18. Accoster

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L'avantage d'avoir des amies timbrées c'est qu'on ne voit pas le temps passer. Je suis trop occupée à rire et à me chamailler avec elles sur des ragots sans queue ni tête. Maintenant que je ne suis plus aussi souvent présente qu'avant à cause de la saison et (surtout) de mes pseudo dates avec Idriss et les frenchies, je dois sans cesse répondre de mes actes. Ça commence par des justifications pures et simples et ça se termine par des jets d'oreillers et des insultes affectives.

- J'ai vu ton père avant hier à AB, il m'a demandé de tes nouvelles. Reprend Kat sur un ton accusateur.

- Même ton propre père tu le mets de côté, tu devrais avoir honte, poursuit Maria en jetant le coussin du canapé en ma direction.

- Fermez-là un peu, je le vois tous les dimanches, lui aussi il travaille.

- Ouais si tu veux, moi je veux savoir qui te prend tout ton temps. Avant, même si tu travaillais beaucoup t'étais toujours partante pour un verre. Là c'est silence radio depuis presque trois semaines, S'insurge Kateryna.

Je souffle tout en accélérant ma vitesse de ventilation avec mon journal. Il fait tellement chaud aujourd'hui que nous avons décidé de rester à l'abri du soleil jusqu'à au moins dix sept heures. D'ailleurs, je pose leur exaspération excessive sur le compte de la chaleur. Ce qu'elles peuvent être chiantes quand elles le veulent. Kateryna est la plus « grande gueule », elle ne se prive jamais de faire partager ce qui la gêne. Au moins je ne doute pas de sa sincérité, mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, paraît-il.

Maria, c'est un peu la gentille fille influençable chez qui tout est rose jusqu'à ce que Kat en décide autrement. Elles sont comme deux jumelles, Kat est Alpha et Maria, Bêta.

- Elle a raison, ajoute Maria la bouche pleine de churros.

Qu'est-ce que je disais.

Mais je ne peux pas réellement leur en vouloir. Elles ignorent à peu près tout de ce qui se passe depuis qu'ils sont là. Je pense qu'il est temps de leur en parler, afin d'avoir, moi aussi, les idées claires sur ce sujet. Mais je reste tout de même réticente parce que je les connais. Elles vont tout faire pour accélérer le processus entre Ken et moi. Chez nous on dit : « mieux vaut avoir l'œuf aujourd'hui que la poule demain. » Parfois c'est motivant, mais ce cas là ce serait juste contraignant.

- Bon, posez-vous, il faut que je vous explique. Je souffle en me redressant du canapé.

Kat s'assoit sur le fauteuil et Maria me rejoint. Je leur raconte tout dans les moindres détails, en passant par les échanges glaciaux entre Ken et moi, mon bisou avec Framal, la pseudo compétition avec Cléo et tout ce qui s'en est suivi. Mais impossible d'entamer une phrase sans être coupée.

- Moi je veux voir leur tête, passe leur insta, me coupe Kat.

- J'en sais rien, ils ont tous des noms de scène, super dur à prononcer en plus.

- Comment il s'appelle le chaud lapin, là ?

Je rigole et devine sans difficulté de qui elle parle.

- Ken... Mais tu ne le trouveras pas sous ce nom là j'ai déjà essayé. C'est Nek... quelque chose.

- Nek... quoi ?

- J'sais pas !

- Nek Filippo Neviani ?

- Non !

- On trouvera jamais... Chuchote Maria.

- Il est français non ? Alors on tape Nek... et ensuite France.

Nek...Quoi ?Where stories live. Discover now