Chapitre 15 : Rapprochement

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Être plus âgée, plus intelligente, plus jolie, mystérieuse et originale sont les critères parfaits que pouvait regrouper une seule et même personne pour que l'on s'en prenne à elle dans un endroit rempli d'adolescents sans cervelle.

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Ses côtes le faisaient souffrir, tout comme sa pommette gauche.  Il avait pris un sacré coup par le leader pensait-il. Lupin, allongé dans le lit près de son élève, respirait en silence, le souffle court. La tête lui tournait et il lui semblait qu'elle était sur le point d'exploser. En se relevant silencieusement, un hoquet de douleur lui échappa. La main droite sur sa blessure, haletant, il regarda par dessus son épaule et vit les épaules de son élève, toujours dos à lui, se lever et s'abaisser à un rythme régulier. Lou dormait toujours. D'une main, il enleva la couverture de dessus ses jambes et se mit debout. Il regarda autour de lui et aperçut un peu plus loin l'évier de la cuisine. Il avança en sa direction, mais plus il faisait de pas, et plus la tête lui tournait. « C'était une mauvaise idée... ». Avant qu'il n'ait pu finir sa phrase, il sentit ses jambes se dérober sous lui. Il s'appuya de justesse sur le rebord de la petite table près de lui, mais ses bras faibles et endoloris lui firent défaut et il tomba lourdement sur le sol.

Alertée par le bruit sourd, Lou se releva précipitamment et s'aperçut que son enseignant n'était plus à côté d'elle.

- Professeur ?! demanda-t-elle, inquiète.

- Je... je suis désolé. Je ne voulais pas vous réveiller, s'excusa-t-il en s'adossant à un des pieds de la table, le visage crispé par la douleur.

Lou sortit du lit et aperçut son professeur devant celui ci, dans le coin qui servait de cuisine.

- Qu'est ce qui s'est passé ? Sa voix était douce, mais Lupin remarqua de l'inquiétude.

- J'ai la tête qui tourne, répondit-il. J'ai voulu me lever pour boire un peu d'eau, mais j'avoue que ce n'était pas la meilleure chose à faire, admit-il tout penaud.

- En effet, vous auriez du me réveiller, je serais allée vous chercher un verre. Vous n'auriez pas dû vous lever monsieur, pas dans votre état.

- Je tâcherai de m'en souvenir la prochaine fois que j'ai la tête qui tourne, dit-il en riant un peu.

Rassurée, Lou lui fit un sourire timide et l'aida à se relever. Il était lourd, et toujours aussi brulant, ce qui l'inquiéta de nouveau. Un bras autour de ses hanches, l'autre sur celui qu'il avait passé autour de ses épaules, Lou l'aida à retourner au lit et l'y installa avec le plus de douceur possible.

- Merci, souffla-t-il, un sourire triste aux lèvres.

Un petit sourire apparut sur le visage de son élève, et Lupin la regarda s'éloigner, fouiller dans sa robe de sorcière et revenir vers lui avec sa baguette. Lou alla du côté du lit où était son professeur et s'assit près de lui. « Lumos ». Une faible lumière apparut au bout de la baguette de la jeune fille qu'elle pointa vers le visage de Lupin. Ce dernier, un sourcil arqué, lui demanda alors :

- Que faites-vous, Miss Peterson ?

- Je surveille vos yeux, professeur.

- Pardon ? lâcha Lupin, surpris.

- Je veux dire... vous avez peut-être de la fièvre, alors je regarde si vous avez les yeux brillants ou rougis, à cause de la fièvre.

Elle joignit ses paroles à un geste de sa main qui vint se poser sur le front du professeur Lupin, toujours aussi surpris. La douceur et la chaleur de sa peau contre son front l'apaisèrent instantanément, et il ferma les yeux. Lou le remarqua mais ne dit rien. Ils restèrent comme cela quelques secondes, lui savourant ce tendre contact, elle en  profitant pour le regarder, vraiment. Ses longs cils, sa moustache délicate, ses cicatrices... Puis, elle retira sa main. Lupin ouvrit les yeux, qui croisèrent ceux de son élève assise en face de lui. Il savait qu'il n'avait pas de fièvre, que c'était dû à sa « condition », mais il ne pouvait pas le lui dire.

