Mister Moony and the girl

Chapitre 2 : Passager clandestin

Les lumières du train entier commencèrent à trembloter, puis s'éteignirent complètement, ne laissant que les rayons de la lune pour se repérer.

oOOo

Plongé dans le noir, le train n'était plus aussi accueillant. Un frisson parcourut le dos de Lou. Dû au froid ou à la peur qui la gagnaient peu à peu, elle ne saurait dire ; mais une chose était sure, il faisait anormalement froid. Du givre apparut sur la vitre du wagon. Des volutes de buée s'échappaient maintenant de la bouche de Lou à chacune de ses expirations. Ses yeux, pétillants de malice, se voilèrent de tristesse et de peur. Quelque chose en elle se brisa, comme si elle n'allait plus jamais rire. Lorsque le givre eut totalement recouvert la vitre, une forte secousse fit trembler tout le train, projetant Lou contre la vitre. Elle se cogna la tête et une goutte de sang perla sur son arcade gauche. Elle ne prêta aucune attention à la chaleur que laissait le sang qui coulait à présent sur sa joue. Aucun bruit ne se faisait entendre, pas même à l'extérieur, comme si le train était pétrifié par ce qui venait de monter dans le Poudlard Express.

Plaquée contre la fenêtre, Lou respirait lentement, tentant de contrôler la panique qui l'envahissait à mesure que les minutes passaient. Tout d'un coup, une ombre se dessina devant ses yeux. Elle était immense et flottait dans les airs, tel un fantôme. Ce fantôme portait une longue cape noire lui recouvrant le visage. Elle ne put voir clairement la silhouette qui se tenait dans le couloir derrière la porte, mais elle ne l'oublierait jamais, cette peur qu'elle ressentit lorsqu'une main désarticulée et osseuse ouvrit le compartiment.

Lou ne remarqua même pas que l'homme, alors endormi, venait de se réveiller et avait mis son bras devant elle comme pour la protéger.

- Ne bougez surtout pas...

La voix de l'homme, grave et aussi discrète que possible, lui parvient à ses oreilles. Elle ne détourna pas pour autant les yeux de la créature qui se trouvait maintenant dans l'encadrement de la porte, un trou béant à la place de la bouche. Une respiration puissante venant d'outre-tombe résonnait dans la pièce. La créature semblait humer l'air à la recherche de quelque chose, ou quelqu'un. La vue de la jeune fille commença à se brouiller et la tête lui tourna. L'homme le remarqua et lui attrapa le bras. Une douleur intense se propagea dans son crâne, si forte que Lou dut se retenir de hurler. La tête entre les mains, elle ouvrit la bouche mais pas un son n'en sortit. Les larmes commencèrent à rouler sur ses joues et tachèrent son jean. La créature tendait maintenant sa main vers la jeune fille qui se sentait vaciller à mesure qu'elle approchait. À cet instant, l'homme se leva avec l'agilité d'un félin et brandit sa baguette. Un jet de lumière aveuglant s'en dégagea, faisant fuir la créature hors du train. La tête toujours entre les mains, Lou tomba sur le fauteuil, inconsciente.

***

- Ah, vous revoilà parmi nous.

- Mmm... grommela Lou, toute vaseuse.

L'homme l'aida à se relever et s'assoir convenablement. Sa tête la faisait horriblement souffrir mais la sensation de mal-être qu'elle avait ressenti quelques instants plus tôt s'était dissipée.

- Comment vous sentez-vous ? lui demanda l'homme avec douceur.

- J'ai mal à la tête, mais sinon, je crois que ça va, avoua Lou en se massant les tempes.

- Tenez, mangez, ça vous fera du bien. Un petit sourire bienveillant aux lèvres, l'homme assit en face d'elle lui tendit un morceau de chocolat. Elle le prit timidement du bout des doigts et croqua dedans.

- Merci monsieur. Je peux vous poser une question ?

- Je vous en prie.

- Qu'est-ce que c'était, dit-elle tout en montrant du menton la porte du compartiment.

- C'était un Détraqueur. Un gardien d'Azkaban. Il est parti maintenant. Il fouillait le train à la recherche de Sirius Black.

Lou ne répondit rien et croqua de nouveau dans le morceau de chocolat qui, étonnement, lui fit le plus grand bien.

- Vous vous êtes blessée ?

- Je ne crois pas non, pourquoi ?

- Vous saignez, juste ici, dit l'homme en montrant du doigt son arcade gauche pleine de sang.

Lou, qui n'avait pas fait attention, porta la main au niveau de sa blessure et sentit en effet qu'elle saignait. L'homme sortit un morceau de tissu de la poche intérieur de son costume. Ce dernier était démodé et bon marché, mais bien conservé et de couleur marron foncé. Il approcha le tissu de sa blessure et appuya délicatement dessus pour essuyer le sang. Penché vers elle, Lou eut tout le temps d'observer l'homme qui lui avait servi de modèle pour son dessin. Il avait les cheveux fins et châtains, une mèche tombant sur son front. De beaux yeux bleu clair tranchaient avec la pâleur de son visage fatigué au teint maladif. Des cernes se trouvaient aux coins de ses yeux, accentuant encore plus son air fatigué. Une petite moustache bien taillée ornait sa bouche. Elle remarqua par la suite que son visage était barré de deux longues cicatrices, partant du côté gauche de son front jusqu'au côté droit de son menton. Une pointe de curiosité germa dans son esprit, mais aussi de la peine pour cet homme apparement si gentil marqué de la sorte. Ce dernier, qui se souvint-elle s'appelait R.J Lupin, dut remarquer que son regard s'attardait sur ses cicatrices car un voile de tristesse enveloppa son regard. Il se recula et lui tendit avec un sourire le tissu.

- Je vous pris de m'excuser, je dois aller dire quelques mots au conducteur.

Elle lui rendit son sourire et replaça le tissu sur sa blessure.

- Mangez, dit-il en montrant le morceau de chocolat à peine entamé que tenait Lou, ça vous requinquera. Puis il s'éloigna.

« Mais qu'est-ce que tu peux être stupide Lou, on ne t'a jamais dit que c'était mal élevé de dévisager les gens comme ça ? ». Elle se maudit intérieurement et se promit de s'excuser la prochaine fois qu'elle verrait ce R.J Lupin, « si jamais je le revois ».