XXI. Une nuit sous la lune.

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Alouan traînait sans but dans le palais, son livre serré contre sa poitrine. Il était difficile pour lui de se remettre des nouvelles révélations. L'atmosphère s'était considérablement refroidie et pour peu, il avait l'impression de revivre les instants qui avaient précédé l'éveil du Marécage. Quelque chose de mauvais évoluait dans l'air... À moins que ça ne soit en lui. L'enfant tournait en rond depuis des heures et n'avait encore croisé personne. Où diable était la farandole de domestiques et autres petits habitants du palais ? Peut-être avaient-ils également senti l'air devenir plus lourd et avaient craint un nouvel éclat de la part de leur reine. De la fée...

Chassant cette pensé de sa tête, Alouan fit demi-tour en direction de la cuisine, pensant peut-être tomber sur quelqu'un qui pourrait lui expliquer la situation. Pourtant, il ne s'attendait pas à tomber sur Ignea donnant des directives au personnel tout entier assemblé là. Elle était aussi impassible qu'un roc, et son ton était aussi sec qu'à l'accoutumée. Elle semblait maîtriser parfaitement la situation, digne et autoritaire. Une reine... Le petit garçon ne pu s'empêcher de se demander ce qui s'était passé ces dernières heures pour qu'elle retrouve ainsi son calme. C'était assez improbable au vue de sa réaction... et de sa nature. Car les mots du livre tournaient en boucle dans son esprit.

Quand elle l'aperçu, la Dame se tourna vers lui, sourire faux aux lèvres, et congédia la foule. S'asseyant sur une table, elle pencha la tête sur le côté.

« Que puis-je pour toi gamin ?

- Heu...

Elle haussa les sourcils face à son mutisme et ses jambes se mirent à se balancer nonchalamment. Son regard émeraude fixait l'enfant sans ciller ce qui le déstabilisa bien vite pour une fois. Il se mordit l'intérieur de la joue avant de se lancer :

- Comment vas-tu ?

- Comme toujours !

Elle ne se départit pas de son sourire effrayant et il secoua la tête. Bien, à priori, elle semblait ouverte au dialogue sans pourtant réellement vouloir se confier. Alouan tenta le tout pour le tout :

- Et le sieur Marekala ? J'ai entendue dire que tu l'avais convoqué...

- Il est toujours en vie, si c'est ce qui t'inquiète.

- Vraiment ?

Un rire sans joie lui répondit.

- Voyons Al' ! Je n'allais pas le tuer pour si peu...

- Tu en as massacré pour moins que ça !

- Est-ce du reproche que j'entends dans ta voix ?

L'enfant aux yeux blancs se figea. Effectivement, pendant un instant, il reprochait à la si belle Ignea d'être cruelle. C'était insensé ! Peut-être qu'à cause de la découverte concernant sa nature... monstrueuse, il ne lui faisait plus autant confiance. Il s'en voulu instantanément. La Dame d'Atralean l'avait protégé jadis et s'était toujours occupée de lui à sa manière, lui racontant des histoires où l'accueillant dans son palais quand il le fallait. Bien qu'elle soit une fée, elle restait la même ! Son amie. Comprenant ce qui le tourmentait, Ignea secoua la tête et rétorqua :

- Ne te fais pas trop de mourons gamin.

- Je ne me fais pas...

- Si ! Ton cerveau marche à plein régime et tes yeux se sont mis à scintiller, signe que ça creuse dans ta caboche. Mais tu n'as pas de soucis à te faire.

Elle glissa de son perchoir et s'étira. Alouan plissa des yeux et darda sur elle un regard bien trop sérieux pour qu'elle n'y fasse pas attention.

Atralean II - L'enfant Des Marais Perdus Where stories live. Discover now