Prologue. Une légende au coin du feu.

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Six cent ans auparavant...

L'hiver était rude en cette époque. La neige était tombée durant la nuit et un brouillard glacé s'était étendue entre les petites masures du village. Même l'éclat de la lune ne parvenait pas à transpercer cette brume étrange.

Dans l'une des vieilles maisons en chaume, un maigre feu de cheminé brûlait. Tout juste de quoi réchauffer la paysanne qui attendait patiemment le retour de son mari, partit aider un bûcheron prisonnier de la neige. Son fils était assis à même le sol et semblait captivé par les flammes. Elle semblait tourmentée, ce qui n'échappa pas à l'enfant :

« Mère, que craignez vous donc tant ?

- Le bûcheron est coincé près du marais.

- Et qu'y a t-il donc dans ce marais qui vous fasse si peur ?

La paysanne, une femme aux rondeurs affriolantes et aux yeux rieurs posa son regard doux sur le petit garçon qui ne devait sûrement pas avoir plus de dix années à ses pieds.

- Rien dont tu ne dois t'approcher mon enfant.

Le petit garda le silence quelques instants et se laissa hypnotiser par la danse des flammes dans l'âtre de la cheminée.

- Vous voulez bien me raconter une histoire ?

Elle hésita quelques instants avant de céder à la demande de son fils :

- Il fut une fois, dans la région voisine, une riche dame qui avait tout pour être heureuse, un mari aimant, une beauté enviée de tous... Malheureusement, il lui était impossible de donner la vie. Elle qui désirait plus que tout avoir un enfant, ne le pouvait. Elle en désespérait. Un jour que son tendre époux était partit guerroyer dans une lointaine contrée, vint un cavalier vêtu d'une cape noir le dissimulant. Il prétendait venir d'Atralean et demanda l'hospitalité à cette riche dame. Celle ci, ayant le cœur bon, ne la lui refusa point, bien que l'homme refusa d'ôter me vêtement qui le dissimulait.

- Et que s'est-il passé alors ?

- Cesse de m'interrompre et tu le sauras. Le vin coulant, la femme finit par confier à l'inconnu ses soucis. Ce dernier lui proposa alors un marché : si la dame acceptait une nuit d'amour avec lui, elle aurait alors autant d'enfant qu'elle le désirerait. Elle accepta, bien trop désireuse de devenir mère. Le contrat fut honoré, et le lendemain, l'homme reprit la route. Peu de temps de plus tard, la femme donna naissance à un magnifique enfant. À son retour, le mari en fut si heureux qu'ils célébrèrent leur amour comme il le convient. Et la famille s'agrandit alors rapidement.

- Mais qui était cet homme ?

La femme baissa la voix et confia :

- On raconte qu'il s'agissait d'un diable ou d'un quelconque démon. Et il venait d'Atralean.

La paysanne esquissa le signe de la croix. Le garçonnet, son plus jeune enfant, semblait attendre patiemment la suite, comme captivé. Pourtant il n'y avait rien de captivant à cette histoire. Si seulement ils avaient pu s'installer plus loin du marais... Cette terre était maudite, la femme en était persuadée. Atralean attirait le malheur sur ceux qui vivaient sur ses berges.

- D'où tenez vous une telle histoire ?

- La femme aurait confié toute cette histoire à un prêtre sur son lit de mort. Le prêtre en aurait alors parlé autour de lui. Mais promets moi une chose, mon agneau : ne va jamais dans le marais.

L'enfant leva ses yeux emplis d'innocence sur sa mère. Malgré lui, il était fasciné par cette histoire. Qui était donc ce cavalier ? Sagissait-il réellement du diable ? Percevant le trouble du petit garçon, la femme grimaça.

- Atralean regorge de malédiction et de démons. Tu n'en ressortirai pas vivant. Si tu venais à pénétrer dans le marais, ton destin serait scellé. Fais en moi la promesse.

- Je le promets mère.

Bien évidemment, le garçon n'avait pas tenu sa promesse. Quelques semaines plus tard, il s'était aventuré là où il n'aurait pas du et était tombé sur la créature la plus cruelle et la plus incroyable qu'il lui était donné de voir. Elle l'avait plongé dans la désolation d'Atralean, l'entrainant dans toutes ses mésaventures. Il connut dès lors, la mort, le sang et la peine. La véritable peine.

Mais tout cela ne viendrait que quelques semaines plus tard. Pour l'instant, la mère serra l'enfant contre son cœur et murmura :

- Tiens ta promesse. Le marais ne t'apportera que malheur Alouan. »

Atralean II - L'enfant Des Marais Perdus Where stories live. Discover now