Chapitre 13 : Combat

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Perdu dans le souvenir de leur danse lors du bal de Noel, il ne se rendit pas compte que des yeux en face de lui le regardaient dans la nuit.

oOOo

Les six hommes se tenaient au milieu d'une petite place sombre. Seulement deux torches à la flamme vacillante éclairaient l'endroit. Lou était toujours fermement retenue par son agresseur qui lui faisait mal. Le bas de sa robe de sorcière était trempée et elle grelotait de froid. Il était dix-huit heures passées et les cinq petits degrés qui régnaient la faisaient greloter.

Tout contre elle, le sorcier se raidit en une fraction de seconde. Elle chercha vivement du regard ce qui venait de provoquer ce comportement, mais elle ne vit rien. Puis, une petite lueur blanche rasant le sol attira ses yeux maintenant habitués à l'obscurité. « Professeur, j'espère que c'est vous... » pensa-t-elle au plus profond d'elle-même.

- Tu nous a retrouvés, vieillard, tu dois avoir plus de ressources que tu n'en laisses paraitre, lança le leader qui resserra un peu plus son emprise sur sa proie paniquée.

- Ce ne fut pas difficile, vous n'êtes pas très malins pour effacer vos traces, lui répondit Lupin d'une voix appuyée.

- Peut-être qu'on n'avait pas envie de se cacher...

Ces derniers mots prononcés, cinq des sorciers se décalèrent d'un pas et commencèrent chacun leur tour à lancer des sorts en direction de Lupin. Vif et alerte, il fit un pas de côté et évita l'un des sorts, contrant un autre à l'aide d'un sort de protection. « Expelliarmus ! » formula le lycanthrope distinctement. Le jet de lumière toucha en plein buste l'un de ses assaillants qui valdingua un peu plus loin, assommé. « Un de moins » pensa Lou, l'espoir grandissant.

***

Des jets de lumière de couleurs différentes fusaient de tous les côtés. Lupin se battait à la perfection, se protégeant et ripostant au moment opportun. Mais le combat s'éternisait depuis presque un quart d'heure et il commençait sérieusement à fatiguer. Le froid ne le gênait pas, mais il sentait que ses doigts s'engourdissaient à force de serrer sa baguette avec tant d'ardeur pour ne pas la laisser échapper. Le leader quant à lui ne bougeait toujours pas, laissant à ses larbins la dure tache, il devait le reconnaitre, de « foutre une bonne raclée à ce bâtard de professeur de Poudlard ». Il était plutôt impressionné par les resources que cet homme devant lui avait. Il ne l'aurait pas cru un seul instant capable de tenir aussi longtemps contre cinq sorciers, et il se débrouillait plutôt bien, même très bien, en sorcellerie. Il commençait à perdre patience.

Lorsque son dernier sbire encore en lisse s'affala près de lui, une rage folle lui monta au visage et repoussa violemment Lou au sol d'une claque puissante au visage, ce qui lui fendit la lèvre inférieure en deux. Toute tremblante, Lou, après quelques secondes de non réaction remarqua qu'elle venait de perdre sa baguette. Paniquée, elle releva la tête et trouva à quelques mètres d'elle, un Lupin essoufflé, les mains sur les genoux, qui tentait de reprendre son souffle. Ses cheveux collaient à son front transpirant. Sa baguette dans la main droite, il se redressa et se passa une main sur le visage. Dans ses yeux, elle put apercevoir une lueur de détermination, mais surtout de la rage envers l'homme qui se dressait en face de lui. Elle frissonna, ne lui connaissant pas ce côté si, animal. Ce dernier, amusé par la situation, resserra sa prise sur sa baguette, grogna et s'élança vers Lupin. Ce dernier fit de même, tout en lui jetant un sort que Lou ne connaissait pas. Le Serpentard réussit à le contrer et arriva au niveau de Lupin et lui assena un coup de point magistral. Sous le choc, Lupin tomba au sol, face dans la neige, et lâcha sa baguette. À cette vision, Lou tressaillit et se releva, tremblante.

- Professeur, hurla-t-elle à pleins poumons.

Elle n'eut pour réponse qu'un grognement, et les rires de l'assaillant.

- Finalement, un combat au corps à corps, enfin, un seul coup, aura eu raison de ton cher Professeur ma jolie, railla le Serpentard.