Leurs visages n'étaient qu'à une trentaine de centimètres l'un de l'autre. C'était vraiment trop peu entre un professeur et son élève, mais cela ne semblait pas la gêner. Ils se regardèrent simplement, comme si rien ne pouvait perturber ce moment, intense, particulier. Ce fut Lou qui mit fin à cet instant alors qu'elle sentait le rouge lui monter aux joues. Elle détourna le regard, gênée d'avoir regardé de cette façon son professeur, et gênée d'avoir été elle aussi au centre de l'attention de ce dernier. Elle se leva, lui apporta un verre d'eau qu'elle posa sur la table de nuit, et retourna se mettre sous la couette. Un lourd silence s'installa alors dans le petit appartement. Avec difficulté, Lupin s'allongea et s'endormit enfin, l'épuisement le rattrapant au galop.

***

Un petit couinement tira Lupin de son sommeil. Près de lui, il put sentir son élève s'agiter. En effet, Lou faisait un cauchemar, un horrible cauchemar. Le leader était sur elle, plaquée au sol. Ses mains se baladant sur son corps quasiment nu, lui riant au nez comme si elle n'était que son jouet. Elle tenta de le repousser, mais rien ne se passa. Elle ne put pas bouger et sentit que ce qu'il s'apprêta à lui faire serait douloureux, et répugnant.

« Miss Peterson, réveillez-vous, ce n'est qu'un cauchemar ». Pas de réaction. Après deux ou trois autres tentatives pour la réveiller, toujours aucune réaction de la part de la rousse qui continuait de s'agiter et de balbutier des paroles inaudibles dans son sommeil. Tournant légèrement son torse vers elle, Lupin approcha lentement sa main droite au dessus de son élève. Incertain, et étant persuadé que cela lui retomberait dessus un de ces jours, il posa sa main sur sa hanche et lui parla doucement pour la rassurer. Cela sembla fonctionner puisque Lou se calma petit à petit, son sommeil étant agité de moins en moins. Puis, quelque chose auquel Lupin ne s'attendait pas se produit. Toujours endormie, Lou se retourna et se rapprocha de lui. Interdit et ne sachant quoi faire, Lupin se recoucha complètement et la tête de son élève vient se caler sur son torse, juste en dessous de sa clavicule. Son bras gauche passa alors par dessus les couvertures et sa petite main vint se caler sur ses pectoraux. Étant torse nu, un frisson le parcourut alors qu'il sent la chaleur dégagée par son élève l'envahir peu à peu. « Qu'est ce que suis censé faire dans un moment pareil... » pensa-t-il, les yeux écarquillés, alors qu'il sentit son élève se coller un encore un peu plus à lui avant de s'arrêter et de se rendormir profondément. N'osant pas bouger, le professeur de Défense contre les forces du Mal se concentra sur la respiration de celle qui dormait, à moitié sur lui. Elle était calme et rythmée, signe que ses songes étaient paisibles. S'abandonnant à son étreinte, à cette tendresse inespérée de la part d'une femme, Lupin caressa délicatement les boucles rousses senteur amande de son élève, et s'endormit à son tour après un moment.

***

Tous deux restèrent enlacés tout au long de la nuit, ne bougeant que pour se caler un peu plus contre l'autre ou s'étreindre avec tendresse. Vers cinq heures du matin, Lou se réveilla la première, une chaleur apaisante contre son dos. Brusquement, elle ouvrit les yeux et remarqua qu'elle était en cuillère, son professeur collé à elle. Les doigts de sa mains étaient enlacés avec les siens, contre son propre sternum. Elle put sentir le bras puissant de Lupin contre son ventre, le soulevant alors qu'elle respirait de plus en plus vite. Qu'est ce qui s'était passé cette nuit ? Comment avaient-ils pu se retrouver dans cette position ? Elle força sa mémoire à revenir et se vit alors enlacée avec son professeur, environ une ou deux heures après l'incident dans la cuisine. Heureusement, ils n'avaient rien fait de mal. Mais au yeux de certains, enfin la plupart des gens, qu'ils aient dormi toute la nuit ainsi, alors qu'elle était son élève et lui son professeur, était une chose abominable qui méritait le renvoi. Étrangement, Lou n'en fit rien. Elle ne pouvait pas se voiler la face plus longtemps. Elle appréciait, beaucoup, son professeur de Défense contre les forces du mal. C'était mal, mais elle s'en fichait. Et la façon dont il la tenait actuellement la laissait espérer que c'était un sentiment réciproque. Elle cala un peu plus son dos contre le torse de son professeur et se rendormit, les rayons du jour encore loin et le souffle chaud de l'homme  dans son cou la rassurant.

Mister Moony and the girlWhere stories live. Discover now