𝐀𝐝𝐨𝐧𝐢𝐬 | K.Taehyung

『2』

Thunder

NAHEE

Il y a des fois où l'on a bel et bien l'impression que la réalité a décidé de s'enfuir pour laisser place à un rêve totalement conscient en plein jour. C'est ce genre de moment où l'on pourrait croire à toutes ces histoires mirobolantes de magie et de surnaturel car seuls ces termes pourraient décrire ce que l'on voit en face de soit. Car la réalité est bien trop faible pour pouvoir expliquer la divinité qui se trouve en face de moi. 

Des cheveux bruns légèrement ébouriffés dont les mèches tombent sur des yeux argentés glacials, une peau laiteuse sans défauts, une stature habillée subtilement de noir et une aura si mystérieuse et sombre à la fois que l'on pourrait bien s'avancer pour y plonger tout en sachant qu'au fond du gouffre se trouve l'Enfer. 

C'est ce que je ressens quand je vois ce garçon qui se tient au milieu de ce couloir vide d'âmes. Son regard transperçant me fixe et ne bouge pas de ma personne, à un tel point que je me sens étouffer sous le poids écrasant de sa présence. Pourquoi ne puis-je pas détacher mes yeux des siens, si captivants et électrisants ? 

Automatiquement, je déglutis et ses yeux viennent suivre le mouvement de ma gorge avant de retourner sur mon visage surement figé par la surprise que cet individu constitue. Je n'ose même pas bouger et je n'aime pas du tout cette sensation d'être aussi vulnérable face à un inconnu. 

Lentement, il s'approche. Ses pas sont félins, il ne fait même pas de bruit quand il marche: comme s'il flottait. Une sorte d'apparition, un mirage dont la simple existence serait une légende qu'on raconte aux enfants. 

Il faut peu de temps pour qu'il se tienne en face de moi. Il me regarde de toute sa hauteur, toujours sans rien dire et je dois avouer que plus ce silence s'allonge, plus j'ai l'impression d'étouffer sous la pression qu'il me met sur les épaules. Qui est ce type ? 

Il s'accroupit afin que ses yeux soient alignés aux miens, les pans de son long manteau noir se mettant à frôler le carrelage du couloir en un bruit subtile mais qui chatouille mes oreilles. C'est comme si tout mes sens s'étaient éveillés un peu plus à son approche. 

Sa main se lève et je me surprends à capter le moindre de ses mouvements, comme totalement soumise à ses gestes. Une simple respiration de sa part m'oblige à me tendre. 

Ses doigts s'approchent de moi, de ma gorge et quand je sens la froideur de sa peau contre la mienne, un frisson parcours l'entièreté de mon minable corps immobile. Il dévale lentement la longueur de mon cou. Et c'est là que je vois que lui-même semble captivé par le phénomène qui se produit en cet instant. 

— Taehyung. 

Nous sursautons à deux alors qu'il retire sa main comme si elle avait été électrocutée. Je vois sa mâchoire tressauter pendant qu'il se remet complètement debout. En même temps nous tournons la tête vers la source de la voix. J'écarquille les yeux en voyant qu'une bande de six garçons se trouvent à l'autre bout du couloir. Ils ont tous l'air affreusement tendus, à me fixer comme si j'étais une bête de foire. Seul l'un d'entre eux, alors que ciel s'assombrit d'une manière impressionnante, regarde le si captivant brun. 

Il reste silencieux un moment tandis que l'obscurité s'empare du couloir. Il prend un air pensif, ses yeux glissant finalement sur moi. Comme une lame, je sens la froideur contre ma peau quand son regard se fixe sur ma personne. 

Il ne dit rien. D'ailleurs, aucun son ne vient briser le silence de cet endroit. C'est comme si ce moment était hors du temps, enfermé dans une bulle divine.

Finalement, le garçon qui a interpellé le dénommé Taehyung reporte son attention sur ce dernier, gardant un air curieux sur le visage. 

— Taehyung. On y va. 

Mes yeux se tournent directement vers l'interpellé qui fixe l'autre garçon. Son regard me fait froid dans le dos, on dirait qu'il va lui arracher la tête. Je déglutis une nouvelle fois et cette action pourtant si discrète attire l'attention du brun qui se tourne vers moi. Ses yeux où la froideur régnait jusque là se fait légèrement plus aimable mais finalement, il me lâche du regard pour se mettre à marcher vers la bande qui continue à me fixer comme si j'avais une deuxième tête. 

En voyant que son camarade lui obéit, celui qui parle depuis tout à l'heure se retourne et marche dans la direction opposée à la mienne. Ses acolytes ne tardent pas à le suivre et soudain, un éclair fend le ciel et me fait fermer les yeux par la stupeur. 

Quand je rouvre les yeux, ils ne sont plus là.