Celui-ci, sûr de ses talents de boxeur, tourna les talons et se dirigea, l'air triompha, vers la rousse, les yeux remplis de larmes, sa baguette à la main. Elle était tétanisée, ne sachant quoi faire. Dans sa tête, elle revoyait le dur combat que son professeur venait de livrer pour elle, et elle se demanda si un autre professeur en aurait fait autant pour elle. Lou Peterson, simple élève de Poudlard mal-aimée. Elle se dit que oui, mais n'en fut pas convaincue. Au fond d'elle, elle admirait ce professeur de Défense contre les Forces du Mal, plus qu'elle ne le devait. Non, en fait, elle admirait l'homme. Elle s'en était rendu compte lors du bal de Noël, deux semaines plus tôt. Lou ressentait des choses fortes à l'égard de son professeur, mais ne pouvait pas toutes les nommer. Et le voir ainsi, à terre dans la neige, elle ne pouvait le supporter. Elle voulait le prendre dans ses bras, le serrer fort contre son cœur et le remercier de se soucier d'elle, de la protéger. Mais elle ne pouvait pas, d'une part parce qu'elle était son élève, et que cela ne se faisait pas, d'autre part, parce que son ravisseur revenait dangereusement vers elle.

« Lou... »

C'est tout ce qui flottait dans la tête de Lupin. Rassemblant les forces qui lui restait, il se souleva du sol à l'aide de ses bras, fins mais musclés et puissants, et releva la tête vers sa « protégée ». Car oui, elle était sa protégée maintenant, et intérieurement il se promit à lui même que plus rien ne lui arriverait, tant qu'il serait là. La vision de la mort de la mère de son élève à cause d'un détraqueur, qui plus est alors qu'elle allait accoucher sous peu, son rejet certain par les autres élèves, son intelligence et sa gentillesse envers lui, tout ceci faisait qu'elle méritait mieux que ce qu'elle avait actuellement. Il voulait l'aider, mais il savait que ce n'était pas approprié, que sa relation professeur-élève ne lui permettait pas d'être si proche d'elle, si tant est qu'elle le voulait. « Ressaisis-toi bon sens, c'est ton élève Rémus, comment peux-tu penser des choses de la sorte ?! » se flagella-t-il alors qu'il se remettait sur ces pieds. Il voulait être proche d'elle, plus qu'il ne le devrait de son élève. Mais pour l'heure, il devait mettre fin à ce combat qui n'avait que trop duré.

Debout de nouveau sur ses pieds, un large filet de sang coulant de son nez qui venait se mêler à sa moustache, il jeta un bref regard à son élève qui le dévisageait avec des yeux ronds de surprise. D'une petite voix, elle décida de parler à son ravisseur. Celui-ci s'amusait à la torturer psychologiquement, avant de le faire physiquement. Tout en gardant un œil sur son professeur qui se rapprochait en silence, elle tenta tant bien que mal de capter l'attention du Serpentard sur elle le plus possible, laissant ainsi l'occasion à son protecteur de tenter quelque chose. Ce dernier, dans un vif mouvement vers l'avant qui fit sursauter Lou, se jeta sur le sorcier et le plaqua au sol. Lou s'écarta le plus possible et observa la scène sans qu'elle ne puisse rien faire. Le Serpentard se retrouva sous le poids de Lupin et tenta d'attraper sa baguette, à un bras de lui, vers la jeune femme. Lupin, quant à lui, tenta de le maitriser, mais les gesticulations de la personne sous lui ne l'aidaient en rien. La Gryffondor, voyant que l'homme allait atteindre sa baguette, plongea à son tour dans la neige, en vain. L'homme fut plus rapide qu'elle et formula un sort qu'elle n'entendit pas. Une seconde plus tard, l'homme qui la protégeait vola à un mètre au dessus du sol avant de retomber, inerte.

Le temps s'arrêta pour Lou, tout comme pour Lupin. Une douleur lancinante lui traversa le flanc droit au niveau des côtes, ce qui lui arracha une plainte qu'il ne put retenir.

- J'en ai ma claque de vous deux, fini de jouer !! Grogna le leader en se relevant. Tu vas me donner ce que je veux sale petite trainée de Gryffondor, maintenant !!

S'approchant dangereusement de sa proie, il pointa sa baguette vers elle et entrouvrit la bouche. « Petrificus totalus ». Ce fut le premier sort qui vint à l'esprit de Lou lorsqu'elle retrouva sa baguette, et sans s'en rendre compte, son cerveau avait fait le reste. L'homme en face d'elle se figea et tomba comme une masse dans la neige, la bouche toujours entrouverte dans l'attente d'un sort impardonnable.

Mister Moony and the girlWhere stories live. Discover now