princesse.

-Oh votre majesté si seulement vous pouviez voir ces blessures qui zèbre le dos de cette si jeune enfant...Qui peut donc ainsi traiter une fleure à peine éclot. Il est évident qu'elle vient à peine de quitter l'inconscience de l'adolescence... Elle semble si affai...blie. Les dernières syllabes ne parvinrent à franchir le seuil de ses lèvres étouffées par un sanglot.

Sanae eut un petit pincement au cœur, face à ce rappel involontaire de son handicap. La tristesse vint recouvrir les traits magnifiquement dessiné de son visage déjà couvert de larme
-Votre altesse je...

- Ce n'est rien Assour, dit-elle en la coupant. D'une voix douce mais ferme, même si je ne peux voir les blessures de son corps celles de son âmes me sautent aux yeux... Prépare ma chambre, je préfère qu'elle soit près de moi pour prendre soin d'elle.

-Mais votre majesté on ne connait même pas qui elle est. Si elle est dans cette pièce c'est qu'elle doit être une... invité du roi. dit-t-elle, après avoir longuement cherché le mot adéquat, même si elle savait que c'était loin d'être le cas... Ce petit être devait certainement être la nouvelle distraction de leur majesté.

-Que propose tu donc Assour... On tourne le dos, on referme cette porte, toi tu retourne aux cuisines et moi dans mes appartements ? et ensuite... Qu'on fasse comme ci de rien n'était. Je suis désolée mais je m'y refuse. La plus grande faiblesse c'est de ne pas essayer. Et je suis fatigué d'être faible, de faire comme si tout allait bien, de sourire alors que mon âme pleure, de fermer les yeux et de me taire dans ce silence complice. Si c'est un crime que de porter assistance à une femme qui souffre dans sa chair et son âme alors qu'on me passe au gibet. Et s'il le faut je m'opposerai pour une fois à mon Roi.

Sa voix trahissait une froide détermination qu'Assour le l'aurait jamais cru capable.

La princesse Sanae était une jeune femme de nature douce et délicate, sensible et effacé, qui n'élevait presque jamais la voix, tout le contraire de son frère.

Elle avait le tempérament d'une rose dépourvu d'épine, ce qui poussait tout le monde à se plier en quatre pour elle sans qu'elle ait besoin d'élever la voix.

Fille ainé du roi de L'Emirat d'Idlib, elle avait perdu la vu lors d'un tragique accident qui lui avait coûté bien plus que la vu... Sa tendre mère y avait laissé la vie. Dés lors elle avait vécu en reclusion totale. Ne sortant presque jamais du palais sauf pour ses visites médicales. Son père, répugnait son handicap et ne voulant être la risée de personne avait fait du palais un prison pour sa fille. Au point où les suspicions allant bon train, certain parmi les gens du peuples la disait morte.

Elle avait accepté son handicap avec courage comme l'exigeait son père. Ce dernier ne tolérait pas la moindre manifestation de faiblesse de la part de sa proginiture. Dignité en toute chose, comme lui avait enseigné son défunt père...

Mais son petit frère était celui qui avait le plus souffert des manières caractérielles de leur père. Il avait fait du petit garçon plein d'entrain et de bonté qu'il était, un homme austère, sombre, crains de tous et dont les agissements oscillaient à la limite de la cruauté.

Il avait fait de lui un véritable Despote.

Qui repoussait tous ceux qui l'approchait comme s'il était le mal incarné... Elle vivait avec la peur qu'il se retrouve inexorablement seul.

Au début de sa cécité, elle avait eu du mal à l'accepté, mais elle avait finit par offrir son handicap à Allah en échange de la conversion de son frère... Mais chaque jour qui passait l'éloignait un peu plus de ses espérances.... Il agissait comme un homme qui se croit tout permis. Pourtant avec elle il faisait preuve de gentillesse, il prenait soin d'elle avec une patience admirable. Peut être parce qu'il partageait un lien au-delà du sang.

Mais elle voulait qu'il soit ainsi avec son peuple, et pas seulement avec elle. Il était davantage craint qu'aimer. Et elle craignait qu'un jour se peuple se soulève, fatigué d'être bafoué et de vivre sous le joug de la terreur entretenu par une justice arbitraire, fluctuant selon l'humeur d'un seul Homme...

Il avait apporté à son pays la prospérité économique certes, mais en échange il bafouait les droits de l'homme, muselait la presse, tout article satyrique contre lui était censuré, les auteurs jetés en prison.

La presse étrangère l'appelait le Leviathan Arabe.

Dès son accession au trône la situation sociale avait basculé de mal à intolérable, surtout en ce qui concernait les droit des travailleurs étrangers, privé du droit de grève, surexploité par des patrons véreux et que dire de celui des femmes...

Celles d'entre elles qui étaient victimes de viol et de violence ne recevaient pas la protection dont elle avait besoin. Leur bourreau ne recevait pas le châtiment dû.

L'éducation était certes gratuite mais très peu de jeune fille y avait accès, et le gouvernement ne faisait rien pour y remédier. Celles qui étaient autorisées à travailler recevaient un traitement salarial inférieur à ceux de leur collègue hommes.

Sans ignorer la trafique de femme qui allait crescendo, aux yeux et au su de tous, chacun faisant la politique de l'autruche, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Mais que faire, lorsque le plus privilégié des hommes s'y livrait... En outre les sphères du pouvoir étaient interdites aux femmes, la liberté d'expression refusée. Elles étaient tout simplement muselées.

Malgré les efforts qu'elle avait déployé pour attirer l'attention du Roi, Sanae avait toujours fait face à l'indifférence de ce dernier, qui ne semblait nullement s'en soucier de l'opinion d'une femme, elle était peut être de son sang mais à ses yeux elle n'était qu'une femme. Il était proche l'un de l'autre autant que pouvait l'être des jumeaux.

Un mur aussi épais et désolant que celui de Berlin les séparait.

L'ESCLAVE DU CHEIKH.Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